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IBK- MOUSSA MARA: la guerre est déclarée
Publié le mercredi 23 decembre 2015  |  Le Procès Verbal
Obsèques
© aBamako.com par mouhamar
Obsèques nationales de Mme KEITA Mariam Travélé
Bamako, le 17 Avril 2014. Les obsèques nationales de la Première première dame du Mali, Mariam Travélé ont lieu jeudi en présence de Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, président de la République, Chef de l`Etat et son gouvernement.




Rien ne va plus entre le chef de l’Etat et son ancien Premier Ministre. Si Moussa Mara a entamé une campagne feutrée, mais permanente, pour la succession d’IBK, ce dernier, fidèle à son tempérament, vient d’officialiser la guerre.
Lorsque le 5 avril 2013, Moussa Mara est désigné par le président IBK à la primature, la consternation est générale dans les rangs de la mouvance présidentielle. Comment, se demande-t-on, IBK a-t-il pu choisir un jeune homme de 39 ans pour occuper un poste si prestigieux ? Pourquoi, parmi tous les chefs de partis qui l’ont soutenu, a-t-il jeté son dévolu sur le président de "Yelema" qui ne révendique qu’un député au parlement ? Surtout, pourquoi choisir un homme politique dont les ambitions présidentielles étaient connues ? L’incompréhension va gradissant, au point que certains avancent l’idée que le chef de l’Etat, ulcéré par la démission à la fois imprévue et fracassante d’Oumar Tatam Ly, a, sur un coup de tête, désigné, pour succéder au Premier Ministre démissionnaire, un simple visiteur de passage: Moussa Mara.
Gages de loyauté
Le nouveau Premier Ministre se hâte d’occuper la scène publique. Se sachant surveillé comme le lait sur le feu, il multiplie les gages de loyauté, mais aussi d’efficacité, envers son bienfaiteur de Koulouba. Objectif évident: faire oublier au plus vite Oumar Tatam Ly et se rendre indispensable. Ainsi, il n’insiste guère pour incorporer un ou pusieurs de ses proches dans son équipe gouvernementale. On l’entend défendre bec et ongle l’achat d’un avion présidentiel qu’il déclare, sans sourciller, dépourvu de "papiers officiels". Levé à l’aube et couché avec les hiboux, Mara pousse, le 17 mai 2014, le zèle jusqu’à se rendre, malgré divers avertissements, à Kidal, fief des rebelles touaregs. Il ne s’en remettra pas car les groupes armés le chassent à coups de canon de la ville, égorgeant au passage sept préfets et sous-préfets venus conférer avec le chef du gouvernement. La guerre déclenchée, le 24 mai 2014, par l’armée malienne suite à ce carnage tourne au désastre: Kidal est pour de bon perdue par l’Etat malien qui, à ce jour, n’a pas fini de pleurer ses soldats morts ou blessés. Certes, le chef de l’Etat le qualifie de "patriote" pour son épopée kidaloise, mais il ne fait pas de doute que le souvenir de ce dramatique événement a joué un rôle dans son limogeage survenu le 8 janvier 2015.
Mara entre en campagne
Si son départ de la primature est assez prématuré, Mara n’en tire pas moins quelque soulagement: il a désormais le loisir d’entretenir, de consolider le réseau politique qu’il a tissé lors de son séjour à la primature. Moussa Mara entame donc ce qui ressemble à une campagne électorale officieuse. En ligne de mire: se préparer à la succession d’IBK en 2018. Le président du parti "Yelema" multiplie les sorties médiatiques ainsi que les voyages à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Et il parle, parle, parle...
21 février 2015: Mara débarque à Dakar pour présider le Forum des Opérateurs pour la Garantie de l’Emergence en Afrique.
Quelques semaines plus tard, lors d’une conférence portant sur "le rôle des médias dans la lutte contre la corruption", Mara, invité par la Friedrich Ebert Stiftung, en partenariat avec l’ONG Transparency International, fait un exposé sur le thème: "Transparence, bonne gouvernance et lutte contre la corruption". Il déclare que "la transparence est un élément substantiel de la bonne gouvernance.". Avant d’ajouter: "Au Mali, "la corruption est beaucoup plus grave que le problème du Nord; si on ne s’y attaque pas véritablement, on n’aura pas un Etat qui puisse régler les problèmes régaliens". IBK, son ancien patron, appréciera...
9 mai 2015. Lors d’une conférence de son parti au CICB de Bamako, Mara disserte sur l’accord d’Alger. A ses dires, "même si le Mali doit signer seul l’accord, il faudra le faire car il s’agit de la refondation de notre État. Même s’il n’y avait pas de crise au nord, l’État malien aurait besoin d’être refondé. Ce n’est pas moi, qui ai écrit deux livres sur l’État pour demander ça depuis des années, qui vais me plaindre de cela ! Cet accord contient des réformes indispensables. C’est pourquoi je pense qu’il faut qu’on le signe. Viendra qui voudra venir. Ceux qui ne voudront pas venir apparaîtront devant la communauté nationale et internationale comme des fauteurs de troubles qui méritent d’être traités comme tels. Trop c’est trop, il faut avancer!".
Quand sa casquette de chef de parti a trop servi, Mara revêt son képi de membre de la société civile. Toujours pour parler davantage et s’adjuger sa part de lumière. Ainsi, sur la recrudescence de l’insécurité au nord, il donne son point de vue en marge du lancement du Centre d’études et de Réflexions au Mali (CERM), une association qu’il préside. Selon lui, beaucoup d’acteurs de la crise du nord ont intérêt qu’elle perdure car ils vivent de l’insécurité, des pillages, des brigandages et des séjours qu’on leur offre dans les capitales occidentales. Mara invite donc les Maliens à ignorer les "tentatives de sabotage" de l’accord d’Alger, pour qu’à partir du 15 mai 2015, il y ait une réduction significative de la belligérance au nord. Comme pour faire mentir ceux qui le disent pressé de remplacer IBK, l’orateur profite de la tribune du CERM pour tirer à boulets rouges sur l’opposition à laquelle il reproche d’avoir boudé le lancement de son Centre.
IBK ayant gagné l’élection présidentielle de 2013 avec pour tout programme "Inch Allah", Mara compte bien l’imiter en 2018. En tout cas, le président de "Yelema" ne cesse de faire les yeux doux aux dignitaires religieux. Du 23 au 26 avril 2015, il effectue la "Oumrah" (petit pèlerinage) à La Mecque et le fait personnellement savoir par tweet et par facebook, tout en soulignant qu’il avait été invité à Djeddah par la communauté malienne de cette ville pour parler du Mali et de la paix. Ne quittant jamais son chapelet, l’ancien Premier Ministre rencontre, le 11 mai 2015, les femmes musulmanes qui, à l’occasion, lui décernent une médaille. Le 16 mai, il rend visite à l’Imamat de la commune 6 de Bamako pour, officiellement, discuter de l’accord d’Alger.
Soit dit en passant, au moment où Mara devient la coqueluche des imams, une brouille oppose IBK à son mentor, le Chérif de Nioro, au point que l’entourage du chef de l’Etat voit l’ombre de Mara derrière les accusations publiques récemment d’inertie portées contre lui par les amis du Chérif: Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, et Moussa Boubacar Bah, président de l’association islamo-politique "SABATI 2012". Signe de la tension persistante entre IBK et les chefs religieux qui l’ont activement soutenu en 2013, il vient, dans une interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique n° 2866 du 13 au 19 décembre 2015, de désavouer fermement l’imam Mahmoud Dicko lorsque celui-ci a prétendu que les malheurs terroristes qui frappaient le Mali étaient dus à une vengeance divine contre les perversions qui s’installaient dans le pays. "Je réprouve totalement ces déclarations inappropriées. Ces propos ne sont ni les miens ni ceux du peuple malien...Ce que dit M. Dicko n’engage que lui.", martèle IBK. Comme par hasard, le réprobation d’IBK intervient au moment précis où le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel Tessougué, fulmine, en faisant allusion à l’imam Dicko: "Ce que dit l’intéressé n’engage que son Dieu. Pas le Dieu des Maliens!". N’ayant cure de cette situation, Mara a, il y a deux semaines, a rendu une visite de courtoisie au Chérif de Nioro et à Ousmane Madani Haidara, le leader de l’association Ansardine, qui se targue d’avoir un million d’adhérents dûment munis de... cartes d’électeurs Nina.
Au moment où IBK s’envole de capitale asiatique en capitale européenne, Moussa Mara, l’oeil rivé sur le fauteuil présidentiel, parcourt sans relâche l’intérieur du Mali. Du 24 au 25 février 2015, il effectue une tournée à Ségou, Bla, San et Mopti. Le 5 avril 2015, il préside une course hippique à Ségou. Le 26 février 2015, il participe à Bankass et Koro aux activités de "Ginna Dogon", une association de promotion de la culture Dogon. Le monde scolaire ayant presque autant de poids électoral que le pays Dogon et le monde musulman, Mara fait une cour assidue aux élèves et étudiants. Le 12 mars 2015, il parraine la finale de la coupe des élèves de l’Institut de Formation des Maîtres de Bamako. Le 4 avril, il prend part, à Torokorobougou, à la pose la première pierre d’un projet de construction de deux écoles coraniques, de deux centres de santé, de quatre forages avec pompe solaire dans certains quartiers de Bamako. Le 9 avril 2015, il anime, sur invitation de l’Association des Anciens Elèves du Lycée Mamadou Bodj de Sébénikoro, une conférence sur le rôle des élèves et étudiants dans le processus de paix et de réconciliation nationale. Enfin, Mara profite de l’attaque commis à l’hôtel RADISSON de Bamako pour se rappeler au bon souvenir des Maliens. Interviews aux chaînes de télévision, communiqués, analyses...On eût juré que c’était lui le chef du commando chargé d’organiser la traque aux terroristes !
Guerre ouverte
La campagne permanente conduite par son ex-Premier Ministre n’échappe pas, bien sûr, à IBK. Celui-ci attend l’heure de décrocher un direct à la mâchoire de Mara. L’occasion se présente le 12 décembre 2015. IBK, au terme d’une tournée en quatrième région, reçoit la presse dans la ville Ségou. Sans nommer son ancien Premier Ministre Moussa Mara, le chef de l’Etat lance: "On a dit: "IBK parle, parle...Mais pourquoi il ne va pas à Kidal?". J’aime mon pays. Je souhaite que mon pays soit dans une situation de paix durable. L’accord de paix signé a prévu des étapes qui seront rigoureusement respectées. Et aucune fanfaronnade politicienne ne me fera prendre mon avion pour aller débarquer à Kidal et créer un incident.Et c’est tellement facile de dire que toute l’armée va vous protéger! Quelle gloire ? Quelle gloire ? Et ainsi amener des enfants maliens à s’entretuer, alors que je peux attendre tranquillement les effets de l’accord qu’on a signé". Tout le monde dévine le "fanfaron politicien" dénoncé par IBK qui ne se gêne pas de faire porter à qui de droit le sanglant chapeau hérité de la déroute de l’armée à Kidal.
En réalité, ces mots officialisent la guerre entre le chef de l’Etat et son ancien Premier Ministre. IBK ne pardonne pas à Mara de préparer sa succession. Surtout que Mara n’a jamais exclu, même lorsqu’il occupait la primature, l’idée de se présenter à la présidentielle de 2018. Or, Mara constitue pour IBK un adversaire redoutable. Pour plusieurs raisons.
D’un: Mara a de l’ambition à revendre, mais aussi un incontestable talent politique. A son jeune âge (40 ans aujourd’hui), il se prévaut d’un parcours extraordinaire: maire de la commune 4 de Bamako (poste dont il a évincé Issa Guindo, un cadre du RPM, le parti au pouvoir), il a failli priver, en 2002, IBK du poste de député de ladite commune. Candidat à la présidentielle de 2012, il rallie IBK au second tour avant de devenir ministre de l’Urbanisme puis chef du gouvernement.
De deux: Mara et IBK puisent dans le même électorat, celui des religieux. Sans l’opposition décisive du Chérif de Nioro, l’association "SABATI 2012" aurait, au reste, soutenu, en 2012, Mara aux dépens d’IBK.
De trois: le petit peuple voit en Mara un héros qui, contrairement à Oumar Ttam Ly et à IBK lui-même, a osé fouler le sol de Kidal au mépris du danger. C’est d’ailleurs cette image de héros que le chef de l’Etat a voulu détruire à travers sa sortie médiatique de Ségou.
De quatre : Mara a profité de son séjour à la primature pour tracer un sillon à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Sans compter la fortune qu’ont pu lui procurer les fonds de souveraineté de la primature qu’il pouvait dépenser à sa guise.
Enfin, Mara, quoi qu’on puisse lui reprocher, ne traîne pas de casseroles aussi bruyantes que celles de nombre de ses rivaux potentiels en 2018. Difficile donc de le tenir en laisse par des "dossiers"...
Pour toutes ces raisons, l’éventuelle candidature de Mara donnerait du fil à retordre au président sortant. Ce dernier, très tôt conscient du danger, a prudemment veillé à écarter Moussa Mara de la présidence de la Coalition de la Mouvance Présidentielle (CMP): bien que le Premier Ministre d’alors soit l’initiateur de ce conglomérat de partis proches du RPM, la direction du CMP finit par échoir à Boulkassoum Haidara, un RPMiste bon teint passé maître dans l’art de supporter les gifles politiques d’IBK qui lui reproche régulièrement, à lui et à ses compagnons, une forte indolence. Mara fut poliment invité à aller se faire valoir ailleurs...
Le limogeage de Mara de la primature s’inscrit dans la même logique: briser l’ascension d’un adversaire politique. Un limogeage en soi ne prête pas forcément à conséquence. Cependant, il porte parfois chance.Surtout quand on donne au limogé l’occasion de se présenter en victime. Or, c’est bien cette capacité "victimisation" qu’IBK offre à Mara lorsqu’il le juge, un an après le coup, coupable des malheurs de Kidal. Le chef de l’Etat n’a-t-il donc pas tiré les leçons de sa vieille histoire avec son ancien mentor, Alpha Oumar Konaré ?

Tiékorobani
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