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écurité intérieure : Le colonel major Salif Traoré peut-il relever le défi ?
Publié le vendredi 2 octobre 2015  |  Le Pouce
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© aBamako.com par A.S
Conseil des ministres du mercredi 30 septembre 2015
Bamako, le 30 septembre 2015 le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita a présidé le conseil des ministres du mercredi a Koulouba




Nommé à la tête du département de la Sécurité et de la Protection civile en remplacement du Général Sada Samakè, le jeune colonel major Salif Traoré hérite d’un siège éjectable. Peut-il réussir là où son prédécesseur a (presque) échoué, par ces temps d’insécurités grandissantes, préoccupantes et très inquiétantes ?

Le dernier réaménagement ministériel, celui effectué le 24 septembre dernier a placé à la tête du Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, le colonel major Salif Traoré, âgé de 43 ans. Il remplace le Général Sada Samaké dont la gestion à la tête de ce département, a été beaucoup critiquée tant par des députés à l’Assemblée Nationale que par une certaine opinion nationale. De là à penser ou à croire que ces critiques sont à la base de son départ du gouvernement, il n’y a qu’un petit pas que certains n’hésiteront pas à franchir allègrement.

Des résultats en deçà des attentes

IBK avait fait de la question sécuritaire, un point d’honneur s’il avait été élu président de la République. De son élection en 2013 à ce jour, la question sécuritaire reste un sujet préoccupant pour la majorité des populations. En plus de l’insécurité qui prévaut dans les régions du nord et qui est liée au djihad et à la rébellion, il faut noter les nombreux cas de braquages à mains armées, de vols avec effraction dont sont, de plus en plus, victimes les populations qui se demandent si la question de sécurité est prise à bras le corps par les autorités du pays.

A Bamako comme presque partout sur le territoire national, les gens dorment avec un œil ouvert sur leurs biens ; marchent dans la rue – que ce soit de jour comme de nuit – la peur au ventre de se voir attaquer par des inconnus (une attaque s’est produite en plein centre d’auto-gare de Bamako en commune 6 et qui a fait des blessés). A moto ou en voiture, c’est la même appréhension. Y a-t-il un endroit, au Mali, où les Maliens se sentent-ils en sécurité ?

Pour le citoyen lambda, non ! Mais, il faut faire désormais avec, disent-ils.

Le comportement des hommes en charge de la protection des personnes et de leurs biens et même celui des politiques, n’est pas pour rassurer autant. Très souvent, policiers et usagers de la circulation routière, s’accrochent et finissent par s’entretuer ou se blesser pour des intérêts sordides qui tranchent avec l’orthodoxie ; les patrouilles de nuit, se transforment, souvent, en racket ou en drague de nuit etc.

Il ne faut cependant pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Des efforts ont été déployés et l’engagement de certains agents pour la défense de la sécurité et de la protection des personnes et de leurs biens, est sans reproche. Mais, ces actions sont peu visibles et les défis restent immenses et font rappeler au quotidien que nul n’est en sécurité. Même ceux ayant été formés dans ce sens. Beaucoup d’interrogations. Que sont devenus nos policiers et nos gendarmes d’aujourd’hui ? Les maliennes et les maliens ne se reconnaissent pas en eux.

La question sécuritaire va avec une politique de formation adéquate et de mise à niveau à travers des formations continues élevées des agents sur le moyen terme ; une politique de sensibilisation de la population et de collaboration de celle-ci avec les forces de protection. Si le Général Sada n’a pu avoir des résultats probants dans ce sens, il faut, néanmoins maintenir le système ; peut-être faire mieux en amenant les agents en charge de la sécurité vers une prise de conscience réelle de leurs missions. C’est par amour pour le métier et la patrie que l’on porte la tenue. Il faut bannir la quête du gain facile, le racket et faire comprendre aux agents qu’il leur est interdit de sucer le sang des populations. Il urge de s’atteler également à ce que le citoyen fasse une prise de conscience pour une meilleure collaboration dans le cadre du renseignement des agents en charge de la protection des personnes et de leurs biens ; mais aussi vers les changements de comportements individuels. Salif ne vient pas avec une baguette magique pour redorer le blason terni de nos gendarmes et policiers.

Il aura besoin de la compréhension et de l’accompagnement de tous et de toutes. Pour réussir, l’Etat va falloir former des hommes de type nouveau, avec des moyens conséquents et en mettant l’accent sur la mise à niveau par le biais de la formation continue et d’une coopération accrue avec des pays développés. Donnons le temps qu’il à ce jeune officier supérieur faire un vrai diagnostic du mal qui ronge notre police et notre Gendarmerie. Jusqu’à une date récente nos forces de sécurité étaient citées dans la sous région pour leurs hauts faits. Produit de la gendarmerie française et de celle du Mali, nous disons qu’avec des coudées franches , le colonel major relèvera le défi et réussira là où son prédécesseur a échoué. Donnons lui le temps d’observer et de nettoyer en profondeur ces deux corps.

Tièmoko Traoré
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