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Le Procès Verbal N° 195 du

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Plus de 100 rebelles tues: Comment l’armée malienne a repris le dessus
Publié le lundi 14 janvier 2013  |  Le Procès Verbal




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Votre journal vous livre, en exclusivité, le film des combats qui, en fin de semaine dernière, ont opposé l’armée malienne aux assaillants islamistes dans la région de Mopti. Ainsi que les forces françaises et étrangères engagées au front.

Depuis quelque temps, Iyad Ag Ghali, le chef islamiste d’Ansar Dine, qui occupe Kidal et Tombouctou, caresse le projet de mettre la main sur une nouvelle région malienne: celle de Mopti, clé de voûte du système de défense malien établi entre le nord et le sud du pays.



Pourquoi Iyad a attaqué



Le projet d’invasion présentait, aux yeux du chef rebelle, ds avantages majeurs. D’abord, il compromettrait la venue au Mali des 500 instructeurs européens annoncés; ensuite, il permettrait de détruire les restes de l’armée malienne déployés au quartier général de Sévaré, ce qui hypothéquerait toute intervention étrangère; enfin, il placerait Iyad en position de force écrasante lors des pourparlers engagés à Ouagadougou avec le gouvernement malien. Iyad, qui n’a jamais parlé d’Azawad mais plutôt d’appliquer la loi islamique dans tout le Mali, pourrait pousser l’avantage militaire jusqu’à Ségou: le Mali, définitivement vaincu et humilié, se verrait alors contraint de renoncer à la laïcité et au contrôle administratif des régions du nord afin de récupérer, en contrepartie, les régions de Ségou et de Mopti qui, historiquement, n’avaient jamais quitté le giron gouvernemental.

Iyad avait la certitude que sa nouvelle offensive aboutirait. Habitué à voir les troupes maliennes s’enfuir au premier coup de canon, il s’attendait à une immédiate débandade malienne dès que les combattants islamistes pointeraient le nez. De plus, Iyad se disait que les troupes maliennes de Sévaré gardaient le moral au talon puisque la communauté internationale ne cesse d’hésiter sur le dossier malien et qu’à Bamako même, le pouvoir politique manque d’autorité au point que, mercredi dernier, le conseil des ministres ne put se tenir, de crainte des manifestants anti-Dioncounda. Surtout, Iyad Ag Ghali comptait sur les divisions de l’armée: elles opposent, entre autres, les bérets verts aux bérets rouges, les moins gradés aux généraux, les militaires proches du capitaine Amadou Sanogo à ceux de l’ancien président ATT. Enfin, le chef rebelle avait foi en ses propres forces: des centaines de combattants aguerris, prêts àmourir en « martyrs » et issus d’Ansar Dine, du MUJAO, d’AQMI ainsi que de la redoutable secte nigériane Boko Haram.



Mobilisation générale des rebelles



Jugeant le contexte favorable, Iyad provoque un conseil de guerre à Tombouctou. Là, dix jours durant, il se concerte avec ses alliés terroristes d’AQMI et du MUJAO, les mêmes qu’il avait promis à la communauté internationale d’abandonner au profit d’une « discussion sincère entre Maliens ». A l’issue de la réunion secrète, le compère, roublard comme un singe, annonce publiquement qu’il rompt tout cessez-le-feu avec le Mali, accusant ce pays de ne pas croire au dialogue et promettant une descente musclée de ses hommes vers le sud. Dans un article intitulé « Mobilisation générale des rebelles: Sévaré menacée d’invasion », nous rapportions, dans notre édition du lundi 6 janvier, que les combattants islamistes avaient fait des démonstrations de force à Tombouctou et fait le tour des radios locales pour demander des bénédictions aux habitants dans la perspective de la guerre qu’ils s’apprêtaient à engager au sud malien. Au même moment, le MUJAO mobilisait ses sbires à Gao, rejoints par des combattants noirs de Boko Haram, le groupe terroriste nigérian célèbre pour ses tueries. Tout ce beau monde, à bord de centaines de 4X4, met bientôt le cap sur Bambaramaoudé, Douentza et Boré, à quelques kilomètres de Konna.



Bataille de Konna



La ville de Konna, située à 70 km de Sévaré, abrite une unité spéciale des bérets verts appelée « Dami ». Cette unité de l’armée de terre, formée pendant 4 bonnes années par la France, est rompue aux opérations commando; elle n’a d’équivalent, en termes de technicité et d’endurance, que le régiment des commandos parachutistes de Djikoroni (bérets rouges), actuellement dissous. L’unité des « Dami » constitue l’échelon le plus avancé de l’armée malienne dans la région de Mopti. Elle est commandée par le lieutenant-colonel Mamadou Massa Oulé Samaké, un bouillant officier qui, à la propre demande des soldats, a interrompu un stage à l’étranger pour venir diriger les « Dami ». Pour la petite histoire, le lieutenant-colonel Samaké, pressé d’en découdre avec les rebelles, aurait refusé toute moindre prime de commandement; ses hommes lui vouent un respect presque religieux. Lorsqu’il apprend que les islamistes rôdent aux alentours de Boré, le chef des « Dami » lève, mercredi soir, une forte patrouille destinée à les localiser et à les neutraliser. Entre autres armements, il dispose d’une dizaine de BRDM, engins russes semi-blindés très redoutables tant il fait, même de loin, des ravages dans les rangs ennemis. La patrouille, dirigée par le lieutenant-colonel Samaké lui-même, secondé par le capitaine Traoré – nous ignorons son prénom -, parvient jusqu’à Boré sans rencontrer un seul rebelle. Elle décide de retourner à la base de Konna. Sur le chemin du retour, elle tombe dans une embuscade islamiste. En fait, les rebelles se sont scindés en deux groupes: pendant que le premier fait feu sur les « Dami », l’autre fonce droit sur Konna. Apprenant que les « Dami » subissent le feu ennemi et qu’une colonne rebelle fonce sur Konna, ce qui reste du camp malien de Konna croit les « Dami » exterminés et, donc, la messe dite. Sans les « Dami », impossible, en effet, de sauver Konna. Les nôtres ramassent donc armes et bagages et se replient à Nti, village situé entre celui de Fatoma et le quartier général de Sévaré. Jeudi matin, vers 10 heures, les rebelles entrent sans combat à Konna et paradent devant les caméras. Juchés sur leurs 4X4 remplis d’armes, ils annoncent triomphalement qu’ils viennent appliquer la loi divine, qu’ils ne s’en prendront pas aux civils et que leur prochain objectif est l’aéroport de Mopti dont la prise empêcherait tout ennemi étranger de débarquer.

Quelques heures plus tard, les « Dami » arrivent à bout de l’embuscade islamiste: ils tuent tous les assaillants (une centaine) mais apprennent que Konna est tombée aux mains de l’ennemi.Ne disposant plus d’assez de munitions pour libérer Konna, les « Dami » contournent la ville et rejoignent leurs camarades enfuis à Nti. Leurs toutes dernières munitions, avant de rejoindre Nti, sont épuisées dans une attaque-surprise de 50 rebelles. Ces derniers se dirigent à pied vers les « Dami », en se cachant derrière un gros troupeau de boeufs. Démasqués in intremis, ils sont arrosés par les BRDM. Bilan: le troupeau et le groupe de rebelles décimés. Un bus de la société de transport Sonef, qui passait là au même moment, a failli faire les frais de l’accrochage.

A Nti, où l’armée se replie en attendant des renforts, on fait les comptes de la journée de jeudi. Les « Dami » déplorent une dizaine de morts et quelques blessés: tous sont ramenés à Nti, de même que l’ensemble du matériel de combat. C’est la preuve qu’ils ont triomphé de l’embuscade car autrement, ils seraient revenus sans le matériel ni leurs camarades touchés. Quant à la troupe résiduelle qui avait fui Konna pour Nti, croyant les « Dami » perdus, elle a, elle aussi, pu emporter avec elle son matériel au grand complet. Nos sources rapportent qu’à Douentza, Gao et Tombouctou, les rebelles ont passé la nuit enterrer leurs morts estimés à 400 hommes.



Renforts jihadistes



Vendredi, des renforts sont envoyés aux rebelles. Environ 500 combattants noirs appartenant à Boko Haram ont déjeûné à Tombouctou, prié ensemble dans une mosquée du quartier « Sans fil » avant de prendre, vers 14 h 30 mn, la route du sud à bord de 51 véhicules tout terrain que nos sources ont comptés consciencieusement. Au même moment, le MUJAO et Boko Haram dépêchaient vers Konna des centaines de miliciens lourdement armés. Et pour parer à toute éventualité, les jihadistes font parvenir à la France le message que si elle intervient, ses otages seront sommairement exécutés.



Renforts maliens



Les renforts, côté malien, viennent d’abord de Sévaré, le quartier général commandé par le colonel Didier Dackouo. Ordre est donné de vider les civils des abords des camps. 2 hélicoptères sont dépêchés de Bamako à Sévaré et comme l’armée de l’air locale ne compte pas assez d’avions, la plupart de ses éléments sont transformés en fantassins, chargés de rejoindre les unités combattantes à Nti et Fatoma. Kati, qui n’avait envoyé à Sévaré qu’une fraction du matériel militaire venu de Guinée, décide de redéployer le reste. Ainsi, une vingtaine de BRDM et une forte troupe – y compris des bérets rouges - sont réparties entre le front de Sévaré et la zone de Nara, non loin de la frontière mauritanienne. Mais les renforts les plus déterminants viennent de l’étranger. En effet, à la demande du président Dioncounda Traoré, le chef de l’Etat français, François Hollande, annonce avoir décidé de voler au secours du Mali, « un pays ami » dont l’existence se trouve en péril. Hollande ordonne à l’armée française de prendre position au Mali et d’appuyer l’armée malienne dans la reconquête des territoires perdus. Et Hollande précise que les opérations militaires françaises dureront « tout le temps nécessaire ». Si la France a pu réagir si vite, c’est parce qu’elle dispose de forces déjà prépositionnées en Afrique, au Gabon, au Sénégal, mais aussi au Tchad, d’où l’armée de l’air peut lancer des raids aériens, avec ses Mirages 2000D et F1CR. 19 autres avions de combat sont déployés à Sévaré dès vendredi; parmi eux, 7 hélicoptères Cougar, Caracal et Gazelle, très performants, grâce à leur système vidéo, dans les missions de reconnaissance. 2 hélicoptères d’attaque Tigre feraient partie de l’arsenal. Quelque 500 légionnaires français, habitués aux terrains africains, sont, selon des sources, transportés à Sévaré en gros porteur Transall mais officiellement, la France ne reconnaît pas l’engagement de ses forces terrestres.

L’entrée en guerre de la France provoque aussitôt celle des pays de la CEDEAO. Le « déploiement immédiat » de la force en attente de la CEDEAO (3.300 hommes) est ordonnée. Sur le terrain, les Nigérians, qui ont de sérieux comptes à régler avec Boko Haram, sont les plus prompts et les plus nombreux: c’est un de leurs généraux qui commande la troupe africaine composée de soldats et d’officiers nigériens, sénégalais, burkinabè, béninois et togolais. Bref, le rapport des forces change et Dioncounda Traoré peut, à juste titre, promettre vendredi soir une « risposte cinglante et massive » aux assaillants.



Le front bouge



Selon des sources militaires que nous avons approchées, les avions français ont fait, dans la seule journée de vendredi, 17 sorties. Les équipements techniques utilisés permettent de localiser et de liquider tout groupe jihadiste en mouvement. Konna est reprise à l’aube du samedi. Parallèlement, tout mouvement jihadiste est stoppé dans tout le nord du Mali. « Aujourd’hui, aucun jahadiste armé ne peut parcourir 10 mètres au nord sans être tué. Le mieux pour les rebelles, c’est de déposer les armes, de se déguiser en bergers pour s’enfuir », nous confie un haut gradé.



Tiékorobani

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