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Lutte contre les flux migratoires vers l’Europe: 1,8 milliard d’Euros pour convaincre les Africains
Publié le mardi 17 novembre 2015  |  Info Matin
Sommet
© AFP par STEPHANE DE SAKUTIN
Sommet de La Valette à Malte sur la Migration
Mercredi 11 novembre 2015. Malte. Les dirigeants des pays européens et plusieurs chefs d`Etat africains sont réunis pour deux jours en sommet commun à Malte pour tenter ensemble de répondre au défi de la migration clandestine.




C’est en tout cas, la grosse couleuvre que les dirigeants des pays membres de l’Union européenne tentent de faire avaler aux dirigeants africains, au cours du Sommet de La Valette, qui a pris fin, hier, dans la mi-journée. Les chefs d’État africains sont dorlotés par cette annonce de grosses sommes d’argent afin de les faire adhérer à leur plan machiavélique de restriction et de réadmission des migrants africains chez eux.

De l’argent pour l’expulsion des Africains d’Europe, ainsi que le tarissement de toutes les sources drainant des migrants d’Afrique vers ce Continent ? La réponse est affirmative, parce que l’Europe, débordée et confrontée à sa propre survie, ne peut plus se permettre d’accueillir d’autres nationalités pour grossir les rangs de ses chômeurs, a proposé, hier à Malte, un fonds d’aide de 1,8 milliard d’euros à l’Afrique. Il s’agit d’une aide destinée à convaincre les pays africains de les aider à endiguer le phénomène d’afflux de migrants qui met à mal la cohésion de l’UE.
Le sommet de La Valette, ouvert mercredi, devrait également aboutir à un plan d’action commun. Dans ses discussions avec les pays africains, l’UE estime que le fonds annoncé devrait aider les États du Continent à financer des projets de lutte « contre les causes profondes des migrations ». Mais elle exhorte les États membres à apporter en plus leurs propres contributions pour doubler la mise.
Sur les 1,8 milliard d’Euros annoncé, les promesses des pays européens n’ont atteint qu’un total de quelque 78 millions d’euros, selon un décompte de la Commission. Pour dire qu’on est loin du compte.
Si la proposition européenne est acceptée, la cinquantaine de dirigeants européens et africains présents à La Valette doivent souscrire à un plan d’action comportant une série de mesures visant à freiner les flux de migrants. Pire, les dirigeants africains doivent accepter et même aider les pays de l’Europe à renvoyer chez eux les migrants en situation irrégulière.
Dans ce domaine, il est même question, dans le plan d’action promis à la signature, de favoriser la venue en Europe d’officiers d’immigration africains, chargés d’aider leurs collègues européens à mieux déterminer la nationalité des migrants en situation irrégulière.
L’objectif est de mettre en place des expérimentations dès l’an prochain avec au moins dix pays africains volontaires, indique-t-on.
La mesure sera-t-elle acceptée par les dirigeants de notre Continent ? Le temps nous en édifiera. Déjà, tout porte à croire que les Africains n’ont plus le choix face à une Europe en proie avec des difficultés de toute sorte.
« Les départs volontaires doivent être privilégiés, mais quand ce n’est pas possible, les départs forcés sont un pré-requis pour une politique migratoire efficace », a indiqué sur ce point le président du Conseil européen Donald Tusk.
Cependant, certains chefs d’État africains s’étaient néanmoins agacés de la pression européenne sur l’Afrique.
Les migrants africains vers l’Europe « ne sont pas aussi nombreux qu’on le dit. Pourquoi toute cette énergie sur les migrants africains », s’est interrogé jeudi le président sénégalais Macky Sall.
Son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, s’est également montré agacé, soulignant que son pays, avec 25 % de ressortissants étrangers était un «modèle d’intégration ».
« On ne peut pas insister à réadmettre les Africains chez eux pendant qu’on parle d’accueillir les Syriens et d’autres. C’est un traitement différencié que nous condamnons, parce que c’est discriminatoire », s’est insurgé le président sénégalais.
« Le retour dans le pays d’origine ne saurait être la seule réponse de l’Europe aux migrants africains. En effet (certains d’entre eux), ont besoin, à l’instar des migrants venus d’autres régions, de protection », a rappelé de son côté le président ivoirien.
Pour beaucoup de nos chefs d’État, la priorité est plutôt le renforcement de l’immigration légale vers l’Europe, dont ils ont souvent besoin économiquement, compte tenu de l’importance des sommes expédiées par les Africains vivant en Europe à leurs familles.
Les Européens ont timidement répondu en acceptant le doublement du nombre de visas en faveur des étudiants et chercheurs africains, selon le projet de plan d’action consulté par l’AFP.
Le sommet a pris fin hier jeudi à la mi-journée. Il a été immédiatement suivi d’un autre, entre seuls Européens, surtout focalisés sur les discussions en cours avec la Turquie, autre pays-clé dans la stratégie européenne visant à limiter les arrivées de réfugiés et de migrants.
La Commission européenne avait annoncé, il y a quelques semaines, avoir jeté les bases d’un plan commun d’action, mais Ankara avait exprimé son optimisme en disant que ce plan était encore loin d’être acquis.
Il faut noter que notre pays, dont le Président a pris part aux travaux, est au rang des premiers concerné par le phénomène migratoire.
La plus grande organisation de défense des droits des migrants (AME) est contre tout accord de retour et de réadmission entre l’Europe et l’Afrique concernant les migrants en situation irrégulière. Car un tel accord donne systématiquement la possibilité à l’Europe d’expulser légalement les sans-papiers africains vivants sur le Continent européen en nombre.
Souleymane Tangara, un ancien immigré, pense que l’UE n’a jamais respecté ses engagements vis-à-vis des pays africains. Il se souvient encore de la convention de mobilité entre le Mali et l’Espagne dans les années 2008-2010. Cette convention a permis l’Espagne d’expulser sur son territoire pas moins de 800 Maliens sans papier. En retour, seulement 24 Maliens sont parvenus à aller en Espagne pour le travail saisonnier convenu.
Il faut noter qu’au plan national, le gouvernement du Mali a aussi adopté une politique nationale de migration (PONAM), dont le plan d’action est évalué à 120 milliards de FCFA.

Par Sidi Dao
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