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Au rythme de la vedette : 26 personnes tuées dont 18 clients, 3 employés, 2 vigiles, 1 gendarme malien et les 2 assaillants du Radisson
Publié le mardi 24 novembre 2015  |  Le Temoin
Attaque
© aBamako.com par A S
Attaque de l`Hôtel Radisson Blu: La visite de président béninois Yayi Boni à Bamako
A la suite de l`attaque de l`Hôtel Radisson par des terroristes, le Président Yayi Boni a effectué une visite à Bamako le 23 Novembre 2015




Un bilan lourd, un exploit mitigé et de probables complicités internes

À rude épreuve d’une prise otage pour la deuxième fois après Sévaré, les forces de sécurité maliennes s’en tirent avec une prestation en demi-teinte. Deux individus armés, avant d’être anéantis, ont réussi à abattre 20 civils, un gendarme et deux vigiles pendant l’assaut tardivement lancé pour les déloger de leur niche à l’hôtel Radisson Blu. Le bilan serait peut-être moins pénible si avaient prévalu la promptitude et une meilleure maitrise des cibles.

Un tableau macabre digne de l’apocalypse



Après l’attaque terroriste de La Terrasse à l’Hippodrome, en avril dernier, le terrorisme djihadiste s’est à nouveau signalé dans la capitale malienne à travers ce qui passe pour la prise d’otages la plus sanglante et meurtrière dans l’histoire du Mali. Sa cible, l’hôtel Radisson Blu, a été prise d’assaut de bonne heure par deux individus armés. Contrairement à une information largement distillée, les assaillants ne sont venus à bord d’aucun véhicule d’immatriculation diplomatique. Ils ont accédé à leur cible à pied et se sont manifestés, dès les barrières de sécurité, par des tirs nourris ayant eu raison d’un premier vigile répondant au prénom de Moussa Konaté. Un deuxième beaucoup plus téméraire, connu sous le nom d’Abdoulaye Magassouba, a également reçu des rafales en pleine poitrine à l’entrée du complexe, en voulant riposter.

Et c’est au cri de ‘’Allah Akbar’’, selon des témoignages concordants, que la barrière de sécurité de la société de gardiennage ‘’Escort’’ a ainsi volé en éclats. Il est loisible d’imaginer la suite : les deux visiteurs criminels ont ensuite installé une terreur indescriptible à l’intérieur du bâtiment en ciblant notamment le premier étage où la clientèle converge massivement pour le petit-déjeuner.

Voyant l’intention des intrus, deux serveuses et un cuisinier ont tenté de mettre à l’abri une quinzaine de convives en les conduisant vers l’ascenseur. La charge étant manifestement excessive, l’appareil a mis du temps à démarrer. Du pain béni pour leurs assassins, qui ont réussi à les rattrapés pour arroser l’ascenseur de tirs. Dix-sept clients ont péri sur le coup, de même que le cuisinier Abdoulaye Koné. Ses autres collègues grièvement touchés ont trouvé refuge dans le bureau du chef-cuisinier en simulant le mort, tandis qu’une serveuse, beaucoup moins chanceuse, a reçu des rafales en pleine poitrine pour avoir poussé des cris de panique.

Ce n’est pas la fin du feuilleton macabre. L’employé Alassane Tapily a été à son tour descendu à bout portant en se précipitant vers la réserve cuisinière, tandis qu’un client européen, intercepté à son retour de la salle des sports, a été impitoyablement égorgé par un des djihadistes. Les écouteurs collés aux oreilles, ils ignoraient certainement tout de ce qui se passait.

Pendant ce temps, l’événement mobilisait à l’extérieur diverses unités sécuritaires maliennes, puis des forces étrangères qui ont érigé un périmètre de sécurité de sécurité aussitôt assailli de toutes parts par de curieux passants ou habitants du voisinage.

Le personnel du Radisson Blu, qui devait reprendre le travail une heure après le début de la prise d’otages, a dû rebrousser chemin devant l’impressionnant dispositif de sécurité ou s’associer pour certains aux attroupements tout autour de leur lieu de travail. Parmi eux se trouvait M. Samaké, un collaborateur du promoteur Komé qui, de l’extérieur, aidait les brigades de sécurité à maîtriser le plan du bâtiment en vue d’extraire le maximum d’occupants des étages abandonnés par les assaillants. On était encore à trois (3) personnes froidement abattues et plus d’une dizaine de blessés parmi la clientèle, selon les informations qui filtraient de bouche à oreille. C’est par les mêmes canaux qu’on apprenait le nombre d’otages évacués de l’hôtel au compte-goutte et transportés par les secours au Palais des Sports, à quelques centaines de mètres de Radisson Blu.

A bilan disproportionné, un exploit aux pincettes

C’est après avoir ainsi extrait le maximum d’occupants, récupérés de chambre à chambre sur les trois premiers étages, que l’assaut final contre les deux preneurs d’otages est intervenu après dix heures environ de tragédie. Les deux assaillants, retranchés à l’ultime étage après avoir dégusté une grillade dans la cuisine, ont été liquidés à leur tour à l’issue de l’opération menée par des unités spéciales de la Garde nationale, des brigades et groupements de la police et de la gendarmerie, avec la bienveillante assistance d’une unité des forces spéciales françaises mobilisées de Ouagadougou.

En plus des deux terroristes ainsi abattus, on dénombre au total 18 clients tués et des dizaines d’autres blessés, 1 mort parmi les éléments de la Gendarmerie, 3 employés et 2 vigiles de la société ‘’Escort’’.

Depuis N’Djamena où il prenait part à la réunion du G5 sur la sécurité dans le Sahel, Ibrahim Boubacar Keïta, le chef de l’Etat, a salué ce qu’il a présenté comme un ‘’professionnalisme des forces de sécurité maliennes’’, pour un bilan pourtant largement disproportionné au nombre d’assaillants. En effet, les forces de sécurité, pour peu qu’elles aient été informées sur le nombre des assaillants et mesuré la densité de leurs mouvements dans l’enceinte, pouvaient épargner plus de vies humaines en intervenant avec la promptitude appropriée à la situation. Au lieu de quoi, les terroristes aura tiré parti de leur lenteur pour étancher leur soif macabre, aux dépens de la stabilité du pays et de la confiance qu’il conquiert peu à peu auprès de ses partenaires étrangers.

Qui sont-ils ?

Difficile de répondre à cette question qui pend à toutes les lèvres, tant elle continue d’être entourée de mystère et d’énigme du côté des différents milieux sécuritaires. Il nous revient, de source bien introduite, que les forces sécuritaires maliennes ont été à peine autorisées à accéder aux corps des deux terroristes aussitôt mise à la disposition d’une certaine police scientifique pour les besoins d’enquête. On ignore par qui cette police est pilotée, mais sa tâche consiste à examiner les dépouilles ainsi que le contenu d’un appareil téléphonique que les deux forcenés n’ont pas eu le temps de détruire.

Mais, à s’en tenir aux revendications distribuées sur les réseaux traditionnels, l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako est à mettre au compte d’Al Mourabitoune et des ‘’Signataires par le Sang’’, le mouvement terroriste que Mokhtar Bel Mokhtar alias Ben Lawar a porté sur les fonts baptismaux, à quelques encablures du déclenchement de la traque de colonies djihadistes du nord-Mali par les forces françaises.

L’authentification d’une telle paternité rend la menace terroriste d’autant plus préoccupante et complexe qu’elle traduit une redoutable et surprenante expansion du réseau de Ben Lawar vers le sud du Mali. Car les assaillants du Radisson Blu, selon toute évidence, ne sont ni d’origine arabe ni touareg mais bel et bien d’apparence sub-saharienne.

Selon des sources concordantes, ils ont pénétré le territoire malien via la Guinée et ont débarqué armes et bagages à l’Hôtel Radisson Blu dont ils feraient partie de la clientèle ou l’ont probablement été par le passé. En tout cas, certains observateurs relèvent que l’opération a bizarrement concerné les mêmes endroits fréquentés en son temps par certains résidents venu dans le cadre de la signature de l’Accord et qui ont continué à séjourner à Radisson plus d’un mois après l’événement.

Il se susurre par ailleurs que les deux assaillants étaient certes lourdement armés en pénétrant l’immeuble, mais qu’ils semblaient disposer également à l’intérieur d’une imposante quantité de munitions qui les a probablement précédés dans l’immeuble. Ce qui crédite naturellement l’hypothèse d’une complicité interne leur ayant ouvert des brèches.

I KEITA
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