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Visite d’Etat du président IBK à Paris : si tout pouvait être dit aux Maliens !
Publié le mardi 20 octobre 2015  |  Delta News
IBK
© Autre presse par DR
IBK et Hollande à la Séance d’ouverture du Sommet de l’Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique




Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, effectue une visite d’Etat, du 20 au 24 octobre prochain, à Paris. C’est la toute première fois qu’un président malien effectue une visite d’Etat en France, depuis l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. A cette occasion, les Champs Elysées ont été pavoisés aux couleurs du drapeau malien ainsi que tous les bâtiments publics français.
Au cours de cette visite, il est prévu un tête-à-tête entre le président français et son homologue malien ; un dîner d’État à l’Élysée ; un rendez-vous à Matignon avec Manuel Valls ; puis avec le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian ; Claude Bartolone (président de l’Assemblée nationale) et/ou Gérard Larcher (celui du Sénat). Il y aura une rencontre avec Anne Hidalgo, la maire de Paris…
Ancien étudiant à la Sorbonne, IBK y donnera une conférence et recevra les honneurs militaires aux Invalides, avant d’être reçu au siège du Medef. Pour boucler la boucle, une visite sera faite à l’ossuaire de Douaumont, en hommage à son grand-père tué à Verdun pendant la première Guerre mondiale, alors qu’il combattait dans l’armée française. Voilà le programme de cette visite d’Etat au cours de laquelle le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita sera inondé d’honneurs. Le Parena demande à IBK de rendre visite à la famille de Damien Boiteux, le premier soldat français mort lors de la libération du Mali.
Des centaines de milliards de FCFA seront annoncés à l’issue de la rencontre de l’OCDE qui sera co-présidée par IBK et Hollande, le 22 octobre prochain.
Des honneurs et des honneurs, et sans nul doute le temps pour le président malien d’oublier un peu le carcan de son pays. Donc une véritable catharsis.
Sauf que les Maliens se demandent ce que valent tous ces honneurs de la puissance coloniale au 6e président du Mali indépendant. Est-ce à dire que c’est le président le plus méritoire que le Mali n’a jamais connu ?
Certainement pas pour les Maliens, lesquels dans leur écrasante majorité vous diront que le père de l’indépendance, Modibo Kéita, est de loin le président le plus aimé pour ce qu’il a fait. Un président qui a légué un Mali réellement indépendant mais qui est aujourd’hui dans la ‘’dépendance’’. Un confrère écrivait que le Mali est passé de l’indépendance à la dépendance. Le doyen Seydou Badian Kouyaté martelait que si Modibo était là, la Minusma ne serait pas là.
Pour autant, c’est le président actuel de ce pays qui sera auréolé par autant d’honneurs, de célébrations d’amitié par la France. La France d’un certain Charles De Gaule qui disait en son temps que son pays n’a pas d’amis, mais n’a que des intérêts. Et puisque cette assertion semble être toujours d’actualité à l’hexagone, on pourrait dire que la France a, enfin, pu sauvegarder ses intérêts au Mali où elle est engagée depuis 2013, officiellement, dans une guerre contre le terrorisme. Beaucoup de Maliens pensent qu’IBK a beau être ami de longue date de François Hollande, Michel Tomi ; il a beau aimer la Sorbonne, il ne pouvait pas être autant célébré.
L’explication est donc à chercher ailleurs. Peut-être dans la gestion de la crise malienne. La gestion de cette crise a été bonne à en croire l’Ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson, lequel soutient que la sortie de la crise a été rapide et exceptionnelle. ‘’C’est une première pour le Mali qui est ainsi honoré et, à travers lui, son président, Ibrahim Boubacar Kéita, qui entretient de solides relations d’amitié et de fraternité avec son homologue français, François Hollande’’, écrivait le jeudi un confrère.
On est bien loin des souvenirs d’un certain 17 mai 2014 quand le Premier ministre d’alors Moussa Mara s’était aventuré dans le désert Kidalois alors que son gouvernement n’avait toujours pas ouvert les négociations avec les groupes armés du Nord malgré l’impatience de la communauté internationale. Oui, on est bien loin de là puisqu’entre temps, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Il y a eu bien sûr cette signature de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation nationale, les 15 mai et 20 juin 2015, au Centre international de conférence de Bamako (CICB). A la veille du dernier round des pourparlers ayant abouti à cet Accord, le président Hollande prévenait qu’il voulait un accord maintenant. Le message fut adressé à IBK et aux chefs rebelles de la CMA. L’accord a été alors accouché et depuis la signature de cet accord, tout semble aller sur des roulettes.
Des missionnaires du gouvernement malien sont bien accueillis à Kidal pour étudier les besoins de la population ; la CMA et la Plateforme qui célèbrent la paix des braves à Anefis ; l’école qui reprend ses droits à Kidal ; le ministre français des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin qui vient annoncer à Bamako l’annulation d’une grosse dette française envers le Mali ; le FMI qui n’est plus aux trousses du gouvernement malien ; le couperet Tomi rangée dans les placards et l’apothéose sera bien entendu la visite historique d’Etat du président IBK en France.
On apprend même qu’au cours de cette visite, la France va verser 300 millions d'euros supplémentaires d'aide au Mali. Soit 196,5 milliards FCFA. 300 millions d'euros supplémentaires d'aide au Mali, notamment pour le développement du nord du pays. «On va annoncer environ 300 millions d'euros jusqu'en 2017, dont une partie substantielle pour le Nord, où l'ex-rébellion à dominante touareg et les groupes armés pro-gouvernementaux viennent de sceller la paix », a déclaré le vendredi une source diplomatique française.
Cette somme, dont le versement va s'étaler de la mi-2015 à la fin 2017, s'ajoutera aux 300 millions d'euros de prêts et aides déjà accordés par la France lors de la conférence des donateurs pour le Mali en mai 2013 à Bruxelles. La France présentera cette nouvelle aide lors d'une conférence de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour la relance économique et le développement du Mali, jeudi, à Paris. L'Union européenne, principal bailleur du Mali, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) feront aussi des annonces à cette occasion.
IBK a été reçu à plusieurs reprises en France depuis son élection, notamment lors d'une visite officielle en octobre 2013, mais il aura droit cette fois-ci à tous les honneurs d'une visite d'Etat.
La visite d'Etat du président malien «tombe à un moment important dans le règlement de la crise malienne avec une accélération de la mise en œuvre des accords d'Alger depuis septembre après des débuts difficiles cet été», a souligné la source diplomatique française.
On comprend bien qu’il y a bien une relation de cause à effet par rapport à cet Accord pour la paix.
Sa signature nous vaut aujourd’hui une célébration par la France. Un accord dans lequel beaucoup de Maliens, notamment l’opposition, voient les germes d’une future partition du pays.
« Malgré les dénégations du président et du gouvernement il n'y a pas l'ombre d'un doute : l'Accord d'Alger fera du Mali (s'il est appliqué tel quel) un État fédéral. Dans cette nouvelle fédération du Mali, les Régions-États seront dirigées par des présidents élus au suffrage universel direct qui sont à la fois chefs du législatif, de l'exécutif et de l'administration. Or la démocratie repose sur la séparation des pouvoirs et la décentralisation est synonyme d'organisation des contre-pouvoirs locaux », disait Tiébilé Dramé le 9 octobre 2015 à la Maison de la presse.
C’est peut-être pour cette raison que le rebelle Mahamadou Djéri Maïga félicitait le 20 juin 2015 au CICB, le président IBK pour avoir réalisé ce qu’aucun de ces devanciers n’a pu faire ! Un rebelle qui ne jure que par la partition du pays qui félicite un président de la République pour avoir signé un accord où il trouve son compte ? Ça veut dire ce que ça veut dire.
A. V. S. D.
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