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La destruction des sanctuaires au Mali suscite une forte réprobation
Publié le vendredi 28 decembre 2012  |  Autre presse


Tombouctou:
© Getty Images par DR
Tombouctou: Une partie d`une mosquée dans la ville.
Photo non datée document publié le 1 Juillet 2012. L`un des groupes extrémistes islamistes contrôlant le nord du Mali, a débuté le 30 Juin 2012, de détruire tous les sanctuaires de saints musulmans dans la ville légendaire de Tombouctou.


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Les groupes islamistes présents dans le nord du Mali ont détruit les derniers mausolées de Tombouctou, dimanche 23 décembre.

Ces destructions sont intervenues trois jours après que le Conseil de sécurité des Nations unies eut adopté à l'unanimité une résolution autorisant une intervention militaire internationale destinée à chasser les terroristes et les autres islamistes armés qui occupent le nord du Mali.

Selon les analystes, la démolition des derniers sanctuaires de Tombouctou par le groupe Ansar al-Din lié à al-Qaida a été une réaction directe et désespérée à la résolution des Nations unies. Le groupe avait déjà explicitement rejeté cette résolution le jour-même de son adoption, a expliqué à Magharebia l'analyste touareg Abdul Hamid Ansari.

"Ce n'est pas la première fois que ces extrémistes agissent de manière outrancière et absurde ; cela se produit chaque fois que leurs actions envers les populations locales sont l'objet de critiques ou de condamnations de la part des institutions régionales ou internationales", a-t-il ajouté.

"Une telle action ne fera que renforcer l'indignation de la population et renforcera son soutien à cette résolution, notamment dans la mesure où celle-ci est destinée à les soulager de l'emprise et de la loi de ces groupes qui ne présentent aucun plan constructif pour l'avenir", a-t-il ajouté.

Ansar al-Din, le mouvement dominant à Tombouctou, a détruit près de 333 mausolées, notamment dix-huit inscrits au patrimoine de l'humanité de l'UNESCO, selon l'agence Sahara Media.

Les instances du patrimoine de l'humanité ont condamné les attaques de mardi, la directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova se disant "profondément choquée".

Pour sa part, Attay Ag Elweli, un jeune originaire de Tombouctou, a expliqué à Magharebia que cette démolition avait été orchestrée par un homme se faisant appeler Abu al-Walid, commandant le groupe pour la Promotion de la vertu et la prévention du vice, historiquement connu sous le nom d'al-Hisbah.

Et d'ajouter, la voix triste : "Abu al-Walid et son groupe s'en sont pris aux deux derniers mausolées dans le quartier de Sankore, à une troisième tombe proche du grand marché, et à une quatrième située dans le quartier de Sheikh Sayed Ahmed Bakaa."

Interrogé par Magharebia sur le lien entre la démolition de ces sanctuaires et la résolution des Nations unies, Ag Elwelli a répondu : "La population locale avait déjà perçu ce lien lorsqu'Abu al-Walid avait répété, pendant qu'ils détruisaient les tombeaux, que personne d'autre que Dieu ne devait diriger la ville de Tombouctou."

Mais al-Walid lui-même a tenté de justifier la destruction de ces tombeaux en déclarant à l'agence Sahara Media que son groupe islamiste ne connaissait pas ces mausolées auparavant.

"Ces sanctuaires sont une manifestation d'incroyance et de sorcellerie, un lieu de prière et de bénédiction sans Dieu. Leur hauteur est trop importante par rapport au sol, et nous devons les supprimer", a-t-il déclaré.

Selon ces justifications, son groupe a "confirmé la présence des dômes et des symboles de l'incroyance, et ils ont décidé de les aplanir pour les rendre similaires au reste des tombes des Musulmans, en réponse au commandement du Prophète, que la paix soit sur Lui."

Mais le chercheur mauritanien Yahya Ould Sidi Ahmed, spécialiste de l'histoire et de la littérature du Sahara et du Soudan occidental, a expliqué que toutes les démolitions antérieures avaient eu lieu à la veille d'une décision ou d'une intervention militaire planifiée dans le nord du Mali.

"Les démolitions survenues en octobre dernier avaient eu lieu la veille de l'adoption à Bamako de la décision en faveur d'une intervention militaire", a-t-il rappelé

"Cette destruction est une nouvelle fois mise en oeuvre trois jours seulement après l'adoption de ce plan par le Conseil de sécurité. Cela signifie que l'affaire est avant tout politique, à l'instar de ce qui s'est passé vendredi dernier à Gao. Le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest [MUJAO] y a amputé la main de plusieurs habitants", a-t-il ajouté.

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Ce chercheur explique que ces sanctuaires dataient de l'époque de l'empire malien, qui s'étendait sur la région au XIVème siècle. "Les gens demandent seulement la bénédiction de leurs âmes… Cela ne saurait justifier la démolition ou la destruction de ces tombeaux", a-t-il ajouté.

Quant à l'aspect religieux de cette affaire, l'érudit Ahmed Ould Ehel Daoud a expliqué à Magharebia que la destruction de ces tombeaux était "inacceptable".

"En tant que scientifiques et érudits, nous rejetons de tels actes et déclarons qu'ils ne sont pas légitimes au sens religieux, parce qu'il s'agit de tombeaux de savants de renom, que nous considérons être des martyrs de Dieu", a-t-il ajouté.

Ould Ehel Daoud, ancien conseiller au ministère mauritanien des Affaires religieuses et spécialiste de la lutte contre l'Islam radical, a ajouté : "La tombe d'une personne quelconque ne peut être démolie, parce que le respect lui est dû. Les tombes des hommes de science sont respectées par tous les Musulmans, et elles doivent être connues en soulignant leurs actes."

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