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Le Mali pompé à sec : La folie des voitures, villas et voyages
Publié le mercredi 4 novembre 2015  |  L’Informateur
Carte
© Autre presse
Carte du mali
Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) et de l`Union africaine




Les autorités se partagent le sac de riz et ne laisse qu’une poignée à partager entre les populations dont les conditions de vie se dégradent de jour en jour.

René Dumont dans son livre L’Afrique noire est mal partie, nous disait en 1962 que : pour les jeunes Etats la solution pour bien gouverner sera de faire des erreurs. Cinquante ans après on continue avec les mêmes erreurs, ne dit-on pas « ceux qui ne tirent pas leçon des erreurs du passé sont condamnés à répéter les mêmes erreurs ».

Cet essai vise singulièrement le Mali, il vise nos élites, nos différents gouvernements et enfin nos différents partenaires. Il a pour but d’éveiller les consciences, de nous pousser à faire des réflexions, de nous amener à regarder dernière nous, de dresser un bilan sans démagogie, de s’autocritiquer et enfin d’essayer de reconnaître nos erreurs et d’en tirer les leçons.

Pourquoi toutes ces aides au développement en Afrique échouent ? Et pourquoi le plan Marshall a réussi en Europe ? Il n’y a que deux réponses : Les pays donateurs exercent une pression invisible pour qu’un grand pourcentage de l’aide retourne chez eux afin de faire tourner leur économie notamment par : l’avantage accordé aux cultures d’exportations (cacao, coton, l’or…), l’achat des armements, l’importation dans toute sa forme…Où nos élites ont également une main mise sur ces aides afin qu’une majeure partie leur revienne par la folie des 3V (voitures, villas, voyages).

Si on ne peut rien contre la première réponse pour l’échec des aides au développement en Afrique, c’est au tout à fait le contraire pour la deuxième réponse. Que nos élites renoncent aux avantages et dépenses somptuaires dans les capitales et les grandes villes, qu’elles subordonnent les intérêts personnels au profit de l’intérêt général et qu’elles servent l’Etat en lieu et place de se servir de l’Etat. C’est facile à dire qu’à faire, mais ce n’est pas impossible à réaliser également.

Une diminution des dépenses publiques apparaît nécessaire et même indispensable. Un parlementaire français gagne par mois 7 100, 15 €(www.journaldunet.com) soit environ 4 657 393, 09 F Cfa. Son homologue malien gagne 2 500 000 F Cfa (www.maliweb.net) soit environ 3811, 23 € ou encore plus de la moitié des indemnités que gagne le député français. Le Mali étant classé par les institutions de Bretton Woods parmi les pays plus les pauvres et plus endettés, on peut se poser la question comment un député malien peut gagner plus de la moitie d’indemnité que son homologue français.

Le président de l’Assemblée nationale du Mali gagne par mois 25 000, 000 F Cfa (www.maliweb.net) soit environ 38 112, 25 €.

Selon l’article du 28 février 2014 de Jeune Afrique, avant le coup d’Etat du 22 mars 2012, le chef d’Etat Malien percevait 5 335 € et avait droit à 4 000 € d’indemnité mensuelle forfaitaire par mois soit au total 9 335 € (6 123 358, 59 F Cfa) par mois. Dieu seul sait combien notre actuel président perçoit comme salaire mensuel. Attention, loin de dire qu’un chef de l’Etat du Mali ou encore le président de son Assemblée nationale ne méritent pas des revenus élevés. La question est de savoir s’il faut rémunérer un chef d’Etat malien mieux qu’un chef d’Etat européen, ou bien de rémunérer un président de l’Assemblée nationale mieux que son homologue européen.

Attention à la croissance de l’illégalité. Comme indiqué plus haut, nos élites doivent renoncer à certains avantages et dépenses somptuaires. C’est très difficile de concevoir comment dans un pays très pauvre et endetté comme le Mali, le président de l’Assemblée nationale peut recevoir 25 000 000 F Cfa par mois. Cela fait plus de vingt ans que les enseignants (primaires, secondaires, supérieurs) se battent bec et ongles pour une augmentation de leurs salaires ou encore de les mettre sur le même pied d’égalité que leurs confrères de la sous-région.

Regardons un peu la rémunération moyenne dans la Fonction publique selon la catégorie (www.oef-mali.org) : un fonctionnaire catégorie A gagne 172 723 F Cfa par mois, un fonctionnaire catégorie B2 gagne par mois 96 795 F Cfa et enfin un fonctionnaire catégorie B1 gagne 81 733 F Cfa par mois.

En faisant le parallèle, on se rend compte le président de l’Assemblée nationale du Mali gagne par mois le salaire de 145 (25 millions/172 723) fonctionnaires catégorie A; ou encore le salaire mensuel de 258 fonctionnaires catégories B2 et enfin le salaire mensuel de 306 fonctionnaires catégories B1. Si c’est possible que le président de l’AN gagne une telle somme, alors il est également possible que le salaire des fonctionnaires et enseignants soit révisé notamment en diminuant certains avantages et les dépenses publiques de nos élites au profit de ces fonctionnaires de l’Etat. Si une augmentation du salaire des fonctionnaires ne fait fléchir le taux de la corruption dans l’administration publique, ça ne fera pas le contraire. Un fonctionnaire qui n’a pas d’autre source de revenus et ne gagne que 80 000 F Cfa par mois, doit payer la location, l’électricité et l’eau et la pitance journalière et les imprévus, si ce dernier trouve un moyen (la corruption) pour se faire un peu d’argent va-t-il le faire ou non ?

Corruption dans les administrations publiques

Lisez le rapport de l’agence de notation Fitch qui, le 4 décembre 2009, a décidé de ne plus perdre son temps à évaluer les efforts du Mali. Fitch estime que les dirigeants de notre pays ont abdiqué toute volonté de construire un destin honorable à notre nation pour se consacrer à l’auto enrichissement. En 2011, on a été témoin de l’exclusion du Mali par le Fonds mondial de lutte contre la tuberculose, le paludisme et le sida suite au détournement opéré sur ses subventions au niveau du ministère de la Santé. En son temps, le président ATT avait laissé entendre que notre pays paiera jusqu’au dernier centime, en effet c’est le contribuable malien qui allait payer à la place d’une minorité, cela doit cesser, car ce n’est pas aisé de payer une faute qu’on n’a pas commise. C’est vrai que la corruption zéro n’existe nulle part, car on voit tous les jours dans les pays développés (France, USA…) des scandales financiers, mais à un faible taux comparé à chez nous qui est à une grande échelle et dans tous les secteurs. On doit impérativement lutter contre la corruption pour regagner la confiance des partenaires et des investisseurs. L’actuel président de la République a plusieurs fois dit que personne ne va s’enrichir illicitement, donc rendez-vous dans une ou deux années pour un premier bilan de la lutte contre la corruption.

Plus d’assistance aux paysans

En 1983 la population du Mali était de 7 millions d’habitants, et selon la Banque mondiale en 2012 le Mali comptait 14 853, 572 habitants. En 30 ans le Mali a connu un doublement de sa population. Qu’ont fait nos différents gouvernements face à cette explosion démographique ? Ne dit-on pas qu’une forte population fait un marché intérieur important comme exemple la Chine, les USA ou encore la France. Il aura un marché intérieur important à condition qu’il y ait un pouvoir d’achat pour la population, or qui dit pouvoir d’achat dit emploi. Qui ne connaît pas le taux de chômage galopant de la jeunesse malienne et le bas salaire de nos fonctionnaires. Cette explosion démographique devrait être suivie parallèlement par une croissance alimentaire. Les conséquences de ce doublement sont énormes : l’exode rural, la bidonvilisation des alentours de Bamako, l’avancée du desert, la famine, un taux élevé de chômage, la croissance de l’insécurité, etc.

Il faut multiplier et subventionner les cultures vivrières dans l’Office du Niger, et dans les autres zones arables contre les cultures d’exportations. Toutes les estimations ont prouvé que de l’Office du Niger peut couvrir tout le Mali et la sous-région de l’Afrique de l’Ouest en riz, mil, blé, etc. Le capitaine Thomas Sankara nous avait donné exemple, pendant son règne la quantité de blé et farine que le Burkina Faso produisait était supérieur à celle produite par toute l’Afrique de l’Ouest. Comment est-ce possible étant donné que le Burkina Faso n’a pas de fleuve ni de débouché sur la mer. Au Mali on a notre Office du Niger, on a également deux fleuves (le fleuve Sénégal et Niger) qui traversent notre pays.

Une révision des contrats miniers s’impose, c’est inadmissible de constater que dans un rayon de 100 kilomètres entre une société minière et un village, et que ce dernier n’a pas d’école primaire, pas d’infirmerie, pas l’électricité ni d’eau potable. Les sociétés minières doivent impérativement contribuer au développement de la communauté locale. Aux Etats-Unis, les multinationales contribuent au développement de la communauté locale, donc on exige que les sociétés minières contribuent au développement de la communauté locale par la subvention des projets de développements et la construction des écoles, des infirmeries…C’est facile à dire qu’à faire, mais ce n’est pas impossible.

Yattara Ibrahim

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