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Évasion au camp I de la gendarmerie: plusieurs soldats en fuite, des complicités déjouées
Publié le mardi 13 octobre 2015  |  Info Matin
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© aBamako.com par A.S
Conseil des ministres du mercredi 30 septembre 2015
Bamako, le 30 septembre 2015 le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita a présidé le conseil des ministres du mercredi a Koulouba. Photo: Colonel Salif Traoré




Étrange baptême de feu pour le tout nouveau ministre de la Sécurité et de la protection civile, le colonel Salif Traoré, dont la prise de fonction effective coïncide avec cette évasion spectaculaire de soldats jusqu’ici détenus pour diverses infractions criminelles au camp I de la gendarmerie de Bamako, une véritable forteresse militaire érigée en pleine capitale.

Samedi dernier, dans la nuit profonde, au camp I de la gendarmerie ; véritable forteresse militaire érigée en pleine capitale, une évasion spectaculaire de soldats détenus s’y déroulait. Entre deux et trois heures du matin, un groupe de fugitifs, uniquement constitué de soldats en détention pour diverses infractions criminelles, s’organise à briser les serrures des cellules et parvienne ainsi à prendre le large, sans crier garde. L’évasion est spectaculaire, car les soldats (une bonne douzaine en tout), jusqu’ici détenus dans ce haut lieu de sécurité militaire, n’ont aucune difficulté à sortir du camp, sans attirer le moindre soupçon des hommes de garde.
L’information, quant à elle, n’a pas tardé à faire le tour de la ville : très tôt dans la journée du samedi, sur les réseaux sociaux, elle a été relayée en boucle, sans aucune source officielle ne vienne soit infirmer ou confirmer la nouvelle qui, elle, devenait alors le sujet de toutes les conversations. Y compris dans les salons feutrés ; les bureaux et autres structures publiques vivant au ralentie en ce début de weekend.
En fait, la situation, pour le moins, autour de cette nouvelle évasion de prisonniers, est grave : ce sont quelque 12 à 13 soldats, surveillés comme le lait sur le feu, dit-on, qui parviennent ainsi à semer la sentinelle et les hommes de grade, dans une garnison miliaire, pour s’enfuir, sans laisser de traces, en tout cas pour l’instant. Du point de vue de l’identité des évadés et de leur lieu de détention, cette évasion, plus que tous les autres cas récemment reconnus, révèle de grandes interrogations. Et constitue, de ce fait, un sérieux test pour le tout nouveau ministre de la Sécurité et de la protection civile, le colonel Salif Traoré, connu pour être un officier sérieux à la tâche, lequel, selon des sources crédibles, venait tout juste d’entamer, comme à la normale, des visites de terrain au niveau des structures relevant de sa compétence.
Au nombre des fugitifs, il y a pas mal de cas rocambolesques. Et pour cause ? Des compagnons d’infortune de l’ex-chef de la junte militaire, le général Amadou Aya Sanogo, détenus pour des charges liées à l’affaire dite les bérets rouges, sont parmi les fuyards du camp I de la gendarmerie de Bamako. Nul ne sait à ce jour l’effectif exact des proches de l’ancien chef des putschistes parmi les évadés, mais il reste entendu que cette évasion est énigmatique. À l’image du général Aya Sanogo, également détenu, certains de ses compagnons, qui viennent de s’échapper de leurs cellules, étaient en attente de jugement après une inculpation dans un dossier judiciaire lié à un crime de sang ; l’affaire des bérets rouges.
Incarcéré en prison, depuis fin 2013, pour notamment « complicité d’assassinat » dans cette affaire des bérets rouges, l’ancien chef de la junte devra répondre des charges retenues contre lui dans divers cas de soldats, majoritairement appartenant à la compagnie des commandos parachutistes de Djicoroni, retrouvés morts dans des charniers près de Bamako et de Kati.
En dehors de ces cas, un autre groupe de fugitifs retient l’attention parmi les évadés. Il s’agit, de sources crédibles, du lot des militaires accusés, il y a quelques mois, d’avoir voulu déstabiliser les institutions de la république », en projetant un coup d’État militaire contre le pouvoir du président IBK. Cette affaire, mal élucidée par les services de sécurité et qui continue de causer un réel mystère, est toujours fort attendue par l’opinion publique. On s’en souvient, c’était à la suite d’une tentative de coup d’État contre le président IBK, les services de renseignements avaient procédé à l’interpellation de plusieurs agents soupçonnés d’en être les auteurs. Dans le lot, il y avait des militaires et les inspecteurs de la police, tous interpellés en son temps dans le cadre de cette affaire sulfureuse, et détenus, au début des enquêtes, pendant quelques semaines, dans les locaux de la Sécurité d’État, avant d’être transférés au Camp I de la gendarmerie.
Gardés là, en détention, sous haute surveillance militaire, depuis un peu plus de 6 mois, voilà que les présumés putschistes ont pu s’évader.
Aussitôt informé, le tout nouveau ministre de la Sécurité, selon de sources militaires, s’est rendu sur les lieux pour s’en apercevoir sur place des circonstances rocambolesques de cette troublante évasion. On rapporte, selon les mêmes sources, que le colonel Salif Traoré, qui suit à la minute près l’évolution de ce dossier, s’est entretenu avec des détenus, restés sur place, lesquels, on le voit, n’ont pas daigné quitter leur cellule. Personne ne sait ce qu’il en est sorti de cet entretien entre le ministre de la Sécurité et ces détenus, tenus loin des regards indiscrets, et qui pourra certainement apporter des indices précieux aux enquêteurs. En tout état de cause, la traque des fugitifs, comme l’ont précisé plusieurs sources militaires et sécuritaires, se poursuit de plus belle par les éléments de la gendarmerie et des forces spéciales, lesquels n’écartent aucune piste pour rapidement non seulement empêcher les fuyards de se disperser plus longtemps dans la nature, mais aussi de rassembler dans les meilleurs délais les moindres indications liées aux circonstances, jusqu’ici troubles, de cette évasion de soldats détenus.
D’ores et déjà, au cœur de ce dossier, on parle de graves complicités au sein de la gendarmerie ayant permis aux fugitifs de prendre le large. Cette révélation, qui ne surprend pas, dans cette affaire, en raison de la sécurité dans ce camp de gendarmerie, qui a été révélé, sans plus de détails par une source bien introduite auprès du ministère de la sécurité, est aujourd’hui très prise au sérieux par les enquêteurs, lesquels tentent, depuis le samedi dernier, à cerner tous les contours possibles de ces complicités qui peuvent avoir de graves connexions au sein de ce corps d’élite militaire. Au cœur de ce dossier qui prend déjà les allures d’une véritable affaire d’État, tout le monde s’accorde à dire que les évadés ont bénéficié de complicité à l’intérieur du camp I de la gendarmerie.
D’ailleurs, apprend-on, après le passage du ministre de la Sécurité sur les lieux, des gendarmes censés garder ces ex-détenus ont directement été interpellés et entendus par les services de renseignements. Si rien n’a filtré de ces interrogations musclées, il est évident que les enquêteurs y accordent une attention suivie d’autant que des indices retrouvés, çà et là, après la fuite spectaculaire des évadés, indiquent plus clairement que des failles existent bel et bien dans le dispositif sécuritaire des lieux et qui ont dû profiter aux fuyards, comme de grosses complicités intérieures à la clef.

Par Sékouba Samaké
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