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Coup d’Etat du 17 septembre au Burkina Faso : Diendéré, Bassolé, Soro Guillaume et le Mnla dans le collimateur des enquêteurs
Publié le mercredi 21 octobre 2015  |  Le Reporter
Mali:
© AFP par AHMED OUOBA
Mali: les négociations entre les autorités maliennes et les groupes armés touareg ont été reportées en raison d’un blocage de dernière minute
Vendredi 7 juin 2013. Burkina Faso. Ouagadougou. Les mouvements touareg, avait pris place dans la grande salle du palais présidentiel censée abriter les discussions. Photo: Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du Mouvement national pour la libération de l`Azawad (MNLA)




Après le coup d’Etat raté au Burkina Faso, plusieurs éléments du désormais défunt Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) ont été arrêtés. Les plus connus sont le général Gilbert Diendéré, le médecin-colonel Mamadou Bamba, le général de gendarmerie Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères sous Blaise Compaoré. Un seul enseignement à tirer de ce coup d’Etat : le peuple est invincible.
«Les individus peuvent faillir, les gouvernements peuvent faillir, mais le peuple est vraiment maître de son histoire quand il décide de se battre», disait Siméon Compaoré, ancien maire de Ouagadougou, non moins 2ème vice-président du MPP. Avec les enquêtes en cours, on prend conscience des ramifications de ce coup d’Etat. C’est ainsi que des sources proches du dossier révèlent l’implication des responsables du Mnla, de Soro Guillaume et d’autres personnalistes africaines.
Djibril Yipènè Bassolé, médiateur devenu putschiste

Il est connu pour sa participation à la résolution de plusieurs conflits en Afrique. Il a représenté le Burkina Faso à l’international non seulement en tant que chef de la diplomatie burkinabè, mais également pour le compte de l’ONU et de l’Union africaine. Il a été ministre de la Sécurité et ministre des Affaires étrangères. Il est actuellement envoyé spécial de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) pour la paix au Sahel. C’est quelques mois après la chute de Compaoré qu’il a eu ce poste. Connaissant les Burkinabè, il n’a plus voulu faire chemin avec le CDP, le parti de Blaise Compaoré. Il voulait se présenter en candidat indépendant et avait déjà commencé à intégrer les milieux musulmans, profitant de son poste à l’OCI. Il avait, en tant que candidat indépendant, eu l’aval de 30% de l’électorat, car avec la bénédiction de ses bailleurs, il pouvait se faire élire en complicité avec certains anciens camarades du CDP.
Bassolé avait toujours de très bonnes relations avec Saran Sérémé, qui lui a filé pas mal d’informations. Mais, avec le coup d’Etat raté du 17 septembre 2015, son plan a été découvert par les services de renseignements burkinabè. Djibril Bassolé est accusé d’avoir passé deux présumés coups de fil, l’un avec le général Diendéré, avant son arrestation le 29 septembre, et l’autre, d’une durée de quinze minutes, avec Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Avant tout cela, Bassolé avait préparé plusieurs mosquées du pays, des Imams et des centaines d’associations de musulmans pour sa cause. Tous ceux-ci se sont cachés dans son fief qui était Bobo. Mais, dès l’annonce de son arrestation pour coup d’Etat, des jeunes partisans ont commencé à délier leur langue.
Soro Guillaume, un nouveau faiseur de rois

Ancien leader estudiantin connu pour ses micmacs dans la rébellion ivoirienne, Soro a tué plusieurs de ses compagnons militaires et civils pour le pouvoir. De Secrétaire général de la branche politique, il est devenu Secrétaire général tout court des rebelles ivoiriens. Son dernier acte qu’il fait semblant d’oublier, est l’assassinat d’Ibrahim Coulibaly dit IB et cela, afin d’éviter les querelles de leadership sous Ouattara. Soro est des rares jeunes africains issus des mouvements estudiantins à avoir comme premier poste, celui de Premier ministre. Aujourd’hui président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire, il est aussi Secrétaire politique du candidat Ouattara, avant son adhésion au RDR. De loin, il surveille la sous-région et donne ses points de vue sur les crises en Afrique de l’Ouest. Lui qui avait une connexion avec Moussa Dadis Camara via son ami et fidèle compagnon Sidiki Konaté, n’a pas fini de tisser des relations avec les putschistes. Il veut être un faiseur de rois aussi.
Les Burkinabè ont capté ses conversations téléphoniques jugées capitales dans la préparation du coup d’Etat. Plusieurs jeunes du RSP et des proches de Blaise Compaoré ont eu des échanges téléphoniques avec le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Selon certaines sources proches de l’enquête, tous ces éléments de preuve ont été présentés à l’ancien chef de la diplomatie burkinabè lors de son audition par le juge d’instruction chargé du dossier. Dans le cadre de cette enquête, la villa de Guillaume Soro à Ouagadougou a été perquisitionnée le 6 octobre dernier. Informé de la perquisition de sa villa, l’entourage de Soro indique qu’il va répliquer au moment venu. Attendons donc cette réplique du faiseur de rebelles devenu faiseur de rois.
Le Mnla en quête de nouveaux marchés africains

Plusieurs dirigeants du Mnla vivaient à Ouagadougou, au point que la capitale du Burkina Faso était parfois considérée comme une base-arrière de la rébellion touarègue au Mali. Une semaine avant le coup d’Etat raté de Diendéré, sur les réseaux sociaux, qu’on pouvait lire ceci : «Bientôt, une bonne nouvelle en provenance de Ouagadougou». Ce message a fait le tour du net. Le jour même de l’arrestation du président Kafando et de ses ministres, la joie était totale sur les pages facebook des leaders des rebelles armés maliens. Certains ont même dit qu’il y a eu la participation du Mnla au coup d’Etat. Ils ont cité les responsables du RSP qui étaient en contact avec eux. Comme dans un film, toutes les actions du général Diendéré étaient annoncées et cela ne pouvait pas être un fait du simple hasard.
Mamadou Djéri Maïga, l’homme des sales besognes des Touaregs rebelles, c’est encore lui qui est soupçonné dans cette affaire. Il est arrivé à Ouagadougou 72 heures avant le coup d’Etat, mais il n’a pas profité de l’ouverture des frontières. Il est resté en contact permanent avec Djibril Bassolé qui l’aurait mis en relation avec Diendéré. Leur mission devait être de sécuriser le palais, les résidences des proches, parents du RSP et les membres du CDP. Les hommes du Mnla devaient rester à l’intérieur des maisons et résidences et certains avaient même commencé ce travail, jusqu’à l’arrestation de Bassolé. Les éléments du Mnla ont été retrouvés en faction au domicile de Bassolé. Le tout était piloté par Djéri Maïga qui reconnaît actuellement le gouvernement malien pour avoir sauvé deux fois. Tout comme à Abidjan, où il avait été arrêté avec une forte somme d’argent, le vice-président du Mnla a également été interrogé à Ouaga au moment où il voulait quitter le pays. Les responsables du Mnla, qui sont aujourd’hui dans la logique de la paix retrouvée, pensent que le monde est un marché. Ils se voyaient déjà dans une nouvelle conquête, un marché, selon leur propre terme. Ils doivent désormais se rendre compte de l’évidence.
Interrogé par nos confrère de Jeune Afrique, voici ce que Mahamadou Djéri Maïga dit de ses relations avec Diendéré : «Vous ont-ils interrogé sur vos liens avec Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé ? Oui, mais la dernière fois que j’ai vu Bassolé, c’était à Alger, le 5 juin. On ne s’est jamais téléphoné. Quant à Diendéré, il était notre seul interlocuteur depuis le départ de Blaise Compaoré. Nous ne connaissons pas les nouvelles autorités. Nous étions donc en contact. Je lui faisais des comptes-rendus de nos réunions à Alger. Rien de plus. Diendéré ne nous a jamais demandé de l’aider. D’ailleurs, dès que le RSP [Régiment de sécurité présidentielle] a été dissout [le 25 septembre], la Cma m’a demandé de rompre avec lui et je le lui ai dit. Nous ne sommes mêlés ni de près ni de loin à ces choses. Aujourd’hui, nous voulons la paix dans notre pays et partout en Afrique».
Des accusations contre Diendéré et Bassolé

Au Burkina Faso, Djibril Bassolé est dans le viseur de la justice militaire qui vient d’ouvrir une enquête après le putsch manqué du 17 septembre contre le régime de transition. Guillaume Soro a été également cité dans l’affaire. Selon les magistrats militaires, Djibril Bassolé, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, est l’un des principaux acteurs du coup d’Etat commandité par l’ex-Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) et conduit par le général Gilbert Diendéré. Rappelons que Djibril Bassolé et le général Diendéré sont inculpés pour l’instant pour trois chefs d’accusation : attentat à la sûreté de l’État, haute trahison et collusion avec des forces étrangères. Ils ont été placés sous mandat de dépôt le 6 octobre dernier à Ouagadougou.
B.O et K.T
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