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Crise du Nord: Silence, on (re) découpe le Mali !
Publié le lundi 5 octobre 2015  |  Le Prétoire
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© aBamako.com par mouhamar
Visite de la mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) à Kidal
Kidal, le 08 Août 2014. La délégation de la mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) conduite par son Excellence monsieur Pierre Buyoya, Haut Représentant de l`Union Africaine s`est rendue ce vendredi à Kidal, pour s`enquérir de conditions de vie des populations.




Depuis 2012, notre pays le Mali, se débat dans une crise sans précédent. Si le front socio politique connait aujourd’hui une relative accalmie, il n’en est pas de même du volet sécurité/ souveraineté, où la crise du nord coupe le sommeil à plus d’un Malien.
La question du nord telle qu’elle est « gérée » aujourd’hui par tous les acteurs impliqués (Etat du Mali, Communauté internationale avec à sa tête la France, Groupes armés etc.), inquiète et n’augure rien de bon pour l’avenir de notre nation. La gestion de cette crise fait grincer des dents, c’est le moins qu’on puisse dire. Un accord controversé Un accord aux forceps a été signé par les parties le 20 juin 2015. Un document boiteux, fumeux, tortueux et de surcroit léonin pour le Mali consacrant son (ré) découpage à terme. Ce « machin » porte en lui les germes d’une partition programmée de l’Etat souverain du Mali. L’ex puissance colonisatrice en a décidé ainsi, et visiblement le compte à rebours a commencé et gare à quiconque s’y opposera! Cet accord de « paix » est plutôt un accord de « partage », dans la mesure où les hostilités sont toujours ouvertes, pas de paix pour le moment (accrochages sporadiques, insécurité résiduelle non plus seulement dans le septentrion mais sur l’ensemble du territoire Malien.) mais aussi, la région de Kidal est artificiellement coupée du reste du Mali, une enclave bien barricadée où la CMA règne en maitre et aucune présence de l’Etat Malien. La France à travers la MINUSMA veille bien entendu. Le paradoxe est que la signature de l’accord apparait finalement comme une étape, non pas pour aller véritablement vers la paix dans l’unité du Mali, mais plutôt pour aboutir peut être lentement, mais sûrement à ce qui a été conçu, planifié et exécuté de main de maitre par des forces impérialistes et qui in fine redéfinira les frontières Maliennes dans sa partie nord héritées de la colonisation. Kidal n’est toujours pas dans le giron national et cela depuis 2012. La région est dans l’escarcelle de la CMA sous l’œil bienveillant de la MINUSMA, et visiblement toutes les parties s’en accommodent. Cette situation ubuesque est révoltante. Y a-t-il un agenda autre que celui qu’on nous a présenté officiellement ? Des rebelles, hors la loi qui annexent de force une partie du territoire en tuant, en violant, en terrorisant sont protégés par la communauté internationale, et pendant ce temps, le Mali, pays agressé fait profil bas, reste coi au risque de se faire taper sur le doigt. Le processus de retrait et de désarmement des groupes rebelles armés, devrait être le préalable à toute initiative allant dans le sens d’une meilleure gestion de cette crise. Mais l’on a voulu saborder le processus dans son ensemble par une sorte de légitimation de cette rébellion et un aplatissement de l’Etat Malien qui ne représente plus grand-chose aux yeux de la communauté internationale. Le temps joue contre l’Etat Malien, et le statut quo ante (abandonner la région de Kidal aux mains des rebelles) est très dangereux pour l’unité et l’intégrité du Mali. La nature ayant horreur du vide, la CMA se substituera par la force des choses à l’Etat Malien, et les populations finiront par les « adopter » par dépit. L’attitude coupable des autorités Maliennes Il y a un accord dont l’implémentation parait assez laborieuse. Aujourd’hui, ce partage implicite (région de Kidal aux rebelles et le reste du pays à l’Etat du Mali) semble incroyablement contenter tous les protagonistes à commencer par l’Etat Malien dont l’attitude amorphe frise l’apoplexie. Comment un Etat souverain fut il faible, peut assister à une entreprise à peine dissimulée de dépiéçage de son territoire sans réactions vigoureuses (diplomatie et/ou armée) ? Quelle lecture L’Etat Malien a du traitement plus que spécial accordé à Kidal ? Pourquoi l’Etat du Mali après signature de l’accord n’arrive toujours pas à se redéployer à Kidal ? La question de la libération de Kidal n’est même pas à l’ordre du jour pour le moment. Cette partie du territoire national est aujourd’hui administrée par la CMA, c’est un secret de polichinelle, la communauté internationale a-t-elle finalement décidé d’ériger cette zone en territoire autonome au grand dam des Maliens? En traitant directement avec les nouveaux maitres, en ignorant l’Etat central pour toutes questions concernant Kidal, la communauté internationale ne confirme-t-elle pas que cette partie du territoire nationale s’autonomise ? Aujourd’hui l’Etat Malien ne sait même pas ce qui se passe dans Kidal, ce qui est très grave avec tout ce qui se trame. Il est grand temps de se réveiller ! L’Etat doit s’affirmer, adopter une attitude ferme et responsable et montrer à toutes les parties que c’est du Mali qu’il est question, et que jusqu’à preuve du contraire, il est le premier concerné et qu’aucune décision d’où qu’elle vienne ne saurait être prise sans ou contre lui. Les Maliens ont du mal à suivre leurs dirigeants dans cette posture défaitiste, acceptant toute honte bue les décisions les plus sordides et les plus stupides. Quelle couardise ? Veut-on juste sauver un régime aux abois par cette attitude honteuse et sacrifier l’Etat unitaire du Mali ? Les autorités Maliennes sont interpellées. Malgré la signature de l’accord, les velléités indépendantistes des rebelles sont restées intactes. Ils le disent à qui veut l’entendre que le processus est enclenché, et qu’il est irréversible. Que la naissance de l’Etat de l’Azawad n’est plus qu’une question de temps, justement parce que sur le terrain cette volonté est matérialisée par la prise de la région de Kidal et mieux tout est mise en œuvre pour aboutir à un tel résultat. Question : avec tous ces éléments d’appréciation, que fait l’Etat Malien pour faire échec à cette entreprise ? Certes le Mali est en position de faiblesse, mais ceci ne doit pas être une raison pour s’aplatir s’humilier et laisser les ennemis du Mali prendre possession de notre espace commun. L’Etat du Mali se doit d’agir et de bien agir. Une diplomatie agissante tous azimuts soutenue par une bonne politique de communication permettra de faire échec à un complot qui ne dit pas son nom. La mauvaise foi évidente des rebelles et leur témérité Les rebelles ont signé l’accord. Un accord qui a vocation à préserver l’unité et l’intégrité du territoire Malien. Mais en vérité, rien n’indique dans leurs agissements qu’ils acceptent rester dans le giron national, bien au contraire. Aujourd’hui les rebelles séparatistes tiennent le bon bout grâce à l’adoubement d’une certaine France. Ils croient plus que jamais en leur bonne étoile et à la réalisation de leur dessein loufoque. Ils n’entendent pas laisser Kidal et œuvrent quotidiennement à asseoir leur pouvoir dans cette zone. Les récents évènements survenus à Anefis sont plus qu’édifiants et anecdotiques pour comprendre les enjeux et surtout l’état d’esprit des acteurs impliqués : Une ville est assiégée par un groupe rebelle la CMA depuis un moment déjà, un autre groupe rebelle le GATIA arrive à les en déloger dernièrement, et la MINUSMA demande au second de déguerpir et de céder la place au premier au moyen d’une lecture biaisée d’un document controversé, et l’Etat Malien, aussi incroyable que cela puisse paraitre, au lieu de « reprendre son dû » emboite le pas à la MINUSMA et fait injonction au GATIA de lever le plancher au profit de la CMA. Hélas ce n’est pas de la fiction. Ce scenario surréaliste a pour théâtre un pays nommé MALI ! Qu’est ce qui explique cette attitude lâche et suicidaire de l’Etat Malien ? La MINUSMA se permet de discuter à qui, une portion du territoire Malien doit « appartenir », comme si le Mali n’existait plus, et le Mali dans son infortune, oubliant même qu’il en est légitime propriétaire, appuie cette hérésie à nul autre pareil. Aidez-moi à comprendre !
Si réellement on a l’intention de rendre au Mali son intégrité, c’était l’occasion ou jamais de le prouver. Chasser le GATIA, et interdire la CMA de revenir, tel devrait être l’attitude de la MINUSMA. Hélas ! On décide contre toute logique, de remettre l’objet volé et retrouvé au voleur en présence du véritable propriétaire, qui ne bronche pas et cela au nom d’un juridisme à tout crin. La position suspecte de la communauté internationaleIl suffit de le vouloir, la France peut mettre fin à cette crise. Pour le moment, elle n’en a pas l’intention, les objectifs n’étant pas encore atteints. Cette crise a plusieurs ramifications. Les intérêts en jeu sont énormes et les enjeux géopolitiques, géostratégiques, économiques, sécuritaires lui donnent une toute autre dimension. En 2013, la France aidait le Mali à libérer les trois régions du Nord occupées en son temps par les Djihadistes et autres groupes armés. La reconquête d’une des trois régions à savoir Kidal, fief des rebelles du MNLA s’est faite sans le Mali, une décision de la France. Les djihadistes furent chassés et la France remet en selle le MNLA, lequel prend possession de Kidal. Et c’est de là qu’est partie toute cette galère et jusqu’à présent elle perdure. La France a sciemment remis Kidal aux groupes armés, écarté l’Etat Malien qui n’a plus aucune prise sur cette ville. Aujourd’hui, Kidal est de fait séparé du reste du Mali et la France ne veut pas de l’Etat du Mali dans cette région. Voilà la vérité !
La MINUSMA sert de bras séculier de la France au Mali. Les choix de la MINUSMA ne sont autres que ceux de la France. La machine est bien huilée et les officiels français tapis dans les hautes sphères de la diplomatie internationale sont aux manettes pour l’atteinte du but visé. Les multiples canaux de propagande à tous les niveaux sont mis à contribution pour porter le projet et assurer sa pleine réussite. On pousse le vice un détail peut être, jusqu’à vouloir appeler le Nord du Mali, Nord-Mali, histoire de préparer les esprits à l’éventualité d’un découpage futur. Et c’est de bonne guerre ! Sur le terrain, Kidal est à la CMA et bien protégé par la MINUSMA contre toute « agression extérieure ». Une véritable campagne pour la cause des « Hommes bleus » est mise en branle appuyée et soutenue par certains pays occidentaux. Les responsables de la CMA en Europe sont chez eux. Ils font en toute liberté leur propagande, s’accrochent à leur volonté d’indépendance malgré l’accord signé, assurés du soutien de ces pays. Depuis la signature de l’accord, on a assisté à pas mal d’actes terroristes, d’assassinats de militaires et de civils Maliens un peu partout sur le territoire. L’insécurité est permanente à se demander finalement ce que fait la MINUSMA au Mali à part protéger Kidal. Si une des missions de cette structure Onusienne est la stabilité du Mali, la protection des personnes et des biens, il y a lieu de s’en inquiéter, car à ce niveau l’échec est patent et au rythme où vont les choses demain n’est pas la veille! Aussi l’on s’interroge à bon droit quant à la sincérité de certains pays du champ en l’occurrence la Mauritanie et l’Algérie (chef de file de la médiation internationale). Certains de leurs agissements intriguent et ne rassurent guère. Il y a beaucoup de non-dits dans cette crise du nord ! Dans cette histoire, il s’agit du Mali et les Maliens doivent avoir présent à l’esprit, que ce que nous n’avons pas fait pour nous-mêmes, personne d’autre ne le fera à notre place ! LE MALI, C’EST D’ABORD LES MALIENS. Retrouvons-nous et travaillons ensemble pour le triomphe de notre bien commun !
Makan DIALLO
Docteur en Droit Privé
Avocat aux barreaux de Paris et du Mali.
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