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Depuis Paris, Souleymane Cissé crache ses quatre vérités : – « Bamako subit l’emprise d’une mafia » – « Aujourd’hui, chaque famille compte un terroriste dormant » – « Il faudra un jour restituer les propriétés spoliées »
Publié le vendredi 11 decembre 2015  |  L’Indicateur Renouveau




Présent à Paris pour des raisons professionnelles, le célèbre cinéaste malien ne manque pas d’occasion pour mettre le doigt sur les plaies de notre pays. Dans une interview accordée à nos confrères de Paris Match, Souleymane Cissé dénonce les « magouilles de promoteurs corrompus et fonctionnaires véreux » à l’origine de l’installation d’un climat de tension sociale propice à la radicalisation et à la guerre civile au Mali. Morceaux choisis.

Dans une interview accordée à nos confrères de Paris Match, Souleymane Cissé dénonce les « magouilles de promoteurs corrompus et fonctionnaires véreux » à l’origine de l’installation d’un climat de tension sociale propice à la radicalisation et à la guerre civile au Mali. Pour le cinéaste malien, même si vu de France, disons de l’extérieur, on pense que le principal problème du Mali c’est le terrorisme, « pour nous, le terrorisme est un problème, mais ce n’est pas le principal. Ce qui inquiète le plus les Maliens, c’est la question du foncier. Tout propriétaire peut se retrouver à la rue du jour au lendemain. Cela dure depuis plus de vingt ans et cela touche des milliers de personnes. Le phénomène a pris tellement racine qu’on ne sait plus par quel bout le prendre ! Bamako subit l’emprise d’une mafia ».

Evoquant le thème de son nouveau film « O Ka » (Notre Maison) qui raconte comment vos sœurs ont été expulsées de leur concession paternelle, Souleymane Cissé explique que « c’est un film nécessaire et indispensable pour mes sœurs. J’aurais pu prendre des comédiens, mais j’ai préféré qu’elles jouent leur propre rôle pour mieux exprimer leur humiliation. Mes quatre sœurs vivaient dans cette maison de famille, où j’ai grandi et où les Cissé vivent depuis plus d’un siècle. Elle se trouve à Bozola, le plus vieux quartier de Bamako. Un jour en 2008, nos voisins les Diakité ont présenté un acte de propriété plus récent que le notre et prétendu que cette maison était la leur. Alors que tout le monde dans le quartier savait qu’elle avait toujours appartenu à notre famille ».



Il dénonce aussi que « Le tribunal n’a pas tranché, il a décidé qu’il n’était pas compétent pour juger. Puis les magouilles ont commencé et quelques pots-de-vin plus tard un acte d’expulsion a été émis contre mes quatre sœurs dont la plus âgée avait plus de 84 ans. Oui et mes sœurs ont décidé de rester dehors où elles ont vécu pendant trois mois. Quelle humiliation à l’âge de 74 à 84 ans ! La plus âgée est morte depuis. Beaucoup de personnes âgées qui subissent ces humiliations n’y survivent pas ».

Heureusement, pour Souleymane Cissé, dans un jugement en octobre dernier, la maison a été restituée. « Il a fallu attendre cinq ans ! Mais nous ne sommes pas les seuls et de nombreuses propriétés saisies sont détruites chaque jour puis transformées en magasins ou en complexes immobiliers. Tout cela profite en silence à des promoteurs corrompus et des fonctionnaires véreux. Il y a deux mois, la moitié d’un quartier entier à Bamako a été démoli ! C’est très grave. Si on ne trouve pas de solution, cela peut dégénérer et provoquer une guerre civile », prévient-il sans oublier de souligner que “chaque famille compte un terroriste ‘dormant’ potentiel en son sein”

En tant figure connue du monde culturel malien, il a dit avoir toujours tiré la sonnette d’alarme. « Je le fais en permanence, je le fais avec ce film. J’en ai parlé au chef de l’Etat de l’époque Amadou Toumani Touré. Il m’a dit: « On va voir ». Il ne voulait pas se mêler des problèmes de concession » se souvient-il même s’il semble couvrir le président actuel Ibrahïm Boubacar Keïta qui a aidé la réalisation du film. « Il est conscient de ce problème, mais il est assailli de toute part. Quand cela nous arrive, on ne sait pas à qui s’adresser ». Heureusement, se réjouit M Cissé, « parfois il y a de bonnes surprises comme ce président de tribunal qui a manifesté. Puis des journalistes connus au Mali comme Adama Dramé du journal « Le Sphinx », Assane Kone du journal « Republicain » et Kassim Traore « Kledu » ont dénoncé le problème. Mais les coupables sont toujours couverts ».

Evoquant le phénomène qui vient de frapper notre pays avec l’attaque meurtrière contre l’hôtel Radisson à Bamako, Souleymane Cissé explique que « personne bien sûr ne savait quand, ni où, il allait frapper, mais on sentait que cela allait se produire. Quel intellectuel au Mali peut-il dire qu’il ne l’a pas vu venir ? ». Mais, il regrette qu’Aujourd’hui, chaque famille compte un terroriste « dormant » potentiel en son sein », « la conséquence malheureuse de toutes ces injustices. Le sentiment d’injustice crée la frustration ». Donc pour lui, « face à la violence, il faut lutter contre l’injustice. Il faudra un jour restituer les propriétés spoliées ». « J’ai bon espoir que la jeunesse montre l’exemple », espère-t-il.

Maliki
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