Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Lettre à mon oncle Bass, Cher oncle
Publié le mardi 27 octobre 2015  |  Le 26 Mars




Salamaleck ! Toutes mes excuses, pour n’avoir pu, depuis plusieurs semaines, t’envoyer de lettre aucune. Mais, puisque tu peux le constater, je conserve encore ma carcasse de misère. Seulement, comme tu le sais, de nos jours, même les marabouts ne peuvent plus, pour gagner leur pain, se donner le luxe de rester assis.
C’est ainsi que, depuis plusieurs semaines, le désespoir m’a conduit à de Niono, afin d’y chercher un emploi. Ne serait-ce que temporaire. Rapidement, j’ai pu être embauché dans les rizières d’un “en haut”. Hélas, après seulement quelques jours de travail, j’ai été foudroyé par la malaria, et mes gains, (10 000 FCFA) n’ont même pas suffi pour me soigner.

C’est alors que j’ai décidé de rentrer à la maison à Fantambougou-Bamako. Parce que, tonton, il vaut mieux rester esclave de la misère, qu’esclave d’un mortel.

Et je plains toutes ces gens qui, pour bénéficier de privilèges ou les conserver, n’ont plus de notion d’honneur et de dignité. Au point de se prosterner, non pas devant Allah, mais plutôt devant des mortels comme eux. Honte à eux tous !

Revenant à moi et à la troupe familiale, je suis heureux de te dire que l’indésirable minibus noir n’a emporté personne là-bas à Lahara. ‘’Alhamdoulilahi’’ !

Que Dieu mette en chômage et pendant très longtemps ces conducteurs de minibus noirs. Amen.

J’espère aussi que tu te portes très bien et que ton dos de docker est toujours apte à tenir sous le poids des charges au port de Dakar.

Walahi oncle Bass, il faut que tu tiennes encore, car ici dans la famille à Fantambougou, personne n’a encore… ‘’Percé.’’

Des 58 membres de la troupe familiale, aucun n’est encore à même de contribuer au fonctionnement de la marmite.

Alors, sans toi (et bien sûr Dieu), nous sommes tous cuits.

C’est vrai que pour ma part, je continue de me battre et de me débattre, mais, toi-même tu sais, le Mali d’aujourd’hui est une véritable jungle où les puissants ne laissent aucune chance aux faibles.

Mais, je garde comme un sacerdoce cette pensée de Vigny : « gémir, pleurer, prier est également lâche, fait énergiquement ta longue et lourde tâche, dans la voie ou le sort a voulu t’appeler, puis, après, comme moi, souffre et meurt sans parler ».

Seulement, dans mon cas, je parlerai. Car ma langue est un bien précieux et tant que les cordes qui l’animent fonctionneraient (j’espère jusqu’à l’ultime soupir), j’en ferai usage et feu de tout bois.

Même si, ces moutons de la République, ces vampires de la pire espèce, ces cannibales qui volent et pillent impunément les biens communs à tous, sont si fiers (parce que sans vergogne) qu’ils ne souffrent point de nos (nous d’en dessous) regards de mépris et de nos crachats.

Parce que, entre la dignité et les biens mal acquis, ils ont choisi ces derniers.

Pendant ce temps et pour nous narguer (comme toujours), nos ‘’en haut d’en haut’’ continuent de célébrer leur mois d’Octobre, le mois dit de la solidarité. Une brève occasion pour ce Ministère dit de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du nord de donner l’impression d’avoir une raison d’être.

Solidarité ? Où, quand, au profit de qui ? Plutôt solidarité entre les ventres de ceux qui animent le département.

Actions humanitaires ? Rien que de pitoyables mises en scènes pour, en échange de poignées de mains, de noix de colas et de quelques misérables billets de banque, obtenir des clichés pour les propagandes politiques.

Aussi, à propos de personnes âgées, Allah Akbar ! Il n’y en a même plus (presque plus) dans ce pays. L’écrasante majorité ayant été zigouillée par la faim, la soif, la maladie, la misère et le désespoir.

En tous les cas, gare à celui qui tentera de franchir notre portail de Fantambougou pour se faire photographier ou filmer avec grand-mère.

Il avalera ses colas, avant que je ne l’assomme à l’aide de mon gourdin. Walahi, Bilahi, je jure. !

Eh oui, mon pauvre Bass, la misère des « en bas » constitue un véritable fonds de commerce politique pour nos « en haut ».

Cependant, rien de tout ça ne saura nous distraire, ni créer en nous de faux espoirs.

La solidarité Tonton ne se décrète pas. C’est un comportement quotidien.

Ah ! J’oubliais de te signaler que le ‘’Prince du Mandé’’ a effectué un voyage de 2 jours à Paris la semaine dernière. Dans ses bagages, il a ‘’emporté’’ plusieurs ministres et nombre d’opportunistes, valets et courtisans pour grossir sa délégation. C’est dit-on, la première visite d’Etat qu’effectue Koro Simbo en France d’où il reviendra avec dans la ‘’Calebasse’’ nationale une aumône d’au moins 360 millions d’Euros.

De quoi réjouir l’écrasante majorité de ce peuple que nous les maliens d’en bas sommes ? Walahi, bilahi, je jure, il ne faut pas rêver !

Enfin, oncle Bass, je t’informe que la ‘’Coordination des Mouvements de l’Azawad’’ a accepté cette année (après 3 ans) l’ouverture des écoles à Kidal. Mais, au dernier moment, elle a refusé que les écoles soient assistées et gérées par l’administration scolaire malienne.

Renversant ?,

Que Dieu sauve le Mali et les ‘’certaines choses’’ de ses nageurs. Amen.

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo !
Commentaires