Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Acteurs politiques et de la société civile réagissent aux menaces du pouvoir contre l’opposant Tiebilé Dramé
Publié le vendredi 30 octobre 2015  |  Le Républicain
Me
© Autre presse par DR
Me Demba Traoré, ministre du Travail de la Fonction publique chargé des Relations avec les institutions




« C’est une remise en cause des acquis de la démocratie »
Le président de la République Ibk traite ses opposants de «Malobaliw » et Tiebilé Dramé de « petit monsieur » avec des menaces en plus. Pour des acteurs politiques et de la société civile, cette impertinence est intolérable de la part du président de la République. C’est un recul, une remise en cause des acquis de la démocratie. Lire les réactions.

Sy Kadiatou Sow, présidente de l’Adema Association :
« J’ai été personnellement déçue que notre camarade Ibrahim Boubacar Keïta n’accepte pas la critique »

Je pense qu’il faut aller au-delà de la personne de Tiébilé Dramé. C’est une façon de dire à tous ceux qui ne sont pas d’accord de se tenir tranquilles. On ne peut admettre que les acquis de la révolution de mars 91 soient mis en cause. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un canular jusqu’au moment où j’ai vu et entendu le porte-parole du gouvernement lire le communiqué à la télé. C’est dégradant pour notre pays. Quand on est serein et qu’on n’a rien à se reprocher, on ne réagit pas comme ça. Si vous écoutez les radios, c’est clair que les gens ont des préoccupations qui ne sont pas prises en compte. C’est la gestion du pays qui est décriée aujourd’hui. J’ai été personnellement déçue que notre camarade Ibrahim Boubacar Keïta n’accepte pas la critique. Aujourd’hui, c’est Tiébilé, demain ça peut être quelqu’un d’autre.
-------------------------------------------------------------------

Me Demba Traoré, chargé de communication de l’URD, avocat au Barreau malien, ancien ministre et ancien député à l’Assemblée Nationale du Mali
« C'est lamentable et intolérable de la part du président de la République »
J'ai été complètement abattu quand j'ai entendu les propos du président de la République traitant les opposants de «Malobali » et traitant l'honorable Tiebilé Dramé de « petit monsieur » avec tout le cortège de menaces qui a suivi.

C'est lamentable et intolérable de la part du président de la République comme pour le Mali. Je condamne ces propos avec la dernière énergie. J'invite humblement le président de la République à s'excuser publiquement pour avoir tenu des propos qui mettent en danger la liberté d'expression voire la démocratie. Si en plus des scandales financiers nous devons cohabiter avec des dérives verbales du genre, la République est plus qu'en danger. Faut-il rappeler que c'est dans les sociétés archaïques qu'on retrouve des systèmes politiques dans lesquels le pouvoir s'efforce de comprimer la contestation, voire de l'annihiler.

Or certaines cités de la Grèce antique (le président étant friand des locutions gréco-latines) ont expérimenté des institutions dans lesquelles, non seulement le pouvoir accepte la contestation, mais s'attache à l'utiliser pour le fonctionnement même des mécanismes politiques. … L'article 12 de cette loi précise que : " l'opposition politique a le devoir de suivre l'action gouvernementale, de la critiquer de façon objective et constructive dans le sens du renforcement de l'idéal démocratique et du progrès ". C'est ce que l'opposition fait et continuera de faire sans honte ni crainte. Dès lors, le président de la République doit accepter les critiques de l'opposition qui ont toujours été faites dans le respect de l'autre sans écart de langage. En réponse à toutes les questions et critiques pertinentes de l'opposition nous avons toujours eu droit à des propos discourtois et injurieux qui nous ont finalement conforté dans notre position de croire que l'arrogance, la mal gouvernance, la gabegie, la corruption, le népotisme sont devenus la marque de fabrique de ce régime. C'est là que les faits sont vraiment têtus. Au lieu de trouver des solutions aux préoccupations des maliens si nous devons être entraînés vers des dérapages qui frisent la honte et le ridicule… Le Président de la République doit comprendre du haut de son magistère que la violence n'a jamais réglé un problème. Au contraire, elle en crée aux conséquences incalculables.
--------------------------------------------------------
Nancoma Keïta, ancien ministre et secrétaire politique du RPM
« La façon de le faire de Tiebilé, est devenue un acharnement »
Je ne pense pas que ce soit des menaces. C’est des mises au point pour que chacun soit dans son rôle. S’il y a des choses à dire, Tiébilé s’y prend mal et sa façon de le faire est devenue un acharnement.
-------------------------------------------------
Amadou Koïta, président du Ps Yéelen Coura
‘’ Au Mali, nous voulons la force de l’argument, mais non l’argument de la force’’
Contrairement à certains pays africains le débat politique au Mali a toujours été empreint de courtoisie parfois d’adversité, mais jamais d’animosité entre les acteurs politiques. C’est pourquoi je suis surpris par la réaction du président IBK qui durant tout son parcours politique a certes été un homme politique ferme dans ses prises de positions, mais toujours courtois, c’est en cela qu’on a connu le militant et homme politique IBK. Pour ma part, j’invite les hommes politiques maliens dont le combat nous prévaut d’être dans le concert des nations plurielles et démocratiques à être les garants de ce précieux bien. Au Mali, nous voulons la force de l’argument, mais non l’argument de la force.
-----------------------------------------------------------------
Hamma Barry, leader de l’UNEEM et membre de l’AMSUNEEM
« Seuls les dictateurs et ceux qui ont des choses à se reprocher ont peur d’une opposition crédible»

Attendons de voir les résultats de cette visite d’Etat. D’abord, de mémoire de citoyen, rarement un chef d’Etat s’est rabaissé jusqu’à insulter un opposant et à le menacer publiquement. Ensuite, on ne peut pas insulter les opposants et se glorifier d’avoir une démocratie exemplaire qui honore la mémoire des meilleurs maliens qui sont morts pour l’avènement de la démocratie et que Moussa Traoré a canardé comme des mouches.

Le camarade Dramé ne fait que son travail de militant, et cela, depuis qu’il était étudiant. Il ne fait que son travail d’opposant politique. Et si l’on veut éviter à ce pays un sort malheureux comme dans d’autres pays, nous devons écouter l’opposition et travailler avec elle. Seuls les dictateurs et ceux qui ont des choses à se reprocher ont peur d’une opposition crédible. En tout état de cause, on ne nous fera pas peur dans ce pays. Nous avons connu Tiécoro et Kissima. Nous avons, aussi, connu Moussa Traoré. Il faut qu’on nous laisse en paix et qu’on comprenne que nous sommes des citoyens. Nous avons le droit de ne pas être d’accord. Dans la génération Cabral, nous ne connaissons pas la peur.
---------------------------------------------------
Me Seydou Coulibaly, bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali
‘’ Ce sont des affaires politiques’
Le barreau ne se mêle pas de ça. Ce sont des affaires politiques. Moi, j’ai des interdits.
----------------------------------------------------

Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale
« Ça m’a littéralement choqué »
Ça m’a littéralement choqué. J’ai préparé une réaction que je publierai dans les journaux ».
---------------------------------------------------------

Dramane Diarra, président du réseau APEM
« Il y a une médiocrité dans ce gouvernement avec des propos malencontreux »
Cette affaire est une affaire purement politique. Je pense que ce n’était pas opportun que le président, au retour d’une visite aussi importante, fasse allusion à une seule personne. Au lieu que les Maliens comprennent le sens de la visite, la suite a été néfaste avec ces propos à l’endroit de Tiébilé. Comme Tiébilé a pu se défendre avec ses preuves, on ne peut pas le condamner parce qu’il s’est exprimé. C’est ce communiqué du gouvernement que je n’ai pas du tout apprécié dans la forme comme dans le fond. Le communiqué n’avait pas un caractère sérieux. C’était à l’état major politique du RPM de réagir. Il y a une médiocrité dans ce gouvernement avec des propos malencontreux.

Soumana Sako, ancien Premier Ministre, président de la CNAS FASO HERE
« Il n’y a pas pire danger pour une jeune démocratie comme la nôtre que la recherche effrénée de l’unanimisme, l’étouffement du débat contradictoire et les velléités de caporalisation du corps politique et de la société civile »

Sous un régime démocratique, la liberté d’opinion et d’expression est l’un des droits constitutionnels reconnus à tous les citoyens. Le multipartisme intégral que le Peuple malien a arraché de haute lutte le 26 mars 1991 permet la libre expression des divergences politiques et favorise la résolution pacifique des conflits et des contradictions. Le jeu institutionnel normal prévoit que l’Exécutif gouverne et que les partis d’opposition jouent certes un rôle de propositions alternatives par rapport aux choix du Gouvernement, mais aussi un rôle de sentinelle pour dénoncer d’éventuels abus et dérives de la part des pouvoirs publics.
Dans ce contexte, le Parena et son Président sont parfaitement fondés à critiquer l’action du Président de la République et de son Gouvernement, le Peuple, ou plus précisément les électeurs, étant libre d’apprécier la justesse ou la pertinence des prises de position des uns et des autres.

Le Président Ibrahim Boubacar Keïta, qui n’est certainement pas un novice en politique, ne peut pas ne pas comprendre que, même sous des régimes monolithiques, l’unanimisme politique réel n’existe pas. Exprimer publiquement des points de vue contraires à la ligne du Gouvernement, voire organiser des manifestations hostiles à l’action ou à la personne même du Président de la République ne fait pas de quelqu’un un ‘’petit Monsieur’’ ou un ‘’apatride’’. Nous parions que, avec le recul du temps et lorsque les passions se seront apaisées de part et d’autre, le Président Ibrahim Boubacar Keïta viendra à reconnaitre que le choix de cette expression pour vilipender le Ministre Tiébilé Dramé était plutôt mal inspiré et totalement inconvenant dans un contexte politique normal où le respect dû à la personne et à l’institution du Président de la République exige en retour que ce dernier s’abstienne de tout langage public qui soit incompatible avec la dignité attachée à la magistrature suprême de l’Etat.

Au demeurant, il n’y a pas pire danger pour une jeune démocratie comme la nôtre que la recherche effrénée de l’unanimisme, l’étouffement du débat contradictoire et les velléités de caporalisation du corps politique et de la société civile. Recourir à des tracts dans un régime démocratique même imparfait comme le nôtre est un symptôme d’absence de canaux formels de débats politiques publics contradictoires. Le Président de la République et son Gouvernement seraient donc bien avisés de faire en sorte que les media officiels soient plus ouverts au jeu politique normal et organisent des espaces de débats pluralistes accessibles à toutes les forces politiques et sociales reconnues. A contrario, l’utilisation abusive des media d’Etat par les pouvoirs publics pour vilipender des opposants politiques exerçant leurs droits constitutionnels reconnus est totalement inacceptable sous un régime démocratique.

Nous souhaitons vivement que les uns et les autres se concentrent plus efficacement, plus sereinement et dans un esprit de respect mutuel, sur les graves enjeux de l’heure, savoir, la ré-légitimation de l’Etat et la restauration de son autorité aux yeux des populations désabusées et désemparées, la reconstruction de nos Forces Armées et de Sécurité, la relance de l’économie pour un progrès ouvert à tous, la professionnalisation et la moralisation de l’Administration, la résolution de la crise du Nord, de l’école et de l’emploi, l’approfondissement et la consolidation du processus démocratique ainsi que la menace sur l’unité nationale, l’intégrité territoriale, la souveraineté et la laïcité de l’Etat.

La Rédaction







Commentaires

Titrologie



Le Républicain N° 4380 du 7/5/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment