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Mandat de la Minusma: va-t-on vers une révision ?
Publié le mardi 17 novembre 2015  |  Info Matin
Patrouille
© aBamako.com par A S
Patrouille de la MINUSMA à Tombouctou
Tombouctou, le 11 Mai 2015, la MINUSMA a procédé aux patrouilles à Tombouctou




À Dakar où se tenait le forum de la sécurité, le président sénégalais a provoqué la sensation en évoquant toutes crues ses vérités sur le mandat de la Minusma qu’il a trouvé non adapté à la réalité malienne. Si la paix n’est pas imposée au nord-Mali, redoute-t-il, c’est la désolation des pays contributeurs qui ne recevront en retour que des cercueils. La Minusma est désormais sous pression…

Ce fut une alerte forte du forum de Dakar sur la sécurité en Afrique : le président sénégalais, Macky Sall, à l’issue de ce cette rencontre de haut niveau, en présence de nombreuses personnalités, venues des quatre coins du monde, notamment de l’Onu, a publiquement dit que le mandat de la Minusma n’est pas adapté au Mali. Un cri de cœur d’un dirigeant d’État, dont le pays est parmi les contributeurs de troupes militaires au Mali, lesquels payent un lourd tribut des attaques terroristes, visant à la fois les positions de l’armée malienne, des forces étrangères, mais aussi les populations dans les régions nord du pays.
Si le président Macky voit ainsi les choses, c’est qu’il y a vraiment nécessité de revoir la copie de la mission onusienne, débarrassée, depuis le mois de juin dernier, de sa vocation de lutter contre les terroristes dans le cadre de la mission de stabilisation qu’elle mène dans notre pays. Pour une durée d’une année (jusqu’au mois de juin prochain), le mandat révisé de la Minusma, par le conseil de sécurité des Nations-Unies, ne lui permet pas, comme c’était le cas un an auparavant, de s’intéresser à la lutte contre les terroristes dans les zones où elle était déployée, sur l’ensemble du territoire national.
Pendant ce temps, au plan national, comme on le sait, la situation sécuritaire du pays a connu une évolution sensible en faveur de la paix, avec la signature de l’accord de paix par toutes les parties concernées. Une situation qui tranche d’ailleurs avec l’option de la Minusma qui se voit désormais amputer d’une mission qu’elle a exécutée dans le cadre de son intervention au Mali. Dans le sens de l’impérieuse nécessité de l’application de l’accord de paix, et l’accalmie retrouvée entre les groupes armés, jadis à couteaux tirés, et qui ont appris à travailler ensemble au sein du comité de suivi de l’accord, il apparait nettement que la plus grande menace contre la paix dans ce pays est bien celle qui émane des groupes terroristes.
De plus en plus, ce sont les connexions djihadistes qui menacent directement les populations, dont la sécurité et la protection, comme son mandat le prescrit expressément, incombent à la Minusma. Là encore, il y a hiatus entre la mission de protection des populations, incombant à la Minusma, et la menace persistante des groupes terroristes qui ne faiblit pas. De plus, le champ d’action des terroristes, réduit aux seules régions du nord, se déplace aujourd’hui sur tout le territoire national, atteignant des contrées du pays, jusqu’ici épargnées par ces attaques djihadistes qui se propagent au-delà même du cadre clos des frontières nationales. Mieux protéger les populations, comme c’est le stipule le mandat de la Minusma, c’est aussi et surtout s’intéresser à réduire, à défaut l’anéantir, le péril djihadiste qui guette les populations. Dans plusieurs localités du pays, y compris les zones de conflit, l’armée malienne a repris l’initiative, en engageant des actions d’envergure contre les terroristes qui sont ainsi traqués, pourchassés et retranchés dans leur dernier retranchement. Autant l’armée malienne mène des opérations militaires en solo, autant elles s’emploient dans le cadre d’opérations militaires conjointes à traquer les groupes terroristes.
C’est notamment le cas de l’opération « Séno », qui concerne plusieurs localités des régions du nord et du centre du pays, par laquelle les forces armées maliennes ont déjà fait arrêter plusieurs hommes clefs des différents groupes terroristes qui ont provoqué, ces derniers temps, une véritable psychose au sein des populations civiles. Mais c’est aussi le cas de l’opération « Djigui » qui met en compétition, sur le terrain, plusieurs armées ; le Mali, le Niger, avec l’appui des forces Barkhane, dont l’action vise à nettoyer les zones frontières, dans le Sahel profond, entre les deux pays, dans la perspective d’empêcher les djihadistes de traverser facilement les frontières des deux pays, après leurs forfaits commis dans l’un ou l’autre pays. Face à toutes ces initiatives de terrain, la Minusma, qui a pour vocation d’assurer la stabilisation du pays, avec une plus grande implication pour la concrétisation de l’accord de paix, ne peut exécuter efficacement son rôle en matière de protection des populations civiles, sur toute l’étendue du territoire, si elle est absente sur le terrain de la lutte contre le terrorisme.
Au forum de Dakar, où la sécurité du Sahel était au cœur des préoccupations, le président Macky Sall a posé crument la problématique de l’intervention de la Minusma, au Mali, dans ses enjeux véritables, compte tenu de la menace de plus en plus aiguë que représente les connexions djihadistes dans de nombreuses localités du pays et même au-delà. La Minusma, dans le cadre de la mission de stabilisation qu’elle mène au Mali, ne saurait alors se détourner autrement de la traque contre les groupes terroristes, comme elle semble s’en détourner, depuis que le Conseil de sécurité, en juin dernier, lui a tout simplement amputé le mandat.
Une manière cinglante, pour le président Macky Sall, de dire qu’on ne peut pas faire des omettes, sans casser les œufs, comme nous l’enseignent les sages. Un cri de cœur présidentiel qui sonne fort dans les esprits au Mali.

Par Sékouba Samaké
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