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12 janvier à Gao: Sidi arrosait ses arbres quand le ciel a tremblé
Publié le jeudi 17 janvier 2013  |  AFP




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BAMAKO - "J'arrosais mes arbres dans la cour quand le premier bombardement a éclaté. J'ai lâché mes deux seaux et je suis rentré à la maison", raconte Sidi. Samedi 12 janvier, midi: l'aviation française commençait à pilonner les islamistes à Gao, dans le nord du Mali.
Sidi, journaliste, rencontré à Bamako, requiert l'anonymat. Preuve s'il en
était besoin, que, même chassés de Gao par l'offensive aérienne française, les
islamistes restent redoutés par la population de cette ville du nord du Mali.
"Ils ont visé la direction régionale des douanes, le quartier général
d'Ansar Dine dans Gao. La maison tremblait, j'entendais tout, j'habite à 400
m", poursuit Sidi.
Gao est l'une des principales villes du nord du Mali, tombées il y a neuf
mois aux mains de groupes islamistes armés, Al-Qaïda au Maghreb islamique
(Aqmi), Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) et le Mouvement pour l'unicité et
le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao).
Les bombardements ont duré une heure. "Des passages d'avion, Ansar Dine
réplique, puis dix minutes de calme, et un autre passage, et ainsi de suite".
Sidi, sa femme et leur enfant de 7 ans restent terrés chez eux, ils ne
sortent qu'en fin d'après-midi, bien après la fin des bombardements, "car les
islamistes tiraient en l'air".
"Nous nous souvenions de l'attaque du 31 mars 2012 des islamistes, beaucoup
de gens avaient été tués par des balles perdues".
Il poursuit: "quand j'ai entendu parler sonraï (langue locale) dans la rue,
et non arabe, j'ai compris que je pouvais sortir".
Sidi part à la direction générale des douanes, "constater les dégâts".
"C'était un bâtiment de trois étages carrément pulvérisé, on voyait des 4x4
calcinés, j'ai compté une douzaine de tués. J'ai sorti mon téléphone, j'ai
pris des photos".

Fuite de la population arabe

Les habitants sont "aux anges", mais ont peur de manifester leur joie car
des islamistes, à bord de pick-up, reviennent en ville pour leur demander
d'aider à transporter cadavres et blessés à l'hôpital. "Nous sommes musulmans,
nous respectons les morts", souligne Sidi, qui voit des dizaines de cadavres à
la morgue.
Puis les habitants ont été appelés par les islamistes à se rassembler pour
prier les morts, "tués par les mécréants".
"Mais je suis sûr que sous les décombres, il reste des corps, ça sent",
poursuit-il.
D'après Sidi, les victimes sont toutes des combattants islamistes: "les
frappes étaient tellement bien ciblées qu'il n'y a pas eu un mort, un blessé
parmi nous (les civils)".
Un verger, qui servait d'entrepôt au Mujao pour des armes et munitions
venues d'Algérie, a été "rasé".
Sidi affirme que des enfants de moins de 15 ans sont recrutés par les
islamistes. "Ils les paient bien, leur promettent le paradis s'ils meurent".
Revirement de l'actualité, les islamistes demandent désormais aux femmes de
ne plus se voiler, "car ils craignent que, sous les voiles, des soldats
maliens ne se cachent", explique Sidi, qui poursuit: "même les jeunes se sont
remis à fumer".
Le lendemain, les islamistes quittaient la ville et tous "les Arabes
locaux, complices des islamistes, ont vidé leurs magasins et ont fui".
Il s'inquiète cependant pour Gao.
"La ville est prise en otage. Les frontières avec le Niger et l'Algérie
sont fermées, nous n'avons plus de ravitaillement (farine, pâtes, huile,
lait...), on craint une famine".
Il soupire, puis sourit: "Enfin, la nuit du 12 janvier, j'ai très bien
dormi".

jpc/thm/stb/jlb

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