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Processus de Paix au Mali : l’enlisement ?
Publié le lundi 11 janvier 2016  |  Le Républicain
Cérémonie
© aBamako.com par DR
Cérémonie de signature de l`accord de paix au Mali.
Bamako, le 20 juin 2015 au CICB. La rébellion à dominante touareg du nord du Mali a signé à Bamako l’accord de paix entériné le 15 mai par le camp gouvernemental et la médiation internationale.




Six mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le processus de paix est toujours à la traine. Plus le temps passe, plus les groupes armés s’impatientent et dénoncent le manque de volonté du gouvernement malien dans la mise en œuvre de l’accord. Le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) est confronté à des sérieux problèmes à savoir : la composition de ses membres, le manque de budget, la non effectivité du processus de cantonnement des groupes armés…Des leaders politiques de l’opposition malienne, aussi, crient à l’enlisement du processus de paix. Ils dénoncent l’immobilisme et le manque de vision du gouvernement.
Le processus de paix est grippé au Mali, six mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu des pourparlers d’Alger. La confiance s’effrite de jour en jour entre les différents acteurs engagés dans la difficile quête de la paix au Mali. Et seul l’Etat semble se satisfaire de cette situation « léthargique ». Dans son adresse à la nation à l’occasion du nouvel an, le président de la République du Mali Ibrahim Boubacar Keïta se réjouissait du processus de paix : «Revenant à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, l’on peut constater que le Comité de Suivi de l’Accord(le CSA) et le Comité Transitoire de Sécurité(le CTS) principales structures préconisées par l’Accord, ont été effectivement mises en place. Le processus de démobilisation, désarmement et réinsertion( DDR) a également démarré. L’œuvre de réconciliation nationale a pris son envol décisif, avec la mise en place consensuelle et inclusive de la nouvelle Commission Vérité, Justice et Réconciliation (la CVJR). Celle-ci sillonne déjà le pays et ses travaux avancent à un rythme satisfaisant. »
Et pourtant la réalité est tout autre. Si les travaux du Comité de Suivi de l’Accord ont effectivement démarré, celui-ci reste confronté à de graves problèmes. La problématique de la composition de ses membres n’est toujours pas tranchée. Des signataires de l’accord (COMPIS 15) crient à l’exclusion. L’organe n’est toujours pas doté d’un budget. Certes les sites de cantonnement ont été identifiés et leurs constructions sont en cours, mais le cantonnement et le désarmement des groupes armés ne sont pas toujours effectifs. Et pourtant, en visite le 8 décembre 2015 à Tombouctou, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, Mongi Hamdi, avait assuré que le cantonnement serait effectif le 15 décembre. D’ailleurs, les groupes armés signataires de l’accord d’Alger (Plateforme, CMA) piaffent d’impatience et demandent à l’Etat malien d’accélérer le processus de paix. Lors de la rencontre provoquée par le Parena, le 12 décembre à Bamako, Me Harouna Toureh, président de la Plateforme, un groupe armé jugé proche du gouvernement malien, tirait la sonnette d’alarme. « L’accord est en péril parce que nous avons remarqué qu’il n’ y a pas suffisamment de motivation, d’engagement global bien porté, réfléchi de la part du gouvernement du Mali à aller de façon claire et nette dans la mise en œuvre de cet accord», estimait Me Toureh.
Les politiques maliens, aussi, dénoncent l’impasse du processus de paix. Le chef de file de l’opposition du Mali et président de l’URD, Soumaïla Cissé redoute une nouvelle crise suite à la traine du processus de paix. « Nous avons dénoncé en son temps l'attitude solitaire et suicidaire du gouvernement. Nous avons redouté la signature d'un accord dont l'application entrainerait le pays vers une autre crise. Nous ne sommes pas loin d'un tel scénario aujourd'hui dans la mesure où les formats et les calendriers ne sont pas tenus, la confiance se fait attendre et nous sommes devenus tributaires des évènements. L'histoire nous donne malheureusement raison: le cantonnement n'est toujours pas effectif; le comité de suivi piétine; l'administration n'est toujours pas de retour; des milliers d'enfants sont privés d'école; les centres de santé ne fonctionnent pas; les réfugiés tardent à regagner leur foyer. », a déclaré à la presse le samedi dernier, le challenger d’IBK à l’élection présidentielle passée et non moins député du Mali.
Tiébilé Dramé, le président du Parena, connu pour la dénonciation des travers du pouvoir, va plus loin. Selon lui, le processus de paix est enlisé par faute de vision et du fait de l'immobilisme du Gouvernement. « L'amateurisme, les tâtonnements et les improvisations ont fini par exaspérer les signataires maliens et étrangers de l'Accord. La faiblesse de l'État, l'absence de stratégie et la recrudescence des activités des groupes jihadistes font peser de sérieuses menaces sur le Mali. L’échec de la dernière session du Comité de suivi (16-17 décembre) et l’ultimatum posé par la Plateforme et la CMA rajoutent à l’impasse. », soutient le leader politique et négociateur de l’accord de Ouagadougou qui demande, depuis la signature de l’accord d’Alger, la tenue d’une conférence d’entente nationale pour débattre de la refondation de l’architecture institutionnelle globale du Mali.
Madiassa Kaba Diakité
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