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Les étudiants maliens de Poitiers : IBK doit en finir avec les « bissimillah, soubhanallah » et agir
Publié le samedi 14 novembre 2015  |  RP Medias
Les
© Autre presse par DR
Les étudiants maliens de Poitiers




L’expression « l’avenir appartient aux jeunes » n’a de sens que si l’on prête attention à ces jeunes. Il est d’une nécessité vitale d’incorporer dans les décisions d’aujourd’hui, les attentes et la vision de cette jeunesse riche culturellement car ayant parcouru le monde, et intellectuellement car étant le fruit d’enseignements de plus d’un système. On ne cessera pas de le dire, les maliens ont une culture d’émigration. Les jeunes maliens pétris de talents reconnus peuplent les villes universitaires du monde.
Nous avons posé la camera sur ceux de l’université de Poitiers dans le centre ouest de la France. Ils sont une vingtaine, inscrits dans les différentes filières de formations qui s’offrent à eux. Ils sont répartis de la licence 1 au doctorat avec chacun des projets professionnels pour le Mali. Ils expriment leurs différentes analyses de la gestion de la chose publique malienne.

Dans l’ensemble, l’incompréhension face à la gouvernance actuelle ressort. Très critiques envers le président et ses méthodes, ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer la continuité de l’état d’esprit qui a conduit le Mali dans la phase des années 2010.
Les chantiers de l’éducation, de la formation, de la justice et de l’intégrité promis par le président tardent à se réaliser selon eux. Les innombrables déplacements présidentiels sans effet visibles sont dénoncés et la promotion de la famille et des proches du président ne trouvent pas grâce à leurs yeux. L’endettement du Mali fêté en grande pompe à chaque retour du président n’est pas non plus compréhensible par ces jeunes.
Il est reproché à la jeunesse de ne pas s’organiser pour se faire respecter et se faire entendre. D’ailleurs cette jeunesse ne serait pas exempte de tout reproche dans la gestion chaotique car de tous les temps elle a été associée au pouvoir. Les deux premiers « premier ministre » de l’ère IBK étaient des jeunes, l’AEEM et le CNJ sont des structures jeunes avec le résultat que l’on connait. A quelque chose près, ils ont le même mode opératoire que la vieille école.
Le problème du Mali ne serait donc pas un problème de génération mais plutôt un problème de société. Il faudrait mieux éduquer le malien selon les jeunes de Poitiers.
L’état de l’armée comparé aux fastes de la cour présidentielle ne passe pas. Les jeunes maliens ne devraient pas avoir pour seul recours les études à l’extérieur du Mali ; il faudra soigner l’école malienne pour permettre aux maliens d’étudier chez eux, telle est l’une des remarques. La liberté d’expression serait menacée au Mali avec les derniers évènements et son lot de « petit monsieur » prononcé au plus haut sommet de l’état avec des intimidations. Toute contestation de la gestion IBK est considérée comme le fait d’un aigri.
Il y a quand même eu des satisfactions relatées lors des échanges. Selon l’un des étudiants, le gouvernement est en train de travailler à relever les défis même si cela n’est pas visible. La gestion de la chose publique trouve des soutiens à Poitiers malgré la forte tendance à la dénonciation.
Le plus important pour ces jeunes est la possibilité de s’exprimer publiquement afin que leurs avis soient connus. Les cameras n’arrivant jamais en province, ils mesurent l’opportunité qui leur est offerte de juger le président et son administration.

Elijah de BLA
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