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Le président Keita au sommet de Malte : Une des principales causes de la migration est le déficit de développement
Publié le samedi 14 novembre 2015  |  L’Essor
Sommet
© AFP par STEPHANE DE SAKUTIN
Sommet de La Valette à Malte sur la Migration
Mercredi 11 novembre 2015. Malte. Les dirigeants des pays européens et plusieurs chefs d`Etat africains sont réunis pour deux jours en sommet commun à Malte pour tenter ensemble de répondre au défi de la migration clandestine.




Le sommet sur la migration s’est achevé hier à Malte après deux jours de discussions intenses sur les causes profondes du phénomène et les solutions envisageables. Lors des travaux en plénière, le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Kéita, a fait une brillante intervention sur la question de la migration en mettant en exergue la politique que notre est en train de mener en la matière.

Le texte intégral de son intervention
« Je voudrais, à l’entame de mon propos, exprimer au nom du peuple et du gouvernement de la République du Mali, ma compassion aux autorités des États, ainsi qu’aux familles éprouvées des milliers de migrants qui ont péri lors de la traversée de la Méditerranée et du Sahara.
Je voudrais ensuite exprimer à Madame la présidente de la République de Malte, la gratitude qui est la mienne et celle de ma délégation, pour l’accueil amical et chaleureux qui nous a été réservé à notre arrivée dans ce beau pays.
Je voudrais enfin remercier l’Union Européenne et ses partenaires pour avoir initié cet important sommet, événement qui intervient dans un contexte marqué par une crise migratoire sans précédent, qui nous mobilise tous aujourd’hui, pour trouver des réponses adéquates aux multiples défis de la migration.

Mesdames et messieurs,
Le Mali est un pays de tradition migratoire où, les facteurs modernes d’aversion et d’attraction viennent se greffer à un fonds culturel traditionnel qui a toujours exalté le voyage. Au-delà de la dimension culturelle de l’émigration, le Mali, de par sa position géographique au cœur de l’Afrique de l’Ouest entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord, et en raison de la porosité de ses frontières, est un pays de transit qui devient de plus en plus une terre d’immigration.
C’est pour cette raison que mon pays, depuis fort longtemps, s’implique activement, aux niveaux régional et continental dans la recherche de solutions communes au phénomène de la migration irrégulière dans laquelle s’engage un nombre important et en évolution constante de jeunes gens, au péril de leur vie.

Mesdames et messieurs,
Mon pays demeure solidaire de la position commune africaine sur la migration et le développement, adoptée en 2006 par la 9è session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine. Ladite position prend en compte, les facteurs suivants de cette problématique :
¥ La migration de travail ;
¥ La traite des êtres humains et la migration clandestine ;
¥ La protection internationale des réfugiés, des travailleurs et des migrants ;
¥ La facilitation du commerce de marchandises et des échanges ;
¥ L’éducation et le développement du capital humain ;
¥ La diaspora et les partenaires.

Le Mali est au cœur du processus migratoire dont les principales causes sont : le déficit de développement, la pression démographique, la dégradation de l’environnement liée aux changements climatiques, de même que les cycles de conflits, les crises politiques et les crises sécuritaires.

C’est la raison pour laquelle, dans le cadre de la mise en œuvre des décisions de l’Union africaine, un projet de création d’un Centre africain d’études, de recherches et d’expérimentation sur la migration avait été présenté par le Mali, lors de la 9è session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine tenue à Banjul, les 28 et 29 juin 2006. L’initiative du gouvernement du Mali avait été favorablement accueillie par le Conseil exécutif de l’Union africaine. C’est donc le lieu de rappeler qu’un tel Centre servira, pour l’Union africaine, de laboratoire sur la migration, en vue d’expérimenter et de capitaliser les approches et les réponses adaptées aux réalités et aux spécificités des différentes zones migratoires.

Mesdames et messieurs,
Revenant à mon pays, je dirai que la diaspora malienne, estimée à plus de 4 millions de personnes, est caractérisée par sa forte structuration et sa grande capacité de mobilisation pour les causes nationales. Les apports des Maliens de l’extérieur dans le développement du pays sont considérables et se matérialisent par des transferts de fonds importants, représentant de 8 à 11% du PIB, selon les années. C’est la raison pour laquelle, nous demandons aux pays africains et européens dans lesquels sont établis nos compatriotes, une protection en application des instruments juridiques internationaux y afférents, notamment la convention du 18 décembre 1990 relative à la protection des droits des travailleurs migrants et de ceux des membres de leur famille.

Mesdames et messieurs,
Permettez-moi de signaler que la migration des Maliens n’est jamais définitive et s’inscrit toujours dans la perspective du retour au pays. Le gouvernement de la République du Mali accorde une importance particulière à ses compatriotes établis à l’extérieur, notamment par la surveillance de leur protection et leur accompagnement adéquats dans les pays d’accueil ainsi que par la facilitation de leur réinsertion socio-économique au retour.

Cette volonté politique affirmée du gouvernement s’est traduite par des avancées notables dans la gestion de la migration.
Ainsi, pour une amélioration constante de la gestion de la migration, plusieurs structures ont été mises en place, entre autres :
¥ un Ministère spécifique dont la vocation première est la défense et la protection des Maliens de l’extérieur et de leurs biens ;
¥ une Délégation générale, administration centrale chargée des Maliens de l’extérieur ;
¥ une association fédérative des Maliens de l’extérieur créée en 1991, dénommée « Haut conseil des Maliens de l’extérieur » ;
¥ un Centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM) ;
¥ un Projet de transfert des connaissances par l’intermédiaire de membres de la diaspora, le
TOKTEN ;
¥ une Cellule technique du co-développement, la CODEV.
Il convient également de signaler l’existence d’un cadre institutionnel incitatif constitué de lois spécifiques, de documents de politiques sectorielles du gouvernement, ainsi que d’accords et de conventions de coopération en matière de migration.

Mesdames et messieurs,
Nonobstant ces multiples actions, la migration irrégulière reste un véritable fléau pour le continent africain, y compris pour mon pays. Ainsi, de juillet 2014 à mai 2015, environ 376 jeunes maliens ont-ils péri dans la Méditerranée.

Face à cette tragédie, le gouvernement de la République du Mali a mis en place une nouvelle stratégie de communication pour sensibiliser, dans les zones traditionnelles de départ, les candidats potentiels à la migration sur les risques et les dangers de la migration irrégulière.
En outre, pour une gestion globale et durable des questions de migrations, le gouvernement de la République du Mali a adopté, le 3 septembre 2014, une ambitieuse Politique nationale de migration (PONAM) et son Plan d’actions 2015-2019.
Dans cette perspective, nous nous devons collectivement donc :
¥ de promouvoir activement la mise en œuvre de la Politique nationale de migration (PONAM) ;
¥ d’agir efficacement sur les causes de la migration irrégulière en investissant dans des actions d’envergure, en mesure de générer des richesses et d’offrir des alternatives crédibles aux jeunes dans leurs localités d’origine ;
¥ de secourir les migrants en situation de détresse dans les pays de transit et en mer ;
¥ de soutenir le retour volontaire des migrants irréguliers, dans le strict respect des normes internationales et des droits des migrants, de commun accord avec le pays d’origine ;
¥ d’encourager la dynamique des associations de la diaspora, notamment par le renforcement de la politique de co-développement ;
¥ de rechercher des solutions durables aux conflits qui engendrent les mouvements des populations et de prévenir de tels conflits ;
¥ d’assouplir les conditions de délivrance de visas et de favoriser la migration circulaire ;
¥ de prendre dûment en compte les effets des changements climatiques parmi les multiples causes de la migration ;
¥ de soutenir techniquement et matériellement l’application de législations pertinentes, telles que la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012 relative à la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées.

Mesdames et messieurs,
Le présent sommet qui nous offre l’occasion de renforcer le dialogue politique et la coopération entre l’Afrique et l’Europe, devra nous permettre d’aboutir à des solutions durables afin de répondre aux lourds défis actuels de la migration.

A cet égard, le Mali estime qu’il y a une nécessité impérieuse de poser les jalons d’une approche commune, globale, juste et équitable entre les partenaires des pays de départ, de transit et d’accueil. Il s’agit également d’avoir, comme priorités, la mise en œuvre de mesures concrètes et la mobilisation de ressources tant humaines que matérielles, pour relever les défis auxquels nous sommes tous confrontés.

Enfin, je voudrais fonder l’espoir que ce sommet de La Valette, qui marque un nouvel élan dans la coopération entre l’Afrique et l’Europe en matière de gestion des migrations, mettra en place un partenariat fécond entre tous les acteurs afin de trouver des solutions communes et durables aux défis migratoires qui constituent une responsabilité partagée ».
... suite de l'article sur L’Essor

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