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Art et Culture

Festival historique manding : rappel des valeurs culturelles et historique du Manding et ses Hommes
Publié le dimanche 1 novembre 2015  |  Le Reporter
Musique/Reggae:
© aBamako.com par Mousnabi
Musique/Reggae: Présentation du 4è disque d`or de Tiken Jah Fakoly
Bamako, le 14 février 2014. L`artiste musicien du Reggae Tiken Jah Fakoly a présenté à la presse, son 4è disque d`or que lui a valu son dernier album intitulé "African Revolution"




Le samedi 24 octobre 2015, dans l’ambiance du Festival, deux conférences-débats publics ont été animées l’un par l’Ivoirien Koffi Brou Dieudonné, avec pour thème «Figures Historiques du Manding dans la discographie de Tiken Jah Fakoly», suivi de la Malienne Fatoumata Kéita Niaré, avec le thème «Excision en milieu malinké».

Auteur d’un ouvrage sorti en 2013 sur l’artiste international Tiken, intitulé «Les enjeux du coup de gueule de Tiken Jah Fakoly», Dieudonné Brou Koffi est titulaire d’un DEA en philosophie et président fondateur du club ivoirien de lutte contre le tabagisme, l’avortement et le Sida en milieu scolaire.

Pour Dieudonné Koffi, «la musique de Tiken est instructive, elle peut contribuer à enseigner l’histoire du Manding. Dans son album ‘mangecratie’, Tiken Jah rend hommage à son ascendance tout en l’immortalisant, chanté et connu de tous à travers le monde entier. Au-delà des ancêtres de Tiken Jah, les grandes figures du Manding se retrouvent également dans sa discographie de même que des empereurs de la boucle du Niger. Dans l’album ‘A lu ma ye !’ Soumaoro Kanté est immortalisé parce qu’il est un auteur clé de la bataille de Kirina. Dans l’album ’An Ka Wuli’, Tiken présente Sonny Ali-Ber comme un grand stratège ; Samory Touré et Babemba opposants farouches à la pénétration française en Afrique».

«Les chefs d’Etat contemporains ne sont pas à la marge de l’immortalité. Tiken a bien voulu consacrer à leur personne politique ce par quoi ils se sont distingués... Il a également chanté ‘président mal élu’ et aussi mis en garde des conséquences de la corruption, de l’anarchie et de l’hypocrisie des hommes politiques. Si la Côte d’Ivoire avait écouté Tiken, elle aurait pu éviter la crise qu’elle a connue, et ceci est valable pour les autres Etats africains en crise en ce moment», a rappelé le conférencier Dieudonné Koffi Brou.

De son côté, auteure du livre «Sous-fer», autrement dit l’excision, Fatoumata Keita Niaré a expliqué le caractère socioculturel en milieu malinké de l’excision. Elle met en cause les Organisations non gouvernementales dans leurs manières de sensibiliser les populations à lutter contre l’excision. Selon Fatoumata Keita Niaré, «pour le Mandéka, un enfant non circoncis, s’il s’agit d’un garçon, ou non excisée pour une fille, est comme un être brut indéfini, ni masculin ni féminin, ignorant les choses de la vie, incapable d’un comportement responsable. Il est donc considéré comme un être à définir. La circoncision ou l’excision permettait à l’adolescent d’accéder à une identité nette. Elles sont accompagnées d’une retraite initiatique au cours de laquelle la notion de maîtrise est essentiellement enseignée autour de la parole et de la douleur». Et d’ajouter : «Mais quand on parle de maîtrise de la sexualité pour la femme, elle fait partie d’un ensemble de principes que l’excisée doit maîtriser (colère, pulsion, discernement, émotion) et faire face à sa vie de femme et de mère. Nous pouvons cependant comprendre que c’est une maîtrise générale de la vie et non seulement de la sexualité».

D’après la conférencière, «…des mannequins ont été utilisé en Europe pour expliquer la situation aux responsables pour pouvoir mener la lutte. Mais cette méthode est choquante pour l’Africain. Vouloir expliquer aux Africains ce qu’on enlève lors de l’excision est une erreur grotesque pour celui qui connaît l’histoire de la sexualité en Afrique. Pour moi, la raison qui est essentielle dans l’abandon de l’excision, dans la mesure où on dit : une telle personne peut y laisser sa vie dans une telle pratique, quelle que soit la noblesse pour laquelle on fait cette pratique, doit être de faire attention au caractère sacré de la vie».

«Centrer le discours sur le plaisir ou que ce sont les peuple barbares, ne peut pas faire avancer l’abandon de l’excision. Aucun changement positif et durable ne peut advenir s’il ne naît pas de la volonté des Africains, dans une démarche qui leur soit vraiment propre. Si on veut que certaines pratiques, comme l’excision disparaisse, il faut s’appuyer sur une dynamique interne qui part du vécu des populations, prend en compte leurs opinions pour concevoir une stratégie adaptée aux mentalités, sensibilités et aux réalités culturelles. Si les Africains reprennent les stratégies et les discours des Blancs sur la question de l’excision, sans discernement ni prise en compte des réalités socioculturelles, sans partir d’une dynamique endogène propre à l’Afrique, ils ne seront pas crédibles face aux populations», a martelé Fatoumata Kéita Niaré

Gabriel TIENOU/Stagiaire envoyé spécial à Siby
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