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L’honorable Mody N’Diaye : «La France doit sortir aujourd’hui en tant qu’intervenant dans le Cfa»
Publié le mercredi 28 octobre 2015  |  Le Reporter




Le 4ème numéro de l’émission «Le grand débat économique» présentée par Issa Fagaba Sissoko avait comme invités l’honorable Mody N’Diaye, économiste, et Abdoulaye Niang, directeur du Centre de recherche et d’études stratégiques (Sènè). Le thème principal de ce numéro était «quelle est la faisabilité pour un pays comme le Mali de frapper sa propre monnaie». C’était le samedi 24 octobre à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali.

En parlant de l’histoire du franc Cfa, l’honorable Mody N’Diaye a expliqué cette monnaie existait déjà depuis 1939 sous l’appellation de franc des comptoirs français d’Afrique. Selon lui, officiellement, au moment où étaient ratifiés les instruments concernant les accords de Bretton Woods, ils ont adopté le franc Cfa sous l’appellation des colonies françaises d’Afrique… Il dira que le 17 octobre 1946, ils ont procédé à une dévaluation du franc français vis-à-vis du Cfa et un Cfa représentait 2 franc français. Aux dires toujours de Mody N’Diaye, de 1958 à 1960, ils ont modifié l’appellation en introduisant la notion de communauté française d’Afrique.

Selon l’honorable N’Diaye, ce qu’il faut retenir, juste avant les indépendances, le franc Cfa était un franc qui était mis en place par les Français qui en assuraient l’émission, le contrôle et la gestion. À partir des indépendances, avec la création des banques centrales au niveau de la zone Uemoa et de la zone de l’Afrique centrale, il y a eu deux types de franc Cfa. Le franc Cfa de l’Uemoa qui s’appelle le franc de la communauté financière d’Afrique et le franc Cfa de la Cemac (communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) appelé franc de la coopération financière d’Afrique.

Pour Abdoulaye Niang, le franc français a été dévalué par rapport au dollar. C’est ce qui fait que l’histoire du franc Cfa, selon lui, est intimement liée à la colonisation parce que la France, considérant que ses colonies étant en pacte canonial, a décidé de créer le franc Cfa avec une parité qui permettait d’absorber le choc financier dû à la dévaluation du franc français par rapport au dollar. Il a indiqué que la parité du franc Cfa et du franc français favorisait les importations des colonies. Aux dires d’Abdoulaye Niang, aujourd’hui, l’Afrique est sous l’emprise de la France et la France est sous contrôle de l’Union européenne.

Le franc Cfa a-t-il servi à quelque chose pour nos économies ? Selon l’honorable Mody N’Diaye, il est à noter qu’aujourd’hui par rapport à notre économie dans l’espace Uemoa, il y a une relative stabilité au niveau des prix. Ce qui constitue un avantage pour lui. À cela, s’ajoute un mécanisme de surveillance unilatérale et multilatérale qui constitue aussi un avantage. Il dira que les relations qui excitaient entre la France et nos pays sous le Cfa ont évolué. Avant d’ajouter que la France a décidé unilatéralement d’arrêter la convertibilité parce qu’on était dans une logique où on ne contrôlait pas bien la politique monétaire pendant les années 1993. L’honorable N’Diaye a expliqué que la masse monétaire des pays Uemoa, Cemac, les Comores et les îles du pacifique ne représente que 3% de la masse monétaire de l’Europe. Le 2ème inconvénient, selon lui, c’est qu’on ne peut plus utiliser le tirage des billets pour financer nos économies.

Abdoulaye Niang, réagissant aux propos de Moussa Mara selon lequel le Cfa nous a permis d’avoir une rigueur de gestion, estime que si en 55 ans on n’est pas capable d’être rigoureux, ce n’est pas la peine. «S’il faut aller à la France pour nous imposer la rigueur, c’est très grave. Nous avons appris à faire de la coopération monétaire. Notre coopération monétaire avec la France est négative, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas eu de finalité positive là-dans», a-t-il déclaré.

Comment se servir des inconvénients du Cfa pour un nouveau départ ?
Pour Mody N’Diaye, la coopération monétaire avec la France nous a permis au jour d’aujourd’hui d’avoir d’un mécanisme, d’être outillés pour éventuellement prendre en charge notre propre destin. «La France doit sortir aujourd’hui en tant qu’intervenant dans le Cfa. Elle peut être là en tant que conseiller comme le FMI le fait dans certains pays. La France peut nous aider. Mais je crois que le France ne doit plus être un acteur», a-t-il déclaré.

Le Mali peut-il créer sa monnaie ? Abdoulaye Niang répond : «Le Mali est un pays riche. Le Mali peut créer sa propre monnaie, mais il n’a pas intérêt à ça. Il peut le faire parce que, s’il réforme son code minier, il peut avoir suffisamment de réserves en or pour garantir sa monnaie.» Selon l’honorable N’Diaye, si c’est en terme de création de monnaie, cela ne pose aucun problème. Pour lui, l’essentiel consiste à circonscrire le rôle de la France dans cette opération. «Je milite pour qu’on abandonne le rattachement de notre Cfa à l’Euro», a-t-il déclaré.

Diango COULIBALY
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