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Derrière la prise d’otage de Bamako, l’ombre d’Iyad Ag Ghali
Publié le vendredi 20 novembre 2015  |  mondafrique.com
Iyad
© Autre presse par DR
Iyad Ag Ghaly




Ce vendredi 20 novembre, une prise d’otages a lieu à l’hôtel Radisson de Bamako fréquenté par de nombreux occidentaux. Derrière cette dernière action djihadiste qui n’a pas été encore revendiquée mais qui a été précédée par beaucoup d’autres actions meurtrières ces derniers mois, se profile l’ombre Iyad Ag Ghali. Ce dernier, homme fort du nord Mali fut le chef de guerre que l’armée française a combattu en janvier 2013. Beaucoup d’observateurs ont la certitude que le pays tout entier est menacé par une vague d’attentats depuis fin juin 2015.

Iyad Ag Ghaly est-il une menace pour la paix au Mali ? C’est la question que se posent beaucoup d’observateurs depuis fin juin 2015, alors que les attaques terroristes, jusque-là limitées au nord du pays, avaient commencé à s’étendre au sud et au centre, notamment les villes de Kolondièba (Sikasso) et de Nara.

Cette question revient encore sur toutes les lèvres après l’authentification ce mois-ci, par plusieurs sources sécuritaires de la région du Sahel, d’un enregistrement, datant du mois d’octobre, dans lequel, selon Tribune de Génève, Iyad Ag Ghaly appelle encore une fois à lutter contre la France, salue l’attentat contre Charlie Hebdo. Encore plus important, il dénonce- des mois plus tard – la signature entre le gouvernement et les rebelles de la Coalition des Mouvements de l’Azawad CMA) de l’accord de paix, qu’il rejette et considère comme une offense. Aussi, appelle-t-il les jeunes à répondre à cette offense « par (leurs) ceintures explosives, (leurs) charges télécommandées et (leurs) engins piégés. »

Appel au Djihad

Cet enregistrement sonore, on le sait, vient plus d’un an après l’apparition de ce desperado du terrorisme dans une vidéo, mise en ligne le 29 juillet 2014 sur les réseaux djihadistes, et dans laquelle il s’en prend à la France, l’ennemi qu’il s’est découvert, l’accusant d’être intervenue au nord du Mali pour les richesses du sous-sol. Sauf qu’à l’époque, il était en train de hurler au loup quand personne ne voulait entendre, surtout qu’il est lui-même un loup.

Aujourd’hui encore, avec cet enregistrement, on pourrait dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil : le djihadiste continue d’appeler au djihad, surtout contre la France et le Mali. C’est donc dire qu’il y a dans cet acte d’Ag Ghaly un relent d’opportunisme, en ce sens qu’il ressort à chaque fois qu’on commence à l’oublier. Ce qui, pourrait-on dire, est la nature du terrorisme. Mais, dans ces derniers temps, de nombreux observateurs en sont arrivés au constat que, finalement, malgré la capacité de nuisance que l’on sait de Iyad Ag Ghaly, on a de plus en plus l’impression « que même si tout le monde le sait, on le laisse tranquille. La question est pourquoi ? Ou pour quoi ? » Il reste que, à ce jour, personne ne sait où est Iyad Ag Ghaly. En janvier 2014, les services de renseignement français disaient qu’il se cachait probablement en Algérie, un an après que le département des États-Unis le désigne comme étant un « terroriste mondial » (le 26 février 2013). On le disait aussi à Kidal.

Iyad Ag Ghaly, Abou Fadl de son nom de guerre, a été d’abord une figure historique du mouvement rebelle malien, avant d’être nommé conseiller consulaire du Mali à Djeddah, en Arabie saoudite. Ensuite, il s’est rapproché des mouvements islamistes pour finalement créer Ansar Dine, mouvement touareg islamiste, l’un des groupes islamistes ayant contrôlé d’avril 2012 à janvier 2013 les régions du nord du Mali, avant d’être délogés par l’intervention militaire de la France.

« Moi ou le chaos »

En juillet 2014, quelques semaines après la signature de l’accord de paix, Ansar Dine, le groupe islamiste dirigé par Iyad Ag Ghaly – ayant fait allégeance à l’Etat islamique et donc adhère aux salafistes- a revendiqué des attaques djihadistes dans le centre du Mali, plus précisément dans la région de Sikasso et à Nara. Il est réapparu dans un contexte où la mise en œuvre de l’accord de paix polarisait tous les acteurs de la paix au Mali. Surtout que l’accord de paix a été signé sans lui, et durant les dernières phases des négociations à Alger, certaines informations faisaient état de rencontres secrètes dans les hautes sphères de l’Etat où il était question de l’absoudre et de l’associer.

D’aucuns avaient même estimé –et estiment toujours- que la paix est impossible sans lui. « Le soi-disant accord de paix ne peut exclure Iyad et ses hommes, les vrais acteurs du Nord », a confié en juillet à Journal du Mali Oumar Mariko du parti SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance), député élu à Kolondièba. Pourtant, il est aussi clair comme de l’eau de roche que toute possibilité de négocier avec lui est impensable : il est terroriste. Alors qu’il donne de plus en plus l’impression d’être installé dans la logique du « moi ou le chaos ». Témoin cette exportation des attaques dans le centre et le sud du pays que l’on pourrait dire absente de la considération de Barkhane, les forces françaises présentes au Nord.

Alliances

Il y a aussi que l’on parle de plus en plus de l’alliance entre Ansar Dine et le Front de Libération du Macina (FLM) du djihadiste Amadou Koufa, qui veut créer un Etat islamique dans le centre du pays. Fin octobre, les Forces Armées maliennes (FAMas) ont lancé une opération dans la région de Mopti, où opère Amadou Koufa, ce qui a conduit à l’arrestation d’Allaye Bocari Dia, bras financier du FLM, le samedi 14 novembre. Et dans la nuit du dimanche, un militaire de l’armée malienne a été assassiné dans une attaque terroriste contre un poste de sécurité à Djenné, dans la région de Mopti.

Avec cet enregistrement sonore destiné à signaler qu’Iyad Ag Ghaly est là, les attaques terroristes qui se poursuivent, il y a de quoi dire que le Mali n’est pas encore tiré d’affaire. Iyad Ag Ghaly continue à tirer les ficelles dans le nord, et son implication dans les trafics de stupéfiants est un secret de polichinelle. De quoi aussi faire comprendre qu’on est en train de laisser grandir un autre monstre. Ce qui est sûr, effectivement, c’est qu’il est un ennemi dangereux, une menace qu’il est urgent d’écarter.
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