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L'Indépendant N° 3171 du 24/12/2012

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Crise politico-sécuritaire et organisation des prochaines élections : Bamako peut-il résister aux injonctions contenues dans la résolution 2085 de l’ONU ?
Publié le lundi 24 decembre 2012  |  L'Indépendant


Ban
© Autre presse par DR
Ban Ki Moon, Secrétaire Général des Nations Unies (ONU)


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Sur le papier, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté, le jeudi 20 décembre, la résolution 2085 autorisant le déploiement d’une force internationale au Mali en vue de libérer les 2/3 de son territoire occupé par des jihadistes, des terroristes et des narcotrafiquants. Cette autorisation est assortie d’une injonction à négocier avec ces bandits armés et d’un agenda à aller aux urnes en avril 2013, soit dans quatre petits mois. Or, Bamako ne cesse de souligner que les élections ne peuvent être organisées qu’après au moins la libération des grandes agglomérations du nord.

Tous un puissant lobbying de la France de François Hollande, le Conseil de sécurité de l’ONU a fini par adopter la résolution tant attendue par un peuple meurtri et humilié. Seulement, la décision onusienne ressemble à bien des égards à un cadeau empoisonné. Du moins, un cadeau vidé de toute sa substance.

Non seulement la résolution 2085 n’est pas un feu vert à l’ouverture des hostilités contre les » ous de Dieu » qui ont pris le paisible peuple malien en otage ; mais aussi, Ban Ki Moon et ses amis n’ont fait que rappeler ce qui se disait depuis un bon moment. Au gouvernement malien, il est demandé de n’attendre un appui militaire international qu’à partir de septembre 2013. Mais, avant cela, Bamako est sommé d’organiser des élections générales, notamment la présidentielle en avril 2013. Le gouvernement américain ne cesse de marteler que seul un pouvoir légitime issu des urnes pourra mériter sa confiance et susciter son appui bilatéral dans le but de reconquérir les zones occupées. Il nous revient que les Etats-Unis d’Amérique ont conditionné leur vote de la résolution 2085 à l’exigence ferme de l’organisation d’élections libres et transparentes au mois d’avril 2013. Le Congrès américain, faut-il le rappeler, interdit tout appui à un gouvernement non légitime. C’est dire donc que quelle que soit la bonne volonté de Barack Obama d’aider le Mali, il ne pourra pas le faire tant qu’un gouvernement démocratique sorti des urnes et reconnu de tous n’est pas mis en place à Bamako. Le Congrès américain, très rigide sur la question, ne donnera pas son feu vert pour une quelconque intervention militaire des Etats-Unis.

Cet argumentaire est compréhensible à maints égards. Le pouvoir intérimaire du Pr Dioncounda Traoré est très fragile à côté de l’autorité que détient encore l’ex-junte à Kati. Le pouvoir kaki est une réalité à Bamako. Toute chose que Washington ne veut pas sentir. Cependant, il faut reconnaître qu’il n’est point aisé de tenir des élections dans un pays divisé en deux. Quid des questions de légitimité du président élu dans ces conditions? Or, dans sa toute première interview accordée la semaine dernière à notre confrère RFI, le Premier ministre Diango Cissoko annonçait qu’ »en organisant des élections sans les grandes agglomérations du nord du pays, ce serait consacrer la partition du pays ». Le président intérimaire avait aussi battu en brèche cette proposition d’aller aux urnes avec plus de la moitié du territoire occupé. Une analyse que partage une large majorité de la classe politique malienne.

En clair, les autorités et le peuple du Mali ne sont aucunement disposés à aller aux urnes si l’Etat ne se réapproprie pas au moins les villes de Gao, Tombouctou et Kidal. Or, il est établi qu’à l’allure actuelle de l’évolution des préparatifs, l’armée malienne ne semble pas prête – l’ambassadeur de France au Mali Christian Rouyer le soulignait récemment – à tenter une offensive pour reconquérir ces villes. Ceci dans la mesure où même les instructeurs européens qui doivent arriver pour former les troupes maliennes sont attendus pour le mois de janvier prochain.

Même si par hypothèse, cette formation doit durer seulement un ou deux mois, on ne peut envisager l’opérationnalité de l’armée malienne que pour mars ou avril. Et, donc une quelconque offensive ne peut être envisageable que pour mai ou juin 2013. L’offensive permettra de libérer au moins les zones urbaines de Gao, Tombouctou et Kidal pour permettre de tenir les élections. En mettant la pression sur le gouvernement malien pour qu’il organise des élections en avril 2013, l’ONU met Bamako dans l’inconfortable position d’être face à trois défis majeurs : poursuivre le dialogue avec ceux qui ont pris les armes contre le pouvoir central, préparer activement les élections et préparer l’armée à intervenir contre les groupes extrémistes comme AQMI, MUJAO et Boko Haram.

Il va sans dire qu’être à la fois sur trois fronts brûlants sans compter le quotidien obscurci par la crise que traverse le pays ne sera point chose aisée pour le duo Dioncounda Traoré et Diango Cissoko. La tâche des autorités de la transition sera d’autant plus ardue que le pays vient à peine de repartir sur de supposées nouvelles bases; après le passage catastrophique du Premier ministre Cheick Modibo Diarra.

Par ailleurs, la résolution 2085 a le mérite de sonner l’alerte pour une intervention militaire internationale dans une échéance lointaine : septembre 2013. Cette décision est un avertissement aux terroristes et autres narcotrafiquants quant à la détermination de la communauté internationale de les bouter hors du territoire malien. Mais quand une résolution votée en décembre 2012 ne doit avoir son effet opérationnel qu’en septembre 2013, presqu’un an plus tard, cela suscite des inquiétudes. A moins que ce ne soit un procédé diplomatique pour brouiller les… pistes.

Bruno Djito SEGBEDJI


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