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Le Mali contracte une dette de 70 milliards de F CFA en 60 jours : Quand le doute s’installe à propos des 360 millions d’Euros de François Hollande
Publié le vendredi 13 novembre 2015  |  La Sentinelle
IBK
© Autre presse par DR
IBK et Hollande à la Séance d’ouverture du Sommet de l’Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique




Le Mali vient de lancer un second emprunt obligataire de 35 milliards de FCFA sur le marché de l’UEMOA après un premier au mois d’Octobre dernier. Il s’agit, cette fois-ci, d’un prêt de 35 milliards F CFA à un taux de 5,50% pour une durée de 03 ans. Normal, sauf que les Etats ont recours à cet instrument financier suite à un besoin urgent de liquidité. Il se trouve pourtant que le pays demandeur est censé obtenir le montant de 360 millions d’Euros suite à la visite d’Etat de son président à Paris. De quoi faire douter les sceptiques ? Bien entendu !

C’est par la voix du Directeur du trésor public, M. Sidi Almoctar Oumar que le gouvernement malien a annoncé le 9 novembre dernier, l’émission d’un emprunt obligataire d’une valeur de 35 milliards de francs CFA à un taux de 5,50%. Cette émission d’une maturité (échéance) de 3 ans prendra effet le 17 novembre. Les obligations, poursuit le communiqué, seront découpées en unité de 10000 FCFA et seront lancées sur le marché de l’UEMOA. La banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) se chargera d’une vente aux enchères ciblant les investisseurs originaires de ces pays membres.

Par définition, un emprunt obligataire est un titre de créance, une dette remboursable à une date, pour un montant fixé à l’avance et avec un taux d’intérêt. Une dette, voilà tout ! La procédure n’est cependant utilisée que par les personnes morales (Etat, collectivité publique, entreprise publique ou privée) qui n’y ont recours qu’à la suite d’un besoin urgent en liquidité. C’est dire alors que le Mali se trouve dans cette posture à l’heure actuelle.

Pour autant, la dernière émission du Mali sur le marché de l’UEMOA, date du 15 octobre 2015, c’est-à-dire, il y a un mois. Le montant s’élevait à 35 milliards de francs de CFA pour un taux 6,25%. En récapitulant, on en arrive à deux emprunts obligataires de 35 milliards F CFA chacun (pour un total de 70 milliards). Dans l’intervalle d’un mois, le pays aurait donc contracté une dette de 70 milliards de F CFA en 60 jours.

Signalons qu’il s’agit du troisième emprunt obligataire de l’Etat malien sous IBK. Le premier remonte au 21 Octobre 2014 pour une valeur de 40 milliards F CFA au taux de 6,25% pour une période de 5 ans.

De l’accession d’IBK au pouvoir à nos jours, le Mali a donc émis trois (03) emprunts obligataires pour un montant cumulé de 110 milliards F CFA pour un taux respectif de 5,5; 6,5 et 6,25% que le contribuable malien est appelé à payer.

En attendant, ce sont les deux dernières opérations qui intriguent pour le moins, les observateurs. La seconde est intervenue quelques jours seulement après la visite d’Etat du président Malien à Paris, visite à l’issue de laquelle la France s’est engagée à mobiliser la communauté des bailleurs de fonds en vue d’apporter une contribution (dons et prêts) de 360 millions d’Euros au pays. Naturellement, l’on s’interroge à raison sur la nécessité d’un emprunt de 35 milliards avec un taux de plus de 5% pendant qu’existe une manne, ou du moins, la promesse d’une manne de 360 millions d’euros accessibles dans trois, voire deux mois. Alors de deux choses l’une: ou le Mali n’a nullement confiance en ces donateurs, ou…, tout n’aurait pas été à propos des 360 millions d’euros en question.

Le flou artistique

L’on s’est réjoui au Mali et à raison de la promesse des 360 millions d’euros sans pourtant savoir et comprendre leurs véritables contours, nature, critères et conditionnalités, entre autres. C’est à l’issue de la conférence de presse que le président français s’est exprimé en ces termes : « La France envisage d’engager d’ici 2017, 360 millions d’euros supplémentaires en prêts et en dons pour financer divers projets liés aux infrastructures. Cet engagement sera sans doute réitéré lors de la Conférence sur la Reconstruction du Mali… ». Il précisa quelques destinations des sous : «la Santé à Mopti, l’Education à Gao, le Développement rural à Ségou, le Développement local à Kidal», etc. Il se trouve que les priorités ainsi dégagées sont les mêmes que celles identifiées et acceptées par tous lors de la Conférence des Donateurs à Bruxelles au mois de Mai 2013 avec le professeur Dioncounda Traoré, président de la Transition au moment des faits.

Treize chefs d’Etat et cent sept (107) délégations ont participé à ladite conférence à l’issue de laquelle, la France s’est engagée à verser 280 millions d’euros à titre bilatéral, en plus de sa contribution à titre multilatéral. Et l’Union Européenne, à hauteur de 520 millions d’euros. Au total, des promesses d’aide d’un montant de 3,2 milliards d’euros ont été confirmées par les pays participants. Nous sommes bien largement au-delà des 360 millions d’euros.

Il se trouve cependant que toutes les promesses n’ont pas été tenues. Hormis, le Danemark, la Norvège, l’Allemagne, la France (dans une moindre mesure), ainsi que les organisations internationales (FMI, Banque Mondiale), les autres donateurs n’ont pas encore rempli leur part de contrat. Certains ont justifié leur réserve par le manque de transparence évoqué par le FMI à propos de la gestion des montants. En tout état de cause, des donations ont été bel et bien effectuées conformément à la promesse de Bruxelles, y compris par la France.

Les Maliens seront certainement soulagés d’apprendre que les 360 millions d’euros promis par Paris n’ont absolument rien à voir avec les 280 millions promis lors de la Conférence de Bruxelles au mois de mai 2013 et dont le montant a déjà été presque totalement absorbé. En somme, il importe que Paris et Bamako rassurent à propos des 360 millions d’euros. Autrement, leurs compatriotes continueront à croire qu’il ne s’agit, ni plus ni moins qu’une poudre aux yeux. Et ils sont réconfortés dans leur logique par des emprunts obligataires à ne pas en finir de la part de l’Etat malien. Eh oui, pourquoi, ce besoin pressent de liquidité à hauteur de 35 milliards F CFA au su d’un acquis de plus de 216 milliards (360 millions d’Euros)? Alors, que la lumière soit !

B.S. Diarra
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