Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



L'Indicateur Renouveau N° 1418 du 16/1/2013

Voir la Titrologie

  Sondage

 Autres articles


Comment

Politique

Résolution de la crise malienne : Alger a-t-elle définitivement perdu la main dans le dossier ?
Publié le jeudi 17 janvier 2013  |  L'Indicateur Renouveau




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Par son incapacité à anticiper sur les événements, la mollesse de sa diplomatie due en partie à sa trop grande propension à ne tenir compte que « des intérêts particuliers » au détriment de ceux de la nation malienne, l’Algérie risque aujourd’hui de se voir « évincer » pour de bon de ce qui constituait jusqu’ici « son arrière-cour » : le dossier Malien.

Alger va certainement regretter encore pendant longtemps ses hésitations à n’en plus finir pour un règlement définitif dans le dossier malien. Et pourtant, l’Etat algérien avait tous les moyens à sa disposition pour atteindre un résultat probant au Mali.

Malheureusement, le cours de l’histoire s’est très vite accéléré à un moment où ce pays s’y attendait probablement le moins.

En effet, lorsqu’on analyse les péripéties de la crise actuelle qui secoue le Mali, il y a ce qu’on peut qualifier aujourd’hui, à tort ou à raison, d’échec diplomatique pour Alger. Car, le pays a tout d’abord voulu faire cavalier seul en créant un cadre de dialogue et de négociations parallèle à la médiation ouest africaine, sachant pertinemment que c’est cette dernière qui était reconnue par la quasi-totalité des instances internationales (Union Africaine, Union Européenne, Nations Unies, entre autres). Cela a été, de l’avis de nombreux observateurs, la première erreur d’appréciation de l’Algérie par rapport à l’actuelle crise à laquelle fait face son voisin du sud depuis un an et qui est l’une des conséquences directes du conflit libyen.

La seconde grave erreur d’appréciation, toujours selon certains analystes, fut pour Alger de donner l’impression de vouloir « travailler en sourdine » afin de compromettre autant que possible l’efficacité de tous les autres efforts de conciliation qui ne seraient pas de son ressort.

Troisièmement, il y a le fait de n’avoir pas su « conserver » son emprise sur les mouvements irrédentistes touareg et autres djihadistes qu’elle a vraisemblablement aidé à se structurer et à s’installer dans le nord du Mali.

L’une des thèses qui corroborent cet échec évident de la diplomatie algérienne dans la gestion et la résolution de cette crise a été la dénonciation par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) dès le lendemain de sa signature « l’accord » qu’il venait juste de signer auparavant, avec la bénédiction des autorités algériennes, avec le groupe Ançar Eddine de Iyad Ag Aly.

Ce revirement, tout au moins spectaculaire d’un des protagonistes du dialogue « à deux » qu’Alger a semblé privilégier, un moment, en « ignorant » la position officielle du gouvernement malien, n’a vraisemblablement pas retenu toute l’attention requise du « parrain algérien » sur la nécessité de revoir sa stratégie d’approche et de traitement de la présente crise au Mali. Pire, le pays a poursuivi son travail de sape en voulant ramener l’ensemble des parties prenantes, toutes tendances confondues, dans sa seule et unique logique « d’un règlement négocié » sous son égide ainsi que son opposition systématique à l’usage de la force à travers notamment le déploiement de troupes « étrangères » pour favoriser le rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali.

Du fait donc de ses « intransigeances et atermoiements » entre autres, dans un monde en perpétuelles évolution et mutation, l’Algérie a elle-même contribué à sa propre « mise à l’écart » progressive dans le dossier malien. Une situation qui a été également accentuée par les velléités de plus en plus prononcées du groupe Ançar Eddine à se « défaire » de l’emprise de son mentor algérien par des prises d’initiatives indépendantes sans l’avis et encore moins l’accord d’Alger.

Cette volonté « d’autonomie » d’Ançar Eddine a poussé Iyad Ag Aly à vouloir anticiper sur tout déploiement de forces internationales au Mali que d’aucuns prévoyaient au plus tôt en septembre 2013, en « marchant » sur Bamako via Sévaré et Mopti. C’est ainsi qu’après quelques jours de préparation mis à profit pour rassembler ses troupes à Bambara Maoudé, gros bourg situé entre Douentza et Tombouctou, il finit par se convaincre que l’heure était venue de poursuivre « son djihad sur le reste du territoire malien, le nord de la Côte d’Ivoire à partir de la région de Korhogo et celle de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso », selon le Ministre ivoirien de l’Intégration Africaine, Aly Coulibaly, dans une interview accordée à RFI.

Ce qui était pratiquement perçu comme très improbable, aussi bien par Alger que par Iyad Ag Aly et de nombreux autres observateurs, a été la réaction prompte et fulgurante de la France, à partir de cette incursion des « terroristes » vers le sud du Mali.

A présent, l’histoire retiendra que dans la nuit du jeudi au vendredi 11 janvier 2012, la France, à travers son Président, François Hollande, a pris cette décision d’une importance capitale d’intervenir militairement au Mali pour arrêter l’avancée des groupes terroristes et djihadistes sur le sud du pays. Une décision prise naturellement à la demande de Bamako et en parfaite conformité avec le cadre du droit international défini par le Conseil de Sécurité des Nations unies à travers la Résolution 2085 adoptée à l’unanimité de ses membres le 20 décembre dernier.

Fruit d’un courage exemplaire par rapport à la responsabilité historique de la France vis-à-vis d’un pays ami « menacé de disparition certaine si rien n’était fait immédiatement », d’une part, et la défense des libertés fondamentales et de la démocratie, d’autre part, la décision française va radicalement changer la donne géopolitique dans toute cette partie de l’Afrique.

En effet, il n’est un secret pour personne que depuis l’indépendance du Mali en 1960 et le départ des derniers soldats français du pays le 20 janvier 1961, l’Algérie se posait comme « la tutelle » naturelle de la paix et la stabilité au Mali. Pour preuve, toutes les rébellions et tentatives de rébellion auxquelles le Mali indépendant a été confronté, se sont, de façon générale, réglées grâce à la « bienveillante sollicitude » du grand voisin algérien. Il en a été ainsi en 1963, 1992, 2006 et récemment en2009 avec les résultats que l’on connait.

A l’analyse, on se rend compte qu’à part le Pacte national signé en 1992 et dont la mise en œuvre a certes été marquée par des hauts et des bas, tous les autres « Accords » signés sous l’égide de l’Algérie n’ont jamais contribué à apporter de solutions idoines aux problèmes véritables qui se posent dans cette partie du territoire faisant partie intégrante d’une situation de sous-développement et de précarité généralisée pour l’ensemble des populations du pays, sans exception et sans exclusive aucune. En cela, tous les Maliens du sud, de l’ouest, de l’est, du nord et du centre sont logés à la même enseigne.

Il est donc malhonnête de vouloir justifier et motiver le problème de l’irrédentisme de certains membres de la communauté touarègue par des questions de marginalisation ou d’exclusion dans la répartition des ressources nationales. Car, certains Maliens pensent plutôt que c’est le contraire au regard de toutes les concessions et avantages consentis par l’Etat à travers les différents accords de paix signés jusqu’ici.

Tous doivent désormais se le tenir pour dit, la communauté touarègue ne saurait être une entité particulière à part dans un ensemble intégré qu’est la Nation malienne où tous les citoyens sont égaux en droits et également en devoirs envers la patrie.

C’est pour défendre cette égalité pour tous dans un pays uni et solidaire que la décision de la France de porter secours au Mali en situation de pire détresse, a été unanimement accueillie et saluée par tout le peuple malien, par les amis sincères du Mali et par tous les démocrates épris de paix, de justice et de liberté de par le monde.

Alger doit en tirer tous les enseignements nécessaires et admettre enfin de privilégier ses relations fraternelles d’Etat à Etat avec le Mali. Les liens historiques qui unissent les deux peuples et nos deux Etats militent absolument en faveur d’une coopération exemplaire dénudée de toute vision « sectariste » ou paternaliste. Il y va de l’intérêt supérieur des deux pays.

Quoi qu’il en soit, il est évident que les derniers développements dans la résolution de la crise malienne, notamment l’intervention française, le déploiement d’une force africaine constituée d’éléments venant de la quasi-totalité des pays de la sous-région voire d’ailleurs, sont des données qui doivent désormais être intégralement prises en compte dans toute analyse objective des réalités géopolitiques sous régionales et régionales.

A force de tergiversations, d’hésitations et de tâtonnement diplomatiques, l’Algérie n’a pas su prendre les bonnes décisions qui s’imposaient aux bons moments. Aujourd’hui, elle est condamnée à adopter une position inconfortable d’observateur plutôt que d’acteur incontournable à laquelle elle était jusque-là habituée dans la gestion et le règlement des rebellions au Mali.

Cependant, tout n’est pas perdu pour ce géant de la région. En effet, malgré la forte implication de la France et le désormais leadership établi de ce pays par rapport à la question, Alger a encore la possibilité de jouer un rôle déterminant dans l’issue de la guerre qui ne fait plus l’ombre d’aucun doute. C’est de s’engager résolument aux côtés de la communauté internationale en jouant entièrement toute sa partition pour une victoire quasi certaine contre le terrorisme, le narcotrafic et le crime organisé sous toutes ses formes dans la bande sahélo-saharienne. Elle en a les moyens et les ressources, surtout humaines, nécessaires pour redorer son blason dans le dossier malien.

Aussi, les conclusions de la récente visite du Premier ministre malien, Diango Cissoko, dans le pays, annonceraient-elles, ce retour en force du grand voisin en tant qu’acteur majeur ?

Les prochains jours ou semaines nous édifieront davantage sur la traduction des « bonnes intentions » en actions concrètes sur le terrain.

A suivre donc !

Bréhima Sidibé

 Commentaires