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Le couple : Diner aux chandelles
Publié le mercredi 6 janvier 2016  |  L’Informateur




Tout est réuni pour réussir une soirée mémorable : un décor exotique avec fontaines et verdure rehaussé de bleu et de blanc, un service délicieux accompli par de ravissantes jeunes femmes en pantalon moulu.
C’est une femme éblouissante d’élégance et de charme vêtue d’une robe blanche éclatante qui arrive au Blue. L’expression du visage de Gaoussou prouve qu’il ne se trompe. Après s’être longuement frotté les yeux avant de s’assurer que c’est bien elle. Le voilà à présent soumis à la torture finale : l’accueil. Un peu de cran cette fois-ci. Puisque quelques heures plus tôt, il avait manqué un certain courage. Au lieu d’affronter le regard de Fati, en lui signifiant le rendez-vous, il a pris la courte échelle : un message envoyé le matin par téléphone.
Gaoussou et Fati s’installent à une table rustique sur laquelle triomphe un bouquet de fleurs. Dans un magnifique restaurant uniquement éclairé aux chandelles multicolores. Le Blue est un des rares endroits où les plus humbles garçons côtoient les plus jolies femmes de Bamako.
Le magnifique couvert se met à l’heure des années 90. Sachant ses pas incertains, Gaoussou laisse le soin à Fati de remonter le temps de la gourmandise. Fati est en terrain connu. Son père, ex-cuisinier d’un défunt chef d’Etat de la sous-région, lui a appris moult recettes européennes et africaines. Des plats surprenants mais forts alléchants comme la « trémolette de poulet » ou « l’arboulaste en tartre faite à la paelle », dans lesquels les épices jouent tant pour la couleur que pour la saveur un rôle essentiel.
Pour célébrer la naissance d’un amour, rien de tel qu’un dépaysement ! Au Blue, tout est réuni pour réussir une soirée mémorable : un décor exotique avec fontaines et verdure rehaussé de bleu et de blanc pour l’occasion avec l’arrivée d’une trentaine d’orchidées blanches, un service délicieux accompli par de ravissantes jeunes femmes en pantalon moulu et un menu de fête dans lequel se succèdent cinq plats de la cuisine royale, dont les ingrédients ont été expédiés de France par avion.
Le tout arrosé de jus de fruits divers. Autant leur présentation surprend et séduit. Pour ceux qui sont sensibles au contenant autant qu’au contenu et qu’un peu de modernité n’effraye pas, des bouteilles aux formes osées arborant des fruits exotiques. Le couple se délecte du précieux breuvage entre sourires et rires.
Entrecoupés de causerie où Fati étale tout son talent, son art de raconter des histoires aussi intéressantes les unes que les autres. Gaoussou médusé écoute, mais ne se prive pas de poser des questions. Ne dit-on pas en communication que le meilleur interlocuteur est celui qui écoute, le second celui qui pose des questions et le troisième celui qui parle ? Les voisins lorgnent le couple, les envient. Fati cligne des yeux, une sorte d’invitation à rejoindre sa table.
Et voilà un cadeau parfumé illuminé par les bougies : un plateau de fromages composé de comté de morbier, vacherin, de mont-d’or, de bleu du Haut-Jura… les meilleurs fromages de France. Enfin, des chocolats inédits préparés à partir des fèves sélectionnées dans les meilleures plantations, avec exclusivement du beurre de cacao, bien sûr, et très peu de sucre.
Qu’on se rassure, on peut quitter le restaurant à tout moment, discrètement bien sûr. Juste derrière, des chambres fort confortables. Un lieu de sérénité pour se détendre. Le lit est d’inspiration africaine avec le linge de couleurs chaudes et tachetées qui rappellent les girafes. Sous une lumière tamisée, les deux êtres passent le reste de la nuit. A la fine pointe de l’aube, Fati reprend le chemin de la maison. Elle n’est plus la même.
La femme aux cheveux noués n’a plus que quelques restes de maquillage sur le visage. Son sourire est épanoui comme si elle était jusque-là demeurée dans l’antichambre du bonheur. Oubliés les railleries de femmes mesquines, passée la douleur inhérente des coups de poings d’un mari qui tente ainsi de compenser sa sécheresse d’idées, son manque de romantisme. Que le ciel lui garde longtemps à Diala où il entreprend les travaux de construction d’un poulailler moderne !
Fati franchi le portail de la maison, les bras si chargés de provision qu’elle n’envisage point de cuisiner. A la vue de leur mère, les enfants sautillent de joie. Mais comment ont –ils pu s’extraire d’une chambre fermée à double tour ? L’explication tient à la sensibilité de l’aîné qui n’admet pas de voir les yeux de ses frères et sœurs noyés par des larmes. Il parvient à s’extraire par la grille de la fenêtre et aide les quatre autres à sortir de là. La peur trépasse. Le voisinage ignore que Fati a découché.
A suivre…
Georges François Traoré
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