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De vous à moi : L’imam et le magistrat ou le Coran et le glaive
Publié le vendredi 4 decembre 2015  |  Le Républicain
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de signature de l`accord de paix d`Alger
Bamako, le 15 mai 2015 au CICB. Le Gouvernement malien et les groupes rebelles du nord ont procédé en présence de nombreux chefs d`Etats africains et de la médiation internationale à la signature du document de paix issu du processus d`Alger. (Photo Mahmoud DICKO, imam et président du Haut Conseil Islamique du Mali)




L’IMAM DICKO FAIT LE BUZZ. Il le sait tellement lui-même que la Radio dont on le dit très proche est revenu hier sur l’interview du président du Haut Conseil islamique qui est au cœur de la controverse. Il s’agit de ses propos sur l’attentat meurtrier dont l’hôtel Radisson a été la victime le 20 novembre. L’émoi créé autour de l’interview vient-il du compte rendu qu’en a fait Bakary Mariko, l’ex porte parole du Cnrdre qui peut être accusé de tout sauf de se cacher derrière son petit doigt.

Rappelant quelques postures troubles de l’imam vis à vis de la junte de l’époque et mettant en relief une phrase particulière de ladite interview, Mariko conclut à l’apologie du terrorisme. Les jours suivants, quelques boucliers célèbres se sont levés: notamment celui de Alioune Ndiaye, personnalité de la culture malienne et celui de Daniel Tessougué, procureur Général. L’imam s’est voulu apaisant dans la mise au point qu’il eut à faire hier jeudi avec notre confrère Diossé Traoré.

Mais la vérité est qu’il ne plaira ni à Daesh ni aux défenseurs de la laïcité. Il nous dit en effet que l’islam dénie à ses adeptes le droit de tuer. Par conséquent, déduit-il, les jihadistes qui tuent au nom d’Allah ne sont pas des musulmans. S’il vivait en Syrie, Dicko aurait été obligé de se planquer pour échapper à l’application d’une Fatwa que les radicaux auraient édicté contre lui.



Mais l’imam ne conclut pas sur la désapprobation. Il se révolte contre la profanation du prophète de l’islam et parle là de l’affaire Charlie. Mais il déclare aussi que Dieu est fâché contre un monde devenu le refuge de la perversion et du péché. On se souvient que lors de la tragédie de Mina et de ces centaines de morts, l’imam avait tenu plus ou moins les mêmes propos sur la colère divine s’abattant sur l’humanité dévoyée.

L’amalgame est désastreux. Dès lors, l’imam ne peut éviter blâmes et reproches. Car ce sont des êtres de chair qui sont tombés. La douleur de leurs proches est vive et elle justifie une communication prudente. Surtout que contrairement à l’église, les associations musulmanes, ni sur le Radisson, ni sur les autres attentats ne se sont pressés de condamner si jamais elles l’on fait.

Mais la sortie malheureuse de Dicko est une chose, les propos prêtés à Daniel Tessougue par la presse sont une autre.

LE PROCUREUR PERSISTE ET SIGNE. Du moins dans ce que les médias ont rendu compte. Il reprend la qualification faite par Bakary Mariko et il dit sans ambages que les propos de Dicko relèvent de l’apologie du terrorisme. Dans son réquisitoire à l’entame des Assises en cours, Tessougue qui n’a pas peur des mots va plus loin dans le procès contre l’envahissement de l’espace de la laïcité par la religion. Il demande la séparation de l’Etat et de la religion et ce n’est certainement pas à l’imam qu’il fait cette demande.

Mais parce qu’il incarne une institution, la seule vraie digue en démocratie contre l’abus et les errements, Tessougue est invité à plus de retenue qu’un citoyen ordinaire. Ses propos contre les déclarations de l’imam ont créé une affaire Dicko sur les tombes fraîches des victimes du Radisson. Les proches des victimes ont sans doute apprécié. Les défenseurs de la laïcité également.

Mais avec les leviers du droit à sa disposition, il avait la possibilité d’ouvrir une information contre l’imam. S’il estime que les valeurs de là République sont foulées. A défaut, c’est la polémique qui s’installe et hélas dans un sujet passionnel.

Adam Thiam
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