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Le Ministre Abdoulaye Diop à MIKADO FM : ‘’Le Mali sera transparent dans la gestion des 3,2 milliards d’euros promis par les donateurs"
Publié le vendredi 6 novembre 2015  |  MIKADO FM
Cérémonie
© aBamako.com par Momo
Cérémonie de restitution de la fin du cinquième round des pourparlers intercalions d` Alger
Bamako, le 02 mars 2015. Hôtel Radisson Blu. Le ministre DIOP a organisé avec Zahabi et ministre KONATE, la cérémonie de restitution de la fin du cinquième round des pourparlers intercalions d` Alger




Le Ministre des Affaires Étrangères assure que le Mali jouera sa partition pour que les fonds promis à la conférence des donateurs à Paris servent effectivement aux populations. Abdoulaye Diop a accordé une interview exclusive à la radio des Nations Unies au Mali, en marge des travaux de la 4e réunion de la Plateforme ministérielle de coordination des stratégies Sahel dont il assurait la présidence.
MIKADO FM: Le Mali abrite les travaux de la 4e réunion de la Plateforme ministérielle de coordination des stratégies Sahel, au lendemain de la rencontre des Chefs d’États major du G5 du Sahel. Les structures et les organisations se multiplient autour de cet enjeu. Il est pourtant difficile aujourd’hui d’identifier les avancées notables dans la résolution des problèmes dans la bande sahélo-saharienne…
Abdoulaye Diop: Vous savez, ce ne sont pas des solutions simples mais complexes. Ce qui est important c’est la prise de conscience d’abord ; et des États, et de l’ensemble de nos partenaires par rapport à ces problématiques de crime organisé,à l’instabilité dans le Sahel. C’est vrai qu’il y a quelques structures qui existent, mais je trouve que les structures comme le G5-Sahel sont opérationnelles et légères. Il implique les 5 pays qui constituent aujourd’hui la ligne de front du Sahel, qui s’organisent sur des questions importantes. Il y a des rencontres au niveau des ministres de la défense et de la sécurité pour mettre en place des dispositifs qui prennent en charge cette question. Vous savez aussi qu’au niveau des services de renseignements il y a beaucoup d’échanges. Naturellement, il faut aller au-delà de l’échange pour mutualiser même les moyens d’intervention de nos services de renseignements. Pour prendre une solution concrète, on sait que dans le cadre du processus de Nouakchott qui implique l’ensemble des pays du Sahel membres de l’Union Africaine, il a été décidé de mettre en place une force d’intervention pour le nord du Mali. Le concept est en train d’être discuté pour être validé avec nos partenaires. C’est vrai qu’on n’arrive pas encore à trouver de solutions au trafic de drogues. Mais nos pays travaillent ensemble pour mutualiser leurs efforts. Nous sommes conscients que certaines problématiques telles que le terrorisme, le trafic de drogue ne pourront trouver une réponse que s’il y a une approche régionale. Ce qui est important c’est que nos pays s’y sont engagés. Nous mettons tous nos moyens ensemble. Nos partenaires du Sahel, comme cela se discute dans le cadre de cette plateforme veulent aussi y contribuer. Vous voyez qu’il y a un leadership ferme qui est affirmé. Quand il y a eu la crise au Mali, le Tchad, par exemple, a joué un rôle important. Les Tchadiens ont consenti beaucoup de sacrifices pour la stabilité du Mali. Le Niger en a fait de même. Je crois que ça, c’est des actes importants. Si on prend la question de Boko Haram, ce sont les pays de la région, notamment le Niger, le Tchad, le Cameroun, le Benin, le Nigeria, qui se sont mis ensemble avec leur propres moyens pour engager une lutte contre Boko Haram. Ces pays peinent aujourd’hui à recevoir l’appui dont ils ont besoin de la part de la communauté internationale. Pourtant ce qui se joue au Mali, ce qui se joue en Lybie, ce qui se joue dans la zone d’opération de Boko Haram ne concerne pas que ces pays. Ça concerne l’ensemble de la région, et au-delà. C’est pourquoi il est important que nous ne soyons pas laissés seuls face à ces défis. Vous voyez aujourd’hui l’afflux de migrants en Europe. Mais si la Lybie était stabilisée, peut-être que nous aurions pu contribuer à contenir cela. Un certain nombre de choses sont entrain de se faire. Ce ne sont pas des scénarios simples, mais nous sommes totalement déterminés à nous assumer.
Au sujet du Mali, vous soulignez l’importance d’agir contre le crime organisé, contre les trafics notamment de drogue. Mais tous ces éléments ne sont pas pris en compte dans le mandat de la Mission des Nations Unies au Mali. Jusqu’à quel point c’est un problème pour la pacification durable du Mali ?
A.D : C’est un gros problème, nous l’avons souligné. L’année dernière, intervenant devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, où en début d’année, j’ai moi-même particulièrement insisté sur l’importance de prendre en charge cette dimension de lutte contre le crime organisé et le trafic de drogue dans le mandat. Je crois que tout le monde est d’accord qu’il faut faire quelque chose. Le mandat ne reflète pas encore cette préoccupation. Mais nous sommes convaincus que même avec l’Accord pour la paix et la réconciliation qui a été signé au Mali, il y au un certain nombre de questions qui sont en dehors qui ne sont pas suffisamment pris en charge. C’est la question du terrorisme, c’est la question du trafic de drogue. Tant que nous-mêmes et nos partenaires ne nous mettions pas ensemble, pour avoir, au-delà des discours, des moyens d’intervention qui permettent de contenir ces deux dynamiques, je pense que la paix et la stabilité dans notre région sera toujours menacée.
Parlons maintenant des efforts de la communauté internationale pour aider le Mali. Il y a un engagement de 3 milliards et demi d’Euros. C’est beaucoup d’argent, même si ça peut paraître relativement peu par rapport aux attentes de la population. Quelles garanties, en termes de bonne gouvernance peut-on donner pour s’assurer que tous les problèmes soient pris en compte ?
A.D : Vous savez que cette conférence qui s’est tenue à l’OCDE s’est faite aussi dans le cadre de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui lui-même met en place un comité de suivi. Et ce comité de suivi aura aussi la responsabilité de travailler avec le gouvernement du Mali, avec l’ensemble des acteurs pour avoir des mécanismes afin de superviser l’utilisation de ces ressources, assurer qu’elles arrivent aussi à destination et que des responsabilités soient situées. Je crois qu’en cela nous voulons tirer les leçons d’accords précédents pour faire en sorte qu’il puisse y avoir une transparence dans ces allocations. Il y a eu beaucoup d’accusations ici et là. On ne va pas dans le détail par rapport à ça, mais i y aura un observateur indépendant par exemple, pour le suivi de l’accord et qui veillera aussi à ce que les ressources promises- parce qu’il y a aussi un engagement entre nos partenaires et nous- soient déboursées. Nous avons la responsabilité de faire en sorte que ça soit déboursé dans les conditions de transparence et d’efficacité requises, et que ces ressources arrivent aussi aux populations. Donc c’est vraiment une responsabilité mutuelle du Mali et de ses partenaires. Le plus important c’est notre responsabilité vis-à-vis de nos populations qui fondent beaucoup d’espoir dans ce qui est en train de se faire.
Le Mali a reçu les honneurs de la France lors du voyage d’Etat du Président Ibrahim Boubacar Keita. Les relations avec la France sont en dents de scie. Un peu à l’image des relations avec la communauté internationale qui varient en fonction des aléas et des mouvements d’humeur. En tant que Ministre des Affaires Étrangères, faisant le lien avec l’ensemble de la communauté internationale, quelle est la difficulté de stabiliser ces relations ?
A.D : Cessons de regarder dans le rétroviseur. Cette visite d’Etat de son Excellence, Monsieur Ibrahim Boubacar Keita en France est une phase qualitativement supérieure dans nos relations avec la France, pays amis. Il y a une relation d’amitié et de solidarité entre peuples malien et français qui se sont vérifiées dans l’histoire, à travers des sacrifices consentis mutuellement pour la liberté de l’un et l’autre. Aujourd’hui nous sommes à une phase où nous pensons que cette solidarité s’est renforcée; et nous souhaitons vraiment qu’il y ait un partenariat exceptionnel et stratégique entre la France et le Mali, pour le développement, mais aussi pour la paix et la sécurité. Les questions comme le terrorisme, comme la migration sont aujourd’hui des enjeux qui appellent notre responsabilité commune.

Propos recueillis par Karim Djinko, MIKADO FM
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