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Grève du SNESUP: Des revendications sur fond de campagne électorale
Publié le mardi 15 decembre 2015  |  Le Tjikan




Derrière le maximalisme du syndicat, se cache un mouvement corporatiste avéré aux élans électoralistes et mercantiles que le combat pour l’amélioration du système éducatif et universitaire.
Démonstration de muscles pour marquer son territoire en vue de se faire respecter par un ministre politique, ou stratégie de campagne électorale afin de mieux se positionner pour les futures batailles de leadership en prélude au prochain congrès statutaire du SNESUP qui pointe à l’horizon ? En tout cas, les questions se bousculent dans les têtes pour tenter de justifier la grève de 48 heures projetée par le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNESUP), qui doit normalement débuter aujourd’hui, quand bien même que le dialogue n’est pas rompu entre les parties. Au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, l’on s’interroge encore sur la pertinence du débrayage. « Ce n’est pas la peine de défoncer une porte déjà ouverte… », a dit le ministre Mountaga Tall à la faveur d’un déjeuner de presse qu’il a organisé le week-end dernier au parc national. L’exercice consistait à mieux édifier l’opinion nationale sur les démarches entreprises par le département pour prévenir la grève.
D’entrée de jeu, Me Mountaga Tall s’est montré très disponible et attentif. Un ministre à l’écoute des partenaires. « Je ne connais même pas le nombre de fois où j’ai rencontré le syndicat. Et toutes les fois que je les rencontre, je regarde l’heure au chrono. », a-t-il déploré, avant d’ajouter que sa disponibilité ne pourrait s’assimiler à une compromission. Autrement, dit-il, non seulement, il ne prendra jamais un engagement qu’il ne pourra tenir, mais il ne saurait prêter le flanc à des traitements inéquitables dans la gestion du personnel. Après ces quelques précisions, le ministre Tall a précisé qu’à la date d’aujourd’hui, tous les points de revendication contenus dans le protocole d’accord signé le 24 janvier 2014 ont été satisfaits. Leur mise en œuvre a coûté au trésor public plus 7 milliards de FCFA. Au lieu d’évaluer l’impact des changements proposés dans ce protocole d’accord sur la qualité des enseignements, le syndicat ouvre une nouvelle hostilité, remettant en cause la stabilité précaire perceptible dans les Universités.
C’est pour dire que la grille indiciaire plafond 3000 que le SNESUP réclame est un nouveau point de revendication dont la prise en charge nécessite beaucoup de travail en amont. Surtout qu’il n’appartient pas au Ministère de l’Enseignement Supérieur de fixer les points d’indice de la Fonction publique. Pour les spécialistes, cette demande du syndicat est aberrante. Car, ils savent que le point d’indice le plus élevé au Mali est de 1500. Dans ces conditions, comment le ministre de l’Enseignement Supérieur peut satisfaire à de telles revendications et surtout dans un contexte politique et économique difficile ? N’est-ce pas faire preuve de cécité intellectuelle ?
En plus de cette revendication « maximaliste », le syndicat s’agrippe à des points qui s’apparentent plus à des revendications corporatistes et pécuniaires, qui ont un caractère plus subjectif qu’objectif. En témoigne le point de revendication relatif au transfert du chapitre « équipement » des structures d’enseignement supérieur et de recherche aux différentes structures. Le SNESUP se transforme t-il en gestionnaire des fonds publics en lieu et place des Directions Financières et Matérielles (DFM) ? Si oui à quel titre ? N’est-ce pas là la preuve de son mercantilisme ? Il est du devoir du syndicat de protéger ses mandants, mais ce serait risqué également pour un syndicat de créer un antécédent grave en couvrant un travailleur qui refuse de rejoindre son poste d’affectation. En exigeant encore le paiement du rappel d’une indemnité spéciale d’encadrement. L’affaire concerne Idrissa Maïga, maître de conférences à l’Ecole Normale Supérieure (ENSUP) de Bamako. L’intéressé était précédemment chef du département Histoire et Géographie à l’ENSUP. Il a été démis de ses fonctions pour fautes graves en 2013. Depuis lors, une vive tension caractérise ses relations avec l’administration de l’école. Pour préserver l’ordre et la quiétude dans l’espace de l’ENSUP, le Directeur général a sollicité sa mutation de sa structure. Ainsi, il a été muté à l’USSGB suivant décision n°2014-00403/MESRS-SG du 09 avril 2014. La décision n°2015-122/USSGB-RSG du 14 avril 2015 du Recteur de l’USSGB l’a affecté à la Faculté d’Histoire et de Géographie. Il estime qu’il est victime de harcèlement de l’administration. Il a déféré à la censure de la Cour suprême sa décision de mutation. En attendant, il refuse de rejoindre son nouveau poste d’affectation et s’investit dans les procédures administratives et contentieuses.
Selon le mémoire en défense du Ministère, de sa mutation à ce jour, Idrissa Maïga n’a pas encore pris service. Il a été demandé au SNESUP de l’inviter à retirer sa plainte et prendre service en sa nouvelle affectation pour prétendre au bénéfice de la prime d’encadrement spéciale. Comment un fonctionnaire muté à un poste refuse de prendre service et saisit la justice après ? Et, c’est le syndicat qui intervient en sa faveur. Si on doit permettre à tout le monde de faire ce qu’il veut, le pays sera-t-il gouvernable ? Surtout que ce n’est pas isolé. Il y a aussi celui concernant Dr Boubacar Cissé, enseignant à l’Institut Universitaire de Gestion (IUG). Selon le document en notre possession, le dossier d’inscription au grade de « Maître de Conférence » de celui-ci a été rejeté par la 8ème session de la CNELA, qui est une instance d’évaluation scientifique des pairs. Conformément aux dispositions règlementaires régissant cette commission, le sieur Cissé a saisi le Recteur de l’Université des Sciences Sociales et de Gestion, d’un recours en date du 1er janvier 2015. Aux termes de l’article 6 de l’Arrêté n°03-2003/MEN-SG du 15 septembre 2003, portant attribution de la CNELA, celle-ci a compétence à délibérer sur les litiges. En outre, le sieur Cissé a saisi la Section administrative de la Cour Suprême d’un recours pour excès de pouvoir. Le dossier est donc pendant devant cette juridiction. Mais, le syndicat attend impatiemment les réactions des instances saisies. Il veut que le ministre prenne une décision administrative pour le nommer par décret au motif que Boubacar Cissé est un militant du SNESUP. Ce que Mountaga Tall a naturellement refusé et à raison. Car, ce serait ouvrir la boîte à pandore. S’il accepte pour celui-là, parce qu’il est syndicaliste, alors pourra t-il le fermer la porte à d’autre ?
Il est donc temps que les syndicats au Mali cessent le corporatisme pour s’inscrire dans la voie du progrès de notre société, si l’on veut garantir un avenir pour les générations futures.
Affaire à suivre

M. A. Diakité
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