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La peur du débat contradictoire ?
Publié le mercredi 11 novembre 2015  |  Le challenger
Les
© AFP
Les candidats Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé




« Les maliens ont peur du débat », déclarait, le week-end dernier, Mamadou Seydou Traoré, administrateur civil à la retraite, ancien secrétaire général du ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales.
La vie publique de notre pays est caractérisée par une absence de véritables débats sur les grandes options institutionnelles, économiques, administratives et sociales. Les états généraux, forums et autres assises ne sont pas de cadres appropriés permettant un véritable choc des idées duquel va jaillir l’étincelle de vérité qui libère et construit. Après la tragédie de 2012 qui a dénudé une démocratie de façade conçu pour satisfaire les intérêts égoïstes d’une minorité et vantée à travers le monde comme un exemple de réussite, aucune discussion importante n’a pu être engagée sur l’avenir institutionnel, politique, sécuritaire de la République. L’œuvre de refondation de la République avec la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation est engagée sans aucun véritable débat entre les différentes composantes de la société.
A l’exception de 1992 avec le face-à-face Alpha Oumar Konaré et Tiébilé Mamadou Konaté, aucun second tour de l’élection présidentielle n’a enregistré un débat contradictoire entre les deux candidats, présents à ce stade de la compétition électorale. En 2002, le général candidat, Amadou Toumani Touré a refusé le débat demandé par Soumaïla Cissé, alors candidat de l’ADEMA-PASJ, le parti au pouvoir de l’époque. L’histoire se répète en 2013. Le candidat Ibrahim Boubacar Kéïta n’a pas répondu l’appel de son challenger au second tour l’invitant à un débat contradictoire radiotélévisé.
L’Assemblée Nationale, espace démocratique par essence où le débat est censé être démocratique et plurielle, ne comble pas les attentes. Le niveau du débat à l’hémicycle était nettement plus appréciable du temps du consensus d’ATT que maintenant. Et pourtant, de nombreux observateurs sont unanimes que c’est le consensus qui a été déterminant dans l’anesthésie du débat politique.
Qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité, les leaders politiques ont une phobie pour le débat contradictoire même si l'actuelle opposition demande obstinément un face-à-face avec la majorité sur certains sujets dont la pertinence et l’impact sur la vie de la République peuvent être discutables. En lieu et place d’un débat de fond sur des questions importantes de la nation, on assiste à des escalades verbales et des débats de caniveaux qui ne grandissent pas ces animateurs encore moins la République.
Les médias publics ou privés censés être des instruments de promotion de cet échange fécond d’idées préfèrent ne pas aborder des questions de fond permettant au peuple de se faire une religion sur des options à choisir. Espace de débats par excellence où des discussions sérieuses devaient être engagées sur les grands problèmes de la nation, l’Université brille son absence et déversent sur le marché de l’emploi une « élite » incapable de faire la moindre analyse sur la situation politico-économique du pays.
« Pour donner de la consistance au débat politique et lui permettre de contribuer efficacement au progrès du pays, il est essentiel de promouvoir un regroupement des partis politiques autour de quelques projets politiques différenciés », préconise le rapport national sur le développement humain de 2014 intitulé ‘’Gouvernance socio-économique, politique, sécuritaire et résilience de la crise 2012 au Mali : enjeux et perspectives ».
La Presse, la société civile et surtout les universitaires peuvent et doivent jouer un grand rôle dans l’éclosion du débat pouvant permettre l’émergence du pays.

Source : le challenger
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