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Sommet Chine-Afrique Les cadeaux « XXL » de Pékin aux Africains
Publié le jeudi 10 decembre 2015  |  Nouveau Réveil
Hommage
© aBamako.com par AS
Hommage aux victimes chinoises de l`attaque du Radisson Blu
Bamako, le 26 novembre 2015. Le président Ibrahim Boubacar Keita et l`ambassadeur de la République Populaire de Chine au Mali ont rendu un dernier hommage aux victimes chinoises de l`attaque perpétrée le 20 novembre contre le Radisson Blu Hôtel.




Pour gagner une plus grande place dans le cœur des Africains, le Président chinois a fait un autre cadeau que ces partenaires locaux auront du mal à refuser. Xi Jinping a fait part de sa décision d’effacer les «dettes gouvernementales sans intérêt échues en fin 2015» des pays africains les moins avancés.
Le deuxième Sommet sur la coopération entre la Chine et l’Afrique s’est ouvert le vendredi dernier à Johannesburg, en Afrique du Sud, avec la participation d’une vingtaine de dirigeants africains. Comme tout le monde l’aura remarqué, ce sommet de deux jours a été organisé par Pékin, mais il se tient sur le continent africain. Une première. Certains y voient un message sur l’engagement de la Chine sur le continent.
En tout cas, difficile de lire l’initiative autrement. Pour assurer justement à son pays une présence plus durable en Afrique, le président chinois Xi Jinping est venu au pays de Mandela avec un sac rempli de présents. Le plus coûteux des cadeaux qu’il a offert aux Africains a une valeur, accrochez-vous bien, de plusieurs dizaines de milliards de dollars. 60 milliards pour être exact.
Dans un discours prononcé à l’ouverture du sommet, il a en effet promis aux leaders africains des aides de 60 milliards de dollars, essentiellement sous forme de prêts. «La Chine a décidé d’octroyer un total de 60 milliards de dollars d’aide financière, incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards à taux préférentiels», a lancé Xi Jinping. Une déclaration accueillie par un tonnerre d’applaudissements.
Auparavant, aucun partenaire de l’Afrique n’avait consacré autant d’argent au «développement» du continent. Le cadeau est assorti d’une autre promesse : la Chine a promis de tout faire pour que l’Afrique s’émancipe de ses anciens colonisateurs.
Cette manne impressionnante — qui a certainement commencé à donner le vertige à de nombreux leaders — sera destinée à financer dix programmes de coopération sur trois ans. Ces programmes couvrent des domaines divers comme l’agriculture, l’industrialisation, la réduction de la pauvreté, la santé, la culture, la sécurité, la protection de la nature ou encore le développement vert. Et ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
Pour permettre aux africains d’acquérir l’expertise nécessaire à leur développement industriel, le président chinois a, en outre, annoncé la formation en Afrique de 200 000 techniciens et en Chine de 40 000 Africains.
Pourtant, Pékin n’avait pas besoin de faire étalage d’autant de puissance. La Chine est déjà le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec plus de 200 milliards d’euros d’échanges commerciaux par an. C’est que Xi Jinping veut probablement épuiser ses concurrents immédiats, à savoir la France, les États-Unis et la Turquie. Et il ne serait pas étonnant que ces pays appréhendent l’offensive chinoise comme une déclaration de guerre.
La politique, l’ONU et le business
Afin de gagner une plus grande place dans le cœur des Africains, le président chinois a fait un autre cadeau que ces partenaires locaux auront du mal à refuser. Xi Jinping a fait part de la décision de Pékin d’effacer les «dettes gouvernementales sans intérêt échues fin 2015» des pays africains les moins avancés. L’Union africaine — qui éprouve ces derniers temps du mal à mobiliser des ressources pour faire fonctionner ou financer ses opérations urgentes de maintien de la paix — n’a également pas été oubliée. Le président chinois a décidé de donner «une aide sans contrepartie à l’organisation panafricaine de 60 millions de dollars pour appuyer la construction et les opérations de la Force permanente africaine et de la capacité africaine de réaction rapide aux crises».
L’objectif de cette force africaine en attente est, rappelle-t-on, de diviser les forces du continent en cinq grandes régions pour assurer à tour de rôle la sécurité des pays africains grâce à 25 000 hommes. À travers cette aide, la Chine — à laquelle les États-Unis reprochent souvent de ne s’intéresser qu’aux ressources de l’Afrique et de détourner le regard des problèmes des Africains — veut prouver qu’elle entend assumer à l’avenir ses responsabilités en matière de sécurité et de maintien de la paix dans le monde. Xi Jinping s’est d’ailleurs engagé solennellement à prendre «une part active aux opérations onusiennes de maintien de la paix en Afrique».
Pourquoi une telle générosité ? L’amitié «XXL» de la Chine à l’égard de l’Afrique peut d’abord s’expliquer par la politique. Le soutien apporté à la Chine par bon nombre de pays africains pour qu’elle entre au Conseil de sécurité de l’ONU, le 25 octobre 1971, joue encore certainement. C’est un épisode que les Chinois eux-mêmes aiment à rappeler en public. Ils en sont d’ailleurs très reconnaissants. Mais cet engagement ne peut pas à lui seul expliquer les centaines de milliards de dollars injectés en Afrique. En fait, la Chine, pour alimenter sa croissance, a besoin des matières premières de l’Afrique (pétrole, fer, zinc, etc.).
Les Chinois produisent, quant à eux, des biens manufacturés à bas coûts dont l’Afrique a cruellement besoin. C’est là que réside le secret de la bonne entente entre la Chine et l’Afrique. Et en offrant cette fois plus de 60 milliards de dollars au continent, le président Xi Jinping veut rassurer que le deal ne changera pas, même si la croissance de l’économie chinoise n’est plus ce qu’elle était, il y a quelques années. Mieux, il s’est engagé à aider les pays africains à s’industrialiser. Qui dit mieux ? C’est toujours la République Populaire de Chine qui dit mieux pour que l’Afrique émerge.

Arouna Traoré
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