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Mali, le « krach » national
Publié le samedi 9 janvier 2016  |  Mondafrique.com
Atelier
© aBamako.com par FS
Atelier de validation du rapport sur l`employabilité des diplômés et formés en langue arabe
Le CICB a abrité le Jeudi 27 Août 2015, l`Atelier de validation du rapport sur l`employabilité des diplômés et formés en langue arabe. Photo: Ousmane Chérif Madane Haidara




Les propos de la superstar du prêche, Cherif Ousmane Madani Haïdara, n’en finissent pas de provoquer peur, colère et rire. Remonté contre les mesures de l’Etat d’urgence décrétées par l’Etat à quelques encablures du Maouloud, le charismatique imam de Banconi, a dit, tête haute et buste droit, que «c’est quand un président approche son déclin qu’il s’oppose à la célébration du Mawlid ». Mais il y a mieux. Ou pire. L’imam s’avance jusqu’à dire que « si les autorités ne font pas attention, les musulmans prendront le pouvoir. Nous ferons en sorte que nul ne devienne président de la République s’il n’est un de nos imams ! Je jure au nom d’Allah que nous le ferons si les autorités ne font pas attention! Pour qu’on n’en arrive pas là, respectons-nous mutuellement! »

Il n’y a pas à dire autre chose, si ce n’est que ces propos sont terribles. Surtout que, détail important, ils interviennent après la pitoyable polémique suite aux propos d’un autre imam ayant, lui aussi, de la bouze : Mahmoud Dicko.
Des réactions de peur parce que tout cela ne fait que confirmer davantage le gigantisme de l’influence des dignitaires religieux au détriment d’une classe dirigeante à laquelle on peut appliquer cette formule de Wordsworth sur Coleridge « Eternal activity without action », c’est-à-dire qui s’agite sans agir (1).

La classe dirigeante au Mali en est à un tel stade d’atrophie, de prostration, de fugue qu’elle a été reléguée dans un rôle de larbin auprès des leaders religieux qui, qu’on le veuille ou non, tiennent en laisse une grosse partie de l’opinion publique nationale. A force de thésauriser la rage face à la corruption, la sous-gouvernance, cette opinion publique est devenue dépendante aux prêches des religieux. Pas étonnant, car ils lui vendent le rêve d’un pays débarrassé de la corruption, et lui promettent revanche sur les profiteurs du régime. Du coup, il n’y a rien de mal à dire que l’imam Haïdara a raison lorsqu’il dit que le mouvement musulman peut élire qui elle veut à la tête du pays. Il n’a fait que dire dans le haut-parleur, avec une sincérité sans vernis, ce que tout le monde savait déjà. Effectivement, on a l’impression de vivre dans un pays où l’Etat et les leaders religieux semblent avoir conclu un pacte : le premier s’occupe de mal gérer le pays, les seconds transforment le peuple en bigot. Les leaders religieux gomment toute conscience de citoyenneté chez les gens qui cessent ainsi de s’occuper de politique, de ce qui se passe dans le pays. Le peuple perd la notion de ses droits et devoirs de citoyen. Il devient bigot, un point, c’est tout.

Ce qu’a écrit Adam Thiam est à réécrire, c’est-à-dire que « c’est la première fois en tout cas que deux de nos plus grandes figures religieuses manifestent aussi publiquement leur désaccord par rapport aux réponses apportées par nos gouvernants à la question de l’islam ». Mais ce que l’éditorialiste vedette n’a pas signalé, c’est que cette montée en force des leaders religieux est la preuve patente que jamais ce pays n’avait entamé une telle régression. Désormais, on peut mettre en balance l’Etat avec les leaders religieux. C’est désolant à dire, mais c’est comme ça. Ils savent désormais ce qu’ils pèsent : beaucoup. La classe dirigeante doit verser des larmes qui n’accusent qu’elle-même. C’est elle qui, à force d’instrumentaliser l’islam, a fini par créer une force capable de lui tenir tête.

L’imam Haïdara nous envoie un message qui, une fois décodé, signifie que ce pays s’enfonce, bêtement, dans la faillite, entrainé par avec un Etat et une classe politique qui a laissé la politique à la presse… Une société est toujours en mouvement. Au Mali, la société bouge, mais le mouvement est régressif : laisser-aller général, misère dans les familles et les hôpitaux, chômage du père, des fils et des filles, bigoterie…

1- Emile Cioran, De l’inconévient d’être né

Boubacar Sangaré
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