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Chouaidou Traoré porté en terre
Publié le lundi 16 novembre 2015  |  Le Républicain




Décédé le jeudi 12 Novembre, Chouaidou Traoré, Directeur de Publication de Nouvel Horizon et du Soir de Bamako, a été porté en terre, le lendemain vendredi. C’est une foule nombreuse de parents et amis, surtout de ses confrères et des autorités maliennes, qui a pris d’assaut la grande famille du défunt à Quinzambougou, avant et après la prière du vendredi. La prière mortuaire et la levée du corps ont eu lieu devant la grande famille des Traoré, après la prière du vendredi.
Plusieurs hommes politiques étaient présents pour un dernier adieu au journaliste chevronné, qui range sagement sa plume.
A cette occasion, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, qui était présent avec plusieurs ministres, a exprimé sa compassion à la presse et à la famille du défunt. IBK a remis à la famille du défunt, une enveloppe de 500 000 FCFA, ainsi que la prise en charge de certaines dépenses liées aux funérailles. Sambi Touré, puis Belco Tamboura, deux collègues de parcours du défunt ont témoigné de la droiture de l’illustre disparu, à lire ci-dessus.


CHOUAÏDOU TRAORÉ :
UN MODÈLE ET UN EXEMPLE

Le quadra qui a marqué pendant un quart de siècle de son empreinte l’espace démocratique et médiatique malien et qui vient de tirer sa révérence en silence est le fils d’un négociant et d’une pieuse ménagère, Sinaly et Tènin Sanogo.

Né à Sikasso en 1967, Chouaïdou Traore a fait toutes ses études primaires et secondaires à l’école Tiéba de Sikasso.
Avec son baccalauréat obtenu en 1986 en série Lettres au lycée de Sikasso, il décroche son diplôme de reporter-journaliste et d’un MBA en sciences politiques.
Suivra ensuite pour cet intellectuel qui aura toujours une soif inextinguible de savoir plusieurs formations, notamment aux États-Unis dans le cadre de : US International Visitors ; Young African Leaders Project ; Séminaire de formation en Management à Pittsburg University, etc.

Ce journaliste né, de vocation et de formation, ne donnera pas du temps à son génie. À peine sa formation de journaliste terminée, il lance, avec audace, en 1990 le premier quotidien privé du Mali : AURORE.
Ses « complices » et ses compagnons dans cette œuvre de pionniers s’appelaient : Sadou Abdoulaye Yattara, Karamoko N’Diaye, Maïmouna Traoré, Belco tamboura…
À l’époque, il fallait du courage et de l’audace ; il fallait oser pour dire et écrire, à plus forte raison le faire publiquement à travers un Journal.

Chouaïdou et ses compagnons ont donc ouvert la brèche, la voie, les consciences ; forcé l’estime et le respect ; leur exemple a fait flores.
Grâce à eux, et à bien d’autres célèbres et anonymes la Révolution de Mars fut ; la démocratie naquit, la liberté dont chacun jouit aujourd’hui.

Entre 1990 et 1992, Chouaïdou Traoré a été tour à tour journaliste, rédacteur en chef et directeur de publication du journal AURORE.

En 1993, l’Enfant du Kénédougou qui veut toujours élargir son horizon professionnel, s’émancipe du groupe et fonde Nouvel Horizon, hebdomadaire puis Quotidien. Le Premier de la presse malienne.

À partir de juillet 1994, Chouaïdou Traoré confie Nouvel Horizon à son équipe et s’installe aux États-Unis pour être correspondant de presse accrédité auprès du National Press Club et parfaire sa formation.
À son retour aux bercails en 1996, il tente une nouvelle expérience. Il crée et anime un Quotidien du soir, Le Soir de Bamako avant de reprendre en janvier 1998 les commandes de son navire amiral : Nouvel Horizon.

Entre 2007 et 2010, le patron de presse, membre fondateur de l’ASSIPREP puis de l’ASSEP, fait une immersion dans la diplomatie : Chouaïdou Traoré est consul général du Mali en Arabie saoudite. Mais le tigre ne peut se départir de sa tigritude. Il reprend en 2010 la direction de son groupe de presse qu’il dote d’une imprimerie.

Pieux et fervent serviteur d’Allah qui a effectué plusieurs fois le Hadj, Chouaïdou Traoré a été et est resté journaliste et patron de presse jusqu’à mort.
Mariée et père de 5 enfants, l’homme est connu comme, outre comme journaliste, un musulman pieux, un ami vertueux, un manager exemplaire, un bosseur, un innovateur, un intellectuel rigoureux, méthodique, sérieux et intègre.

Il a été pionnier. Il était pour ses confrères le sage, le conciliateur, le réconciliateur.
Il nous laisse sans voix sur la voie qu’il qu’il tracé pour plusieurs générations de journalistes maliens.
Il nous laisse un héritage : le sérieux et l’intégrité ; la fierté et le sacerdoce de porter la plume.

Dors en paix, El Hadj, tu as été et tu resteras un modèle et un exemple pour tes confrères qui veilleront sur ta mémoire.
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CHOUAIDOU N’EST PLUS : NOTRE HOMMAGE AU CHEF

« La mort a toujours tort ». Pourrais-je avoir la force et la foi de lui pardonner. Pour cause ! Sans rendez-vous, tel un maraudeur, elle est venue frapper à ta porte, à notre porte. Tu lui as ouvert et elle a cruellement ouvert la sienne. Tu es parti avec elle sans que je ne puisse te dire « au revoir ».

D’où tu es, je te vois sourire et je t’entends, en homme foi et pieux serviteur d’Allah, me dire : la vie n’est que l’attente de la mort ; chaque souffle nous rapproche d’elle.
La mort est une part d’impôt. Tu t’en es acquitté avec stoïcisme et dignité à l’instar de ton aïeul Babemba.
Oui, Chef (c’est comme ça que je t’appelle, depuis que nous nous sommes connus en février 1993), avec respect et déférence je m’incline devant ton choix et devant le destin cruel, devant la volonté d’Allah Soubahana wat’Allah.

Oui, Chef, entre la mort et la lâcheté, tu as choisi de partir les armes à la main. Parce que tu as toujours su que «mourir en combattant, c’est la mort détruisant la mort. Mourir en tremblant, c’est payer servilement à la mort le tribut de sa vie. » (William Shakespeare in «La vie et la mort du roi Richard II»).
Sur cette voie laborieuse qui nous unit, depuis ce jour, je t’ai vu à la tâche jusqu’aux derniers moments de ta vie. Toi, qui de ton Sikasso, fier et digne, comme les héros du Tata, débarques, à Bamako et t’engages au pire moment de la chape de plomb avec la poignée de mousquetaires pour braver les tabous et ouvrir la voie, pardon l’aurore de la liberté et de la démocratie, le journal Aurore.
Nous étions en 1990. Tu n’avais que 25 ans. Corneille me prêtera l’expression : « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Journaleu, red-chef et dirpub, à « Aurore », tu l’as été de 1990 à 1992. Et tu as tenu la barre fermement pendant et après la Révolution de Mars 1991 en veillant sur les intérêts du peuple et en portant vaillamment les aspirations des populations.

Parmi les éclaireurs de la conscience démocratique, tu as été l’une des têtes de proue sans jamais perdre l’humilité et la modestie.
Militants de cette cause-là, nous nous sommes connus et estimés, en 1993, quand après l’aurore, la prospection d’un nouvel horizon s’imposait. Tu as lancé l’Hebdo, puis le quotidien « Nouvel Horizon », la première expérience de la presse malienne.
Tu m’as initié, mis le pied à l’étrier ; tu m’as appris et imposé l’amour et la discipline du travail, surtout la simplicité, l’humilité et la modestie.
« Nous ne sommes que des journalistes, pas des devins. Nous sommes tous des Maliens, aimons tous le Mali. Soyons ouverts et tolérants », tu ne cessais de me dire.
Ces mots sonnent et résonneront toujours dans mes oreilles comme si c’était encore hier qu’ils ont été prononcés. Je ne les ai jamais oubliés et je me fais aussi fort de les transmettre à la nouvelle génération.

Est et sera mon legs, cet enseignement que tu m’as transmis avant de me confier ton bébé, «Nouvel Horizon», de juillet 1993 à décembre 1997.
À ton retour des États-Unis, où tu étais correspondant de Nouvel Horizon, de 1994 à 1996, tu lances en 1996 le Quotidien Soir de Bamako et moi Info-Matin en janvier 1998.
Dans une fraternelle complicité, nous veillerons tous deux à ce que Nouvel Horizon vive et se maintienne. À cœur vaillant, rien d’impossible !
Pendant 17 ans tu as tenu et géré en dépit des pronostics et de toutes les difficultés, les deux quotidiens : Nouvel Horizon et Soir de Bamako. Tu me rappellerais quand mes penchants chauvins et partisans prenaient le dessus : « Sambi, n’oublie pas Soir de Bamako, comme Nouvel Horizon, c’est aussi notre bébé ».

Après 7 ans de détour dans la diplomatie, où tu as été consul du Mali à Djeddah (2003 à 2010), intrépide et farouche bosseur, tu as remis les commandes des deux quotidiens.
À la tâche, sans rien céder aux découragements et écueils de vie, tu as tenu à tirer ta révérence dans l’honneur et dans la dignité, comme un prince du Kénédougou.
Comme un gamin, je t’ai cru, jusqu’à ce matin, incassable, inaltérable et éternel. Que vais-je devenir sans toi, Chef ? Parce que tu n’es pas seulement un confrère, tu as toujours été, pour moi, un frère, le frère, l’ami, le confident et le conseil.

Tu me diras, de là où tu es, comme quand ma mission est terminée à la Présidence : « Sambi, tu es un croyant, remets-toi à Dieu. C’est Lui qui sait le pourquoi et l’enchainement des choses. C’est Lui le maitre des destins. Restes toi-même, fais confiance en Lui ! »
Chef, derrière le respect de ta mémoire je me blottirai, non sans rappeler les paroles de Paul Valery : «la mort est une surprise que fait l’inconcevable au concevable. »
D’où tu es, tu me consoleras surement avec ses mots de Shakespeare : « l’esprit oublie toutes les souffrances quand le chagrin a des compagnons et que l’amitié le console », et, en bon El Hadji, tu diras aussi à tous les autres confrères, à tous ceux qui t’ont connu, apprécié et aimé, surtout à ta fidèle épouse, à tes 5 enfants et à ta famille, cet héritage de Saint Augustin :
« La mort n’est rien,
Je suis seulement passé, dans la pièce à côté.

Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j’étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné,
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.
N’employez pas un ton différent,
Ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
Comme il l’a toujours été,
Sans emphase d’aucune sorte,
Sans une trace d’ombre.
La vie signifie tout ce qu’elle a toujours été.
Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
Simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin…»
À BIENTÔT CHEF !

Ton élève
Ton frère
Sambi Touré
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In memoriam : Chouaidou Traoré
Un pionnier et un homme de courage
En 1990, l’entrée en scène de l’hebdomadaire « l’Aurore » venait renforcer les revendications pour le pluralisme politique, aux côtés de « les Echos », de «la Roue» et des associations démocratiques (Adema, Cnid, Aeem, Adide, etc). Tous les jeudis, les Bamakois s’arrachaient l’Aurore avec ses éditoriaux incendiaires. Des images et des signatures allaient devenir désormais familières dont celle de Chouaidou Traoré, décédé hier. Vingt cinq ans se sont écoulés depuis ces temps épiques mais on ne peut pas ne pas les évoquer sans se souvenir de Chouidaou et de lui rendre l’hommage qui sied. Oui quel ne fut alors le courage de ce jeune journaliste formé dans l’ex Urss ! Sans gant, sans fard, dans un parler cru qui laissait deviner que pour lui ça passait ou ça cassait !

On ne peut oublier ses éditoriaux interpellateurs ni les révélations contenus dans son journal qu’il cogérait avec d’autres dont Belco Tamboura, son compagnon d’arène qui nous a informé de la terrible nouvelle par un Sms résigné. Chouaidou Traoré fit un bref passage dans la diplomatie mais la presse était sa passion et son métier. Il laisse deux titres connus qui ont eu il est vrai des fortunes diverses : Nouvel Horizon et Soir de Bamako. Mais tant qu’il pouvait, Chouaidou relevait le défi de la régularité de ses parutions qui sont des quotidiens, c'est-à-dire ce qu’il y a de plus difficile à faire en matière de journalisme. Il s’en va avec son expertise au moment où la seconde génération de la presse démocratique est requise. Mais personne ne restera et à l’héroïque éditorialiste des années de braise, nous disons adieu. Que sa veuve, ses enfants, sa famille, ses proches et amis reçoivent ici nos condoléances sincères.

Adam Thiam
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Le Républicain N° 4380 du 7/5/2012

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