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Ministre Thierno Hass Diallo : «Aucun journaliste ne peut me noircir, le pèlerinage est une mafia»
Publié le mercredi 7 octobre 2015  |  Le Reporter
Opération
© aBamako.com par Momo
Opération Tabaski de l’ONG Temps d’Aide-Mali
Bamako, le 24 septembre 2015 l’ONG Temps d’Aide-Mali a distribué des viandes pour les démunis




La presse malienne a répondu massivement à l’invitation du ministère des Affaires religieuses et du Culte, histoire pour le patron de ce département, de faire le compte-rendu de sa mission qu’il vient d’effectuer en Arabie Saoudite, suite à la bousculade meurtrière de Mina, le jeudi 24 septembre 2015. Thierno Oumar Hass Diallo avait bien démarré son compte-rendu avec la presse, avant de sombrer dans une espèce d’hystérie qui a surpris plus d’un. Est-ce parce que son entrée en matière, bien réussie, n’avait pas affolé les applaudimètres ?

Le bilan provisoire, selon lui, est de 70 morts, 5 disparus retrouvés, 271 personnes sont sans nouvelles. Le Mali pour ne pas dire les pèlerins maliens n’ont pas été indisciplinés comme le laissent croire certains, et notre ministre veut aller à la CPI, s’il le faut, pour défendre cette théorie. Il a salué tous les encadreurs maliens avant de reconnaître que certains sont décédés dans l’accomplissement de leur mission. Tout allait bien jusqu’à la série de questions-réponses. C’est en ce moment que le ministre Diallo nous a montré son vrai visage. Il s’en prend alors à l’équipe que l’Ortm a envoyée qui se serait laissée dans les bras de Morphée à l’hôtel.

Cependant, lui-même a été bien accueilli par les Maliens. D’autant que «le Mali est le seul pays qui a envoyé un ministre sur le terrain ; aucun pays ne l’a fait… Tous les Maliens étaient contents de me voir sur le terrain». On veut bien le croire sur parole, en attendant la version des pèlerins qui commencent à regagner le bercail.

À la question de savoir s’il peut faire le bilan de la campagne du pèlerinage, le ministre avoue qu’il n’y a pas de bilan, parce que ce n’est pas une activité lucrative, c’est une activité de foi. Mais plus loin, il dira que l’organisation du pèlerinage au Mali : «c’est de la mafia, il y a beaucoup de choses en dessous, que je ne vais pas dire. Nous avons 34 agences qui ont des contrats avec le gouvernement ; 101 agences ont des contrats individuels. Ce qui fait 135 agences pour le Mali». Malgré son déplacement en Arabie Saoudite, il dit ignorer les causes de la bousculade. Sur la stratégie de communication suite à la bousculade, voici la réponse du ministre : «Comme vous avez dit le gouvernement. Je ne suis pas le porte-parole du gouvernement. Allez y voir Choguel, il pourra vous répondre. Moi, j’ai à partir de l’Arabie Saoudite envoyé toutes les informations. Le porte-parole du gouvernement peut le dire. Ça se trouve à un autre niveau, je ne gère pas l’autre. Je suis un ministre en mission. J’ai fait des constats… J’ai vu ce que ma présence a fait comme boom aux cœurs des pèlerins maliens».

Selon M. Diallo, «…Tout ce que les gens disent ici, ce sont des divertissements. Moi, ce n’est pas mon rôle, ce n’est pas le rôle de l’Etat malien de dire que c’est des Saoudiens, etc. Les consuls, l’ensemble des Etats affectés ont adressé une correspondance à l’Etat saoudien pour se plaindre du traitement, et du fait qu’il n’y a pas eu d’excuses officielles présentées aux Etats». D’après Thierno Oumar Hass Diallo, on ne peut pas accuser les pèlerins maliens, ils ne sont pas fautifs, encore moins lui-même.

Il verse ensuite son venin (comme un méchant serpent) sur les journalistes : «Aucun journaliste ne peut me noircir parce que c’est une mafia le pèlerinage. Je ne suis pas dans ces choses-là. Vous cherchez toujours à voir le ver dans le fruit. Ça, c’est de l’enquiquinade politicienne. Je ne me mets pas dans ces trucs. Franchement, non. Dans une bousculade où le chef de l’Etat même a perdu son oncle, il était assis tranquille avec les autres. Il est plus gros que moi. Il dit : allons jeter nos cailloux avant que le soleil ne commence à trop chauffer, il perd la vie comme bon nombre d’autres pèlerins. Ce n’est pas une question politique, c’est une question de foi. Moi, je ne rentre pas dans les petits jeux politiques. Je suis un ministre citoyen. Je ne culpabiliserai personne, et je n’ai personne à culpabiliser, et je l’assume».

Visiblement, le ministre Thierno Diallo a un problème avec la presse qu’il n’a pas voulu dire lors de la conférence de presse, car aucun journaliste n’a compris son double langage lors de cette rencontre. Un début avec un ton clément, saluant la presse privée d’avoir joué son rôle ; mais vers la fin, attaque frontale. «Ils se sont même attaqués à la famille, en disant que ma femme est dans le trafic de visas. Alors que ce n’était pas elle. Vous écrivez sans vérifier. Nous voulons une presse consciente, tout ce que vous devriez faire dans votre profession».

En tout cas, Thierno Oumar Hass Diallo a raison, car en faisant lui-même allusion à son teint, il est sûr qu’aucun journaliste ne peut le noircir. Mais, avec la plume, c’est autre chose. Le ministre citoyen doit savoir raison garder, car l’affaire de la bousculade à la Mecque ne fait que commencer. Avec le retour des pèlerins, on en saura davantage. Tous les pèlerins ne sont pas partis avec le gouvernement, d’autres étaient avec les agences de voyage ; un troisième groupe est parti on ne sait comment. Et si le ministre avait sa propre agence dans le lot ? Il nous a rien dit, c’est pourquoi il nous faut la version de ces trois groupes surtout que les explications du ministre sont même contredites par certains encadreurs du gouvernement. Car, pour eux, Thierno Diallo est arrivé après la bousculade. Il n’en sait absolument rien, puisqu’il n’a rien vu !

Kassim TRAORE
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