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Tiébilé : la dérive sectaire
Publié le dimanche 1 novembre 2015  |  Info Matin
Centenaire
© aBamako.com par Momo
Centenaire du Président Modibo Keita.
Bamako, le 04 juin 2015 le parti US-RDA a organisé une conférence de presse sur le centenaire du Président Modibo Keita au mémorial Modibo Keita.




La joute verbale qui a suivi la visite d’État du président, IBK, en France soulève avec acuité la problématique de l’exercice des libertés publiques et pose, en filigrane, l’évaluation de notre processus démocratique. Où en sommes-nous, 25 ans après l’avènement de la démocratie ? Quelle démocratie avons-nous ? Et surtout quels démocrates sommes-nous, au-delà de toute prétention et déclamation ?
Cette épisode de notre vie démocratique que chacun vit et décrit suivant son climat politique, avec détachement ou gravité, doit nous interpeller chacun et tous. Par delà les accusations, par delà les dénégations et les justifications.
Après un froid compréhensible dans les relations entre notre pays et la France, du en grande partie aux remontées acides de l’opinion publique quant à la question de Kidal sur laquelle elle estime que la France n’a pas terminé le boulot, Bamako et Paris reprennent leurs relations, deux partenaires condamnés à cheminer ensemble, décident de donner un coup de pouce à leurs relations bilatérales. Le président Hollande invite son ami, le président IBK, pour une visite d’État. Une première, jamais réalisée par notre pays sous un autre chef d’État avait eu droit à cet honneur. L’équation, dès lors dans le landerneau politique, n’est pas quels seront les retombées économiques et diplomatiques pour notre pays, mais quels politiques et personnelles pour le président IBK. Mauvaise nouvelle pour ses adversaires : IBK qu’on donnait comme lâché par la France est remis en scelle par son ami Hollande ; cette visite d’État exceptionnelle, à lui accordée, le place désormais comme incontournable et intouchable, dans les bonnes grâces de la France.
Pour ceux qui comprennent quelque chose aux arcanes politiques, la pilule est amère à avaler, notamment pour des adversaires d’IBK qui ne pardonnent pas au peuple malien de l’avoir plébiscité. Alors, c’est le branle-le-bas de coups bas : « Chacun fait ce qu’il peut, là où il vit. »
Constant donc dans sa croisade haineuse contre le locataire du Palais de Koulouba, le Parena de Tiébile Drame, commence par faire des remarques sur le programme de la visite dont il dispose : au lieu d’aller sur la tombe de son arrière grand-père, IBK ferait œuvre utile de présenter ses condoléances aux familles des soldats français morts pour notre pays ! Cela était prévu, et le président IBK s’y est rendu, mais le Parena se garde bien de s’en réjouir !
Ne pouvant se contenter de la liberté d’expression et d’action qu’offre l’espace démocratique, le Chef de l’enclos, Tiébilé Dramé, a décidé lui même de débarquer à Paris pour jouer les trouble-fêtes et les rabat-joie, en vérité pour faire plus mal. Et pour cause ? Réponse du Parena : « l’opinion mondiale est plus accessible à Paris qu’à Bamako. Et celle-ci est plus prompte à influencer le comportement de nos dirigeants, et même les maliens tout court ».
On manipule des organisations crédules de défense de droits de l’homme ; on subvertit les ressortissants de Yélimané ; on fabrique et distribue des tracs, on instrumentalise une marche… pour dit-on dénoncer la gestion du régime, avec en toile de fond, un message à la communauté internationale réunie à l’occasion de la conférence des donateurs de Paris : ce pays-là est entre les mains des corrompus, ne lui donnez pas votre argent !
Quel que soit le président à la tête du Mali, quel Mali ne dénoncerait pas cet activisme irresponsable et improductif ? Aussi, le président IBK devant les Maliens de France tout comme à son retour à Bamako l’a fustigé, en appelant l’instigateur principal, Tiébilé Dramé à arrêter d’attenter à la République : « je dis à ce « Petit monsieur » qu’il est temps d’arrêter. Qu’il est temps d’arrêter d’attenter à la République. Il y a des lois, il y a des règles en démocratie.
Je suis le Chef de l’État, pour tous ceux qui viendraient à l’oublier, je le dis haut et fort : le Capitaine du bateau a la barre en main, il la tient fermement et nul ne l’ébranlera. »
Comme une réponse du berger à la bergère, le « Petit Monsieur » du PARENA s’est fendu d’une réaction épidermique et injurieuse sur Internet en lançant au président IBK : « accuser gratuitement, mentir est susceptible du « hakè », punition divine sanctionnant l’injustice et le mensonge… je suis, en effet, arrivé à Paris, le lundi 19 octobre pour des raisons strictement privées.
De mon arrivée au retour du président au Mali, je n’ai pris contact avec aucune autorité française (vous pouvez vérifier, Mr le président), avec aucun homme politique français, de gauche comme de droite, avec aucun journaliste africain ou français, avec aucun homme politique malien (pas même les dirigeants du PARENA à Paris). Je n’ai participé à aucune réunion, à aucune concertation.
Je n’ai, par conséquent, évoqué l’Accord d’Alger avec qui que ce soit ni participé à la conception ou à la diffusion d’un quelconque tract.
Si j’avais voulu » saboter » votre « visite » Mr le président, je ne me serais pas limité à la diffusion d’un tract, je me serais organisé autrement. »
Beaucoup ont pu déplorer la tonalité de l’échange tant il ne reflète pas la fraternité et convivialité entre les acteurs politiques et le climat jusqu’ici apaisé de notre démocratie. Beaucoup aussi n’ont pu mettre les faits dans leur contexte avant de donner leur opinion. Mais tous, nous sommes sûrs, sont préoccupés et attachés à la vitalité de notre démocratie et à l’exercice des libertés qu’elle confère.
Y a-t-il eu excès ? Si oui, de la part de qui ?
Le « Petit Monsieur » du Parena qui dénonce et médit intempestivement sur le régime est dans son rôle, celui d’opposant qui doit critiquer et proposer une alternative. Dans cet exercice, il ne peut et ne doit être ni intimidé ni entravé par le régime. La constitutionnalité du libre jeu démocratique impose : « les partis concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent librement leurs activités dans les conditions déterminées par la loi. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale, de la démocratie, de l’intégrité du territoire, de l’unité nationale et la laïcité de l’État. »
Toutefois, la Charte des partis politiques est toutefois très précise quant à la limite de l’exercice du jeu politique : « Les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité́ et à l’ordre public, ainsi qu’aux droits et libertés individuels et collectifs… »
En allant à Paris distribuer des tracts au moment où se réunit la Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali, « Bâtir un Mali émergent », Tiébilé Dramé et ses partisans n’ont pas fait preuve de perspicacité et de zèle en matière de défense et de sauvegarde des intérêts supérieurs de la Nation. Or, la défense de l’intérêt national est d’ordre public, puisque d’essence constitutionnelle : « La défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen. » (article 22 de la Constitution)
En dénonçant aussi la « petitesse » et l’irresponsabilité d’un opposant dont les agissements attentent à la République le président de la République, Chef de l’État, est dans son rôle de premier de gardien de la Constitution, de protecteur et garant de la souveraineté, de l’unité nationale, de la cohésion sociale, des intérêts supérieurs de la nation, bref de la crédibilité de l’État et de son autorité (article 29). Le contrat qui le lie au peuple lui impose, outre préserver les acquis démocratiques, de remplir ses fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple.
Malgré les exorbitants pouvoirs que lui confère la Constitution, le président de la République n’est pas un Deus ex machina. Il est lié par son serment constitutionnel de préserver les acquis démocratiques, dont la liberté d’expression et de manifestation.
Le président IBK a-t-il décrété une quelconque interdiction à Tiébilé quant à l’exercice de ses droits civiques et politiques ? En le rappelant à l’ordre et au respect de la légalité, le garant de la Constitution est aussi dans son rôle, de capitaine à la barre qui veille à la préservation des acquis démocratiques qui ne peuvent subsister sans un apaisement du climat politique, sans un respect et une tolérance politiques, une courtoisie et une civilité dans le débat démocratique que nul ne souhaite à sens unique.
De notre pôle d’observation de la vie politique nationale, depuis deux décennies, nous nous sommes toujours inquiétés d’une forme sournoise et hypocrite d’intolérance et d’exclusion. La pluralité de notre démocratie n’est, en réalité, qu’une juxtaposition qui ne dit pas son nom de partis politiques uniques aussi sectaires et exclus les uns que les autres. Selon l’enseignement de l’Ancien Testament : il est avec nous ou il est contre nous.
Hier, un baron du régime d’ATT ne disait-il pas à propos du même parti qu’il était un ami quand il soutient le Mouvement citoyen à Mopti et ennemi quand il lui est opposé en Commune V ? fait-il mieux le « combattant » autoproclamé du Mouvement démocratique, PPR, qui estime, un quart de siècle après la chute de Moussa Traoré, que ses partisans n’ont pas le droit constitutionnel d’intervenir dans le débat démocratique. Et qui appelle à la rescousse les acteurs du défunt Mouvement démocratique (qui trahit en troquant les aspirations légitimes des masses populaires et dont la plupart ont démissionné) parce qu’un héritier de Moussa Traoré a critiqué les démocrates ! Parce qu’un démocrate a gratifié Moussa Traoré de grand républicain ! Parce qu’un démocrate s’est ouvert au MPR !
L’intolérance, l’agitation et la rengaine ne mènent nulle part, de même que l’orgueil, l’hypertrophie des egos. Le « je », le « moi » n’est l’apanage de personne. La paternité et l’exclusivité du combat démocratique, c’est moi ou rien, tant que ça ne vient pas de moi c’est moi, tout ce qui vient de moi est d’évangile… Hier, on dit Mountaga n’est digne de diriger le CNID-FYT et d’y exercer sa dictature parce qu’il a partie liée avec Moussa Traoré. Et hop, dix (10) personnes s’estimant seules dignes de légitimité démocratique se liguent et cassent le parti. Ils partent, créent « un parti de gestion gouvernementale » qui abhorre et prohibe toute opposition ; et disent à qui veut l’entendre : « nous n’avons pas créé notre parti pour aller à l’Opposition » !
Vient IBK au pouvoir qui refuse les combanazionnes et décrète la fin de tout situationnisme politique. Contraint à l’opposition, on fait de tout bois pour briser les « carcans » d’une posture contraignante. Dans l’excès et dans la démesure ! Attaques systématiques contre l’État, traité de tous les noms ; injures quotidiennes sur le Chef de l’État dont la famille est trainée dans la boue, partout et en tout temps. Que reste-t-il à Tiébilé Dramé d’entreprendre contre IBK et son régime ? Prendre les armes comme l’autre l’avait préconisé au cas où le MPR venait à gagner les élections ?
C’est difficile l’opposition, mais ce n’est pas une infamie. Et la politique pour paraphraser l’autre François, ce n’est pas la guerre civile. Nous sommes tous fils de ce pays.
Les hommes passent, le Mali demeure. Si l’on permet cette lapalissade. Alors IBK a raison de dire à Tiébilé d’arrêter d’attenter à la République. Il l’a traité de « Petit Monsieur » ? La petitesse est certes accablante, mais n’est-ce pas aberrant de la part Tiébilé de se prendre pour le nombril de la terre, de se croire omniscient et de faire de sa petitesse infinitésimale une légitimité que le peuple du Mali, dans son ignorance, refuse de rendre souveraine.
Foin de sévérité, simple constat de journaliste. Notre métier, dit un confrère, « nous révèle les petitesses des grands hommes, la grandeur des petits gens » ; notre petite expérience nous autorise à donner notre opinion et notre jugement sur les uns et les autres : Tiébilé est un cocktail explosif d’ambition, de prétention et de vanité sans borne.
Or, « l’ambition détruit son hôte » (Le Talmud) ; « la vanité est la plus petite des petitesses » (Victor Hugo). S’« il n’y a rien d’égal à la petitesse de l’homme si ce n’est sa vanité » (Alphonse Karr), il est aussi connu que les prétentions sont comme des lettres de change tirées sur la sensibilité, la susceptibilité voir l’amour-propre du peuple qui les renvoie toujours protester d’une part et d’autre part les hommes qui ont de grandes prétentions n’ont souvent que de petits projets.
Il y a des pages qu’il faut tourner. Parce que toutes les pages de l’histoire du Mali ne sont pas bonnes à rouvrir. Il urge que nous regardons ensemble le demain du Mali. Il est impératif que les ambitions convergent. C’est ensemble au chevet de notre pays qui n’est pas encore sorti du gouffre qu’on relèvera les défis sécuritaires, de la paix, de la réconciliation et de l’émergence. Soyons patients, soyons tolérants, non pour nos ambitions contrariées, mais pour le Mali que nous aimons tous tant. Chacun à sa façon !
L’apôtre de la non-violence qui disait ne pas aimer le mot tolérance, mais n’en trouvant pas de meilleur, estimait que « la règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu’une partie de la vérité et sous des angles différents ».
Par SAMBI TOURE
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