Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Testament d’un père à sa descendance
Publié le samedi 28 novembre 2015  |  Le Reporter
jean
© Autre presse par DR
jean Loui-Duv




Tu es le petit-dernier de mes enfants, c'est pourquoi c'est à toi que j'adresse ce message, ce soupir ; bref, ce cri de douleur.
Vois-tu mon fils, tout au long de ma vie, j'ai œuvré, à mon modeste niveau, pour valoriser l'héritage que j'ai reçu de mes pères. Comme tu le sais, j'ai grandi au village, bercé par la musique de la forêt et des rivières. J'ai fréquenté et appris l'école des Blancs avec les missionnaires, pour me faire une place dans cette société occidentale qui ne laisse pas de place à la tradition et aux rites. Mais j'ai appris cette école par contrainte, oui, par contrainte.
Le mode de vie des Blancs gagnait notre faible société traditionnelle. Nos vies mutaient à une allure que nous ne pouvions maîtriser et pour ne pas rester à la marge de "l'évolution", je troquais ma fronde le matin pour un crayon. Et petit à petit, nous avons été assimilés par faiblesse d'esprit dans un monde étranger au détriment de qui nous sommes vraiment. Oui mon enfant, par faiblesse d'esprit, dis-je. L'Africain a toujours été pacifique. Notre hospitalité légendaire nous a fait perdre nos terres, et même nos esprits. Nous ne contrôlons plus rien, même pas nos propres cultures. Mon aïeul, du haut de sa longue expérience de la vie, me répétait : «méfie-toi de ce que tu détestes, mais encore plus de ce que tu aimes.»
Malgré tout, le village n'a gardé aucun secret pour moi. L'enseignement de mon père et de mon grand-père m'en a heureusement épargné. Mon père, homme avisé, m'a dit une fois : «le plus grand trésor qu'un peuple puisse léguer à sa descendance, c'est son histoire». Aujourd'hui, héritier de cette inestimable richesse, j'ai voulu vous la léguer. Toutes les vacances, je vous amenais au village pour que vous vous familiarisiez avec vos racines, je vous ai présenté à nos arbres, à nos rivières, je vous ai dit des contes, proverbes, devinettes et épopées de chez-nous. Je vous ai transmis les coutumes et traditions qui régissent notre clan, notre tribu, notre langue... notre africanité. Mais, j'ai honte de l'admettre, face à la modernité galopante et à votre ignorance, je ne fais pas le poids. J'ai encore plus honte, car j'ai failli à ma mission. Est-ce totalement de ma faute ? Peu importe, j'assume.
Ta génération est tiraillée, entre d'un côté les anciens qui veulent vous transmettre les valeurs qui font l'Afrique, les Arabes qui veulent vous contrôler l'esprit et l'Occident qui veut vous "blanchir" (je préfère le dire ainsi). La preuve, la femme n'est plus cette déesse respectée, honorée et adulée pour sa pudeur et sa beauté, tout ça étant religieux. Ses formes taillées par la nature sur la pure ébène de la forêt qui l'enlace, non. Vous avez troqué la digne reine africaine contre du plastique, de la peinture et des artifices qui ont décimé la vraie beauté. La femme est devenue une marchandise qu'on exploite, qu'on embellit pour mieux la vendre. Les modèles des jeunes filles sont aujourd'hui des personnages pathétiques dépourvus de tout sens moral. Elles sont une honte pour l'intégrité de leur mère. La jeunesse africaine est devenue un troupeau qui suit un berger aveugle. Regarde les jeunes hommes ! Ils ne pensent plus qu'avec leur sexe et leurs poches. Ce que nous avons là, ce ne sont plus des chefs de familles, mais des gamins emprisonnés dans des corps d'adultes. À baver devant des femmes dénudées, aux mœurs dépravées, qui ont perdu l'usage de leur cerveau. Les enfants suivent des exemples bien plus qu'ils n'écoutent des conseils, me répétait mon aïeul. Toi, es-tu sûr d'être un bon exemple pour ton fils ? Veux-tu même que ton fils te prenne pour modèle d'adulte ? Pose-toi toujours cette question pour être sûr d'emprunter le bon chemin. Que nous est-il arrivé ?
Aujourd'hui, certains Africains réclament le droit de pratiquer certaines paraphilies importées d'ailleurs, ils ont vu les autres le faire ! Mais nous en Afrique avons la polygamie, par exemple, avez-vous vu les Occidentaux courir pour ça ? Pourquoi être aussi assimilés ? Si être un homme moderne c'est cautionner et être le reflet de tout ce qui vient d'ailleurs, je préfère être taxé de rétrograde. Mon enfant, que tu le veuilles ou pas, tu es le dépositaire des valeurs ancestrales. C'est à toi de décider ce que tu vas en faire : les ignorer et faire partie du troupeau, ou les valoriser et être le berger. Nos traditions n'ont pas que de mauvais côtés. Autant que celles des blancs n'ont pas que des vertus. Je vous ai offert ce legs inestimable que j'ai gracieusement reçu de mes pères. Il vous appartient de l'adapter à votre époque et non à le ranger dans les tiroirs du passé. Car en détruisant votre histoire, vous vous détruisez vous-même. Il arrivera à un niveau où vous ne saurez plus qui vous êtes. Dites-leur : "nous avons nos valeurs". Dites-le avec fierté, ne soyez pas comme des girouettes qui dansent au rythme du vent. Suivez votre propre chemin. Car celui qui impose son identité se domine d'abord soi-même, et domine les autres. Mais je vous regarde, et malgré tout, je ne peux m'empêcher d'être sceptique. Pas à cause de vous, mais à cause du monde qui vous entoure. Je m'en irai le cœur lourd, témoin de la perdition de ma descendance. Vers où vont-ils ? Leur situation actuelle en dit long sur leur hypothétique avenir.
Demain, les hétérosexuels, les femmes naturelles, en plus des villageois feront partie de la minorité opprimée... en Afrique ! Lorsque dans la paix éternelle je verrai mes ancêtres, je leur dirai juste : "J'ai tout essayé". Ton père, qui t’aime plus que tout.
Source : Facebook
Source: Le Reporter
Commentaires