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Méchage : Les roquets et les perroquets
Publié le mercredi 7 octobre 2015  |  La Nouvelle République
Conference
© aBamako.com par as
Conference de presse de la Coalition pour le Mali.
29/08/2012. Bamako. Maison de la Presse. Tiebile Drame, vice-president de la Coalition pour le Mali.




Le moins que l’on puisse dire c’est que l’opposition, ou disons le carrément, le Parena réagit au quart de tour. Les responsables de ce parti ne ratent jamais une occasion pour parler (souvent ils manquent des occasions pour se taire). C’est une qualité qui fait défaut à beaucoup d’hommes politiques qui brillent par une prudence excessive qui frise souvent la frilosité. La prudence, la frilosité, le Parena ne connait pas. Ce qui a pour conséquence souvent des dérapages, parfois des excès, et même des outrances. Mais cela n’est pas l’objet. Pour reprendre le fil, nous disions que le Parena réagit au quart de tour. Nous avons l’impression que les responsables de ce parti ressemblent à ces chasseurs de tornades. Dès qu’il y a un petit vent qui se lève, ils trouvent espoir à le transformer en tornade. En tout cas, le Parena développe depuis deux ans dans une formidable propension à voir des scandales partout, à voir dans n’importe quel marché une surfacturation sur fond de délit d’initié donnant lieu à des rétro-commissions. Et souvent le Parena ne prend aucune précaution pour préserver sa crédibilité. Ce qui est malheureux pour le débat dans la mesure où ce parti regorge de vrais talents. La preuve de ce que nous disons est cette histoire de tracteurs subventionnés par l’Etat pour aider les paysans. Pour le moment, le Parena est le seul (peut-être avec ceux qui n’ont pas enlevé le marché) à y voir des problèmes. Le Parena parle de marché passé sans appel d’offres, par entente directe ; parle de surfacturation, de rétro-commissions ; de scandale, etc. De ce que nous en savons, tout cela n’est que balivernes. Face à la réaction par journaux opposés du gouvernement, le Parena souhaite qu’il y ait un débat contradictoire à la Maison de la Presse avec le ministre du Développement rural. Professionnels de l’agi-prop, les responsables du Parena voudraient que le débat soit radiotélévisé. Ils savent bien que le gouvernement n’acceptera pas. Pour la simple raison que les espaces de débat contradictoires ne manquent pas. Le Parena qui a des élus à l’Assemblée n’a qu’à interpeller le ministre du Développement rural. Arguments contre arguments, preuves contre preuves, ils pourront débattre à souhait, devant les députés et devant les Maliens qui les suivront grâce à l’ORTM.

Avant cette histoire de tracteurs déjà, le Parena avait fait la preuve de sa propension à ne rien laisser passer à l’occasion du deuxième anniversaire de l’accession d’IBK au pouvoir.Quitte à faire preuve de mauvaise foi. Le président de la République avait accordé un entretien à deux confrères de la presse audiovisuelle. L’entretien du président IBK a été diffusé la nuit du vendredi 4 septembre sur les antennes de l’ORTM et d’Africable. Dès le lendemain samedi, le Parena qui semble disposer d’une permanence hyper active a réagi. Ayant lu ce que le parti de l’opposition a écrit, nous nous sommes rendus compte qu’il est arrivé au Parena ce qui arrive généralement à ceux qui confondent vitesse et précipitation.

En effet, même une lecture rapide permet de constater que le Parena était plus pressé de répondre au Président de la République que de l’écouter. Ceux qui ont eu le stylo rapide devaient avoir une oreille pour le moins distraite. Nous donnons un seul exemple. Dans sa réaction, le Parena réduit l’intervention d’IBK concernant l’équipement de l’armée aux seules tenues militaires. Avec une certaine perfidie, la réaction note que « Pour le président de la République, équiper l’armée c’est acheter pour les militaires (à des prix faramineux) des uniformes, des chaussettes et des chaussures!
Est-ce avec des “uniformes impeccables” que nos soldats vont défendre l’intégrité du territoire et vaincre le terrorisme? ». Bien sûr que non, ce n’est pas avec des « uniformes impeccables » que l’armée fera la guerre. Mais comme le dirait l’autre, « même si l’habit ne fait pas le moine, il fait partie du moine ». La fierté de voir les militaires tout fiers et heureux de défiler dans des tenues propres avec des godasses bien cirées et des chaussettes assorties est partagée par tous les Maliens. Le Chef suprême des armées ne veut pas rentrer dans le détail des équipements militaires parce que n’en déplaise à ceux qui font la gorge chaude à toutes les occasions, ces domaines là sont sensibles et relèvent du secret-défense. Toutefois, IBK a parlé des « 12-7 et des 14-5 dont la puissance de feu est significative pour le militaire ». On est bien loin de la seule perception vestimentaire des équipements de l’armée. Cela revient à ce qui nous disions : le Parena voulait plus répondre avant d’écouter.

Le Parena n’est pas seul à tomber dans les excès et mêmes les outrances. SoumaïlaCissé, celui qui a été décrété chef de l’opposition, n’y va pas de main morte.“Le bateau Mali tangue dangereusement et le pilote navigue à vue sans main ferme au gouvernail” affirme-t-il. Et d’égrainer la longue des « scandales », attestés selon lui par le Bureau du Vérificateur général, la Cour suprême, et le FMI et la Banque mondiale. Bien entendu, tout ce qu’il dit n’est pas faux. Et d’enfoncer le clou lors d’une conférence de presse exclusivement dédiée aux deux ans d’IBK. Un seul mot traduit selon lui ces deux ans : « désillusion ». Nous pensons qu’il fait preuve d’une solide mauvaise foi. Primo, SoumaïlaCissé aurait pu dire, dans « l’affaire » des équipements militaires, que la Cour suprême n’a jamais mis en doute la légalité des achats des équipements militaires. Secundo, pour reprendre les propos d’un de ses illustres dévanciers dans l’opposition, « les rapports du Bureau du Vérificateur général ne sont ni la Bible ni le Coran » (l’un des opposants actuels sait bien cela dans la mesure où c’est la justice qui l’a blanchi alors qu’il avait été sérieusement noirci par la CASCA). Tertio, le président de la République a déclaré que tous les dossiers ont été transmis à qui de droit, c’est-à-dire la Justice. La séparation des pouvoirs voudrait que chacun reste à sa place. Ils auraient été les premiers à crier à l’instrumentalisation de la Justice si l’Exécutif avait donné des indications.

Nous, nous pensons que le Mali mérite mieux qu’une opposition au rabais. Nous avons la chance d’avoir comme animateurs de cette opposition des hommes et des femmes qui connaissent l’Etat pour l’avoir servi au plus haut sommet, sur le plan administratif (Premier ministre, Ministre d’Etat, Super ministre, multi-ministre, etc.). Nous ne parlons pas des postes électifs ou des postes occupés à l’international qui leur donne de la valeur ajoutée et leur confère une notoriété certaine. Ils connaissent l’Etat et ses points de fragilité. A notre avis, ils devraient être une chance pour la démocratie, pour la République, pour le Mali, pour les Maliens. Cela suppose qu’ils sortent un peu du bois en disant la vérité quand cela est possible pour eux ou à se taire quand ils ne peuvent pas dire la vérité. Seule la vérité construit la démocratie. Pour cela, leur relation aux faits doit être exacte. En donnant des faits qui ne sont pas fondés, en les commentant à la limite de la caricature dans un pays où le ressenti est souvent dominant, en excitant l’opinion, ils n’aident pas à la construction citoyenne ; ils ne tirent pas le système démocratique par le haut. Et puis, soyons francs, les Maliens n’attendent pas d’eux qu’ils se comportent comme des roquets, aboyant pour un oui et mordant dans tous les mollets à portée de leurs dents pour un non.

Comme visiblement les opposants étaient plus préoccupés à préparer leur réponse au président de la République qu’à l’écouter, nous allons leur rappeler des propos qui ont dû échapper à leur oreille distraite. « Je ne suis pas leur égal, ils ne peuvent pas être mes opposants, Dieu et les Maliens m’ont placé au-dessus d’eux. Ils peuvent s’opposer au RPM par exemple, mais pas à moi ». Voilà grosso modo ce qu’IBK pense de leur réaction. En français facile, cela veut dire qu’ils ne boxent pas dans la même catégorie que le président de la République, IBK est le Président pour tous les Maliens, donc y compris ceux qui ont voté contre lui. Ce n’est pas dédain de la part d’IBK que de leur indiquer le parti RPM. Au contraire, nous pouvons affirmer que le président de la République admire le travail mené par l’opposition. Nous nous rappelons de ses propos fort élogieux tenus à Sikasso à l’endroit de la minorité ; et fort justes ajouterons. Rencontrant les partis de la majorité, IBK leur a dit que l’opposition est plus visible.

Nous devons reconnaître que les partis qui tiennent lieu de majorité présidentielle ne sont pas à la hauteur. Le RPM qui doit être la locomotive de cette majorité est empêtrée dans des querelles intestines et byzantines. Jamais dans l’histoire du Mali démocratique nous n’avons vu un parti aussi divisé. La lutte pour les places y bat son plein. Il nous est arrivé de nous poser la question de savoir si ceux qui dirigent le RPM n’ont pas ouvert la succession d’IBK. En tout cas, leur comportement laisse songeur. En plus, au motif qu’ils auraient passé dix ans dans l’opposition, les responsables de ce parti ont les yeux plus gros que le ventre. Ils veulent tout prendre, oubliant que d’autres partis sont à leurs côtés, que d’autres partis ont contribué à la victoire électorale de 2013. Hormis la course aux postes, on ne les sent nulle part.

C’est avec plaisir que nous revenons sur les propos d’IBK lors de sa récente tournée à Sikasso : «Je ne vous sens pas dans le débat, alors que c’est vous qui constituez la majorité. Ceux qui sont minoritaires sont plus visibles que vous. Je ne vous sens pas. Je vous sens frileux. Vous n’avez pas de complexe à vous faire. Je ne vois pas quel combat un combattant frileux va gagner. Si déjà devant le ring, tu trembles, je ne sais pas où tu vas ». On peut dire que le président IBK sait de quoi il parle. Sur aucun des grands chantiers qu’il a menés, le RPM et ses alliés ont été absents. Sauf quand le Président leur a remonté les brettelles. Là, ils accourent ventre à terre pour reprendre, tels des perroquets, les propos présidentiels.

Avant Sikasso, on se rappelle que l’année dernière, presqu’à la même période, les recevant à Koulouba, le président IBK leur avait dit ceci : « vous m’avez laissé sur ma faim ». C’était suite à un meeting de soutien organisé dans la salle des 1000 places du CICB. La centaine de parti soutenant IBK n’avait pas été à mesure de remplir la salle au 1/3. Il aura fallu toute l’ingéniosité des monteurs de l’ORTM pour faire illusion en masquant péniblement les nombreuses places restées vides. Le président de la République avait surtout été déçu par le contenu des messages. Nous étions en plein tempête autour de l’achat de l’avion et des équipements de l’armée. Frileux comme des poules mouillées, les responsables de la majorité présidentielle qui avaient la possibilité de disposer de toutes les informations afin de contrebalancer ce qui se disait n’ont rien trouvé de mieux à dire que « le président est trahi par des gens en qui il a placé sa confiance ». Pathétique. Tout simplement pathétique.

Il faut croire qu’ils n’apprennent ni de leurs erreurs ni de leurs absences. En effet, personne ne les a vus ou entendus pendant ces moments d’interrogations sur le contenu de l’Accord de paix et son application. Nous serions tentés de dire que ce n’est pas leur affaire. D’où l’ire présidentielle à Sikasso. « Il faut oser dire la vérité aux Maliens. Ce que nous avons fait est appréciable. Il faut que cette majorité s’imprègne de l’Accord de paix et de réconciliation, parce que c’est cela votre devoir», a déclaré le Président de la République à ses partisans.Pour justifier l’incurie et l’inanité ambiantes, un respectable cadre du RPM a fait une sortie pour le moins malencontreuse. Nancoma Kéita pour ne pas le nommer, connu pour être quelqu’un de très sobre, a déclaré devant ses militants de la Commune II : « « Sachez que la conquête du pouvoir est plus difficile que l’exercice du pouvoir surtout dans le contexte actuel que vous connaissez tous. Au-delà de tous ces aspects, le président IBK est au pouvoir mais retenez que ce sont ses adversaires politiques qui ont les leviers du pouvoir. Ce sont eux qui sont dans l’administration, à la police …car le président ne veut pas se limiter à sa seule famille politique pour la gestion des affaires publiques. Et, à l’heure du bilan, ce sont ces mêmes personnes qui vont critiquer sa gestion. Donc faites attention, resserrer les rangs autour du président pour ne pas faciliter la tâche à nos adversaires surtout à l’aube des élections communales ». Comme le dirait Jacques Chirac, c’est tout simplement « abracadabrantesque ».

Et pour ne rien arranger à leur situation, les partis de la majorité présidentielle ont complètement raté le deuxième anniversaire de l’investiture d’IBK. Toujours à la manœuvre et dans ses œuvres solitaires, c’est semble-t-il la veille que le RPM a informé les autres partis de la tenue d’un meeting de soutien au président IBK le samedi 5 septembre. Si c’est ça un soutien, IBK devrait s’inquiéter sérieusement. La majorité, fidèle à elle-même, n’a pas été capable de remplir la salle des 1000 places du CICB. Même les efforts des monteurs de l’ORTM n’ont pas pu masquer le vide sidéral dans la salle. Quand l’incapacité de mobilisation atteint ce niveau, c’est très inquiétant. Tout cela parce que ceux qui veulent tout faire à eux seuls, en se cachant aux autres, ne sont pas à la hauteur. Et ils sont pourtant prompts à jouer les perroquets.

Talfi
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