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Chronique satirique: La CMA se paie la tête des maliens
Publié le mardi 19 janvier 2016  |  Le Procès Verbal
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.




J’ai toujours écrit dans ces colonnes que la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) se payait la tête des Maliens. Et pas qu’un peu ! Bien entendu, Ladji Bourama se moque de mes bonnes leçons qui ont le tort de ne pas être publiées en latin-grec. Ladji n’est peut-être pas homme à se laisser trimbaler, mais il est probablement homme à se laisser raconter des histoires.

A voir la manière dont il se félicite des accords d’Alger et l’immense enthousiasme qu’il met à donner l’accolade aux bandits armés, on dirait bien qu’il croit à leurs boniments. Car des boniments, la CMA en a plein le turban. Ces égorgeurs de préfets n’ont signé les accords de paix que du bout des doigts avec, derrière la tête, la ferme résolution de ne pas les appliquer. Il s’agissait juste, pour eux, de ne pas apparaître comme des obstacles à la paix et de se donner la possibilité de venir prendre le méchoui à Koulouba.

C’est ainsi que depuis un an, ils ont abandonné chameaux et moutons pour s’installer avec armes et bagages dans les hôtels de luxe de Bamako. Chaque matin, ils prennent le thé chez un ministre; chaque soir, ils font la fête chez un sous-ministre. Sans compter les notabilités et autres diplomates qui leur massent les pieds au savon “Azawad”. Bref, les compères enturbannés participent au fabuleux banquet du mérite si cher à l’hôte de Koulouba.



Problème: maintenant que les choses sérieuses commencent, les braves sires freinent des quatre fers. Regardez la bonne blague qu’ils viennent de servir à la Commission de Suivi des accords de paix. Ayant entamé, depuis novembre 2015, le processus de cantonnement et de désarmement des différents groupes armés, la Commission a demandé aux uns et aux autres de participer à des patrouilles mixtes de concert avec l’armée malienne et les casques bleus de la MINUSMA. Que répondent nos amis rebelles de la CMA? “Nous n’avons pas assez d’armes lourdes ni de véhicules pour poursuivre les patrouilles”.

A croire qu’en mai 2014, la CMA a chassé l’armée malienne de Kidal à l’aide de lance-pierres et d’incantations ! Encore un peu, la CMA demandera à l’Etat malien de lui fournir des armes et des munitions ! Après tout, ils n’ont peut-être pas tort: pompeusement érigés au rang de Maliens à part entière alors qu’on les croyait venus de Libye, ces bonshommes ont de sérieuses raisons de fixer un œil glouton sur les trois centaines de milliards alloués, en 2016, au budget militaire malien…

On comprend, dès lors, le profond dépit du chef de la diplomatie : réagissant, le 11 janvier 2016 à New York, au rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur la situation au Mali, Abdoulaye Diop a, en termes fort peu diplomatiques, “déploré le manque de collaboration de nos frères de la CMA qui disent ne disposer ni d’armes lourdes, ni de véhicules pour continuer les patrouilles”. Hélas ! Les Diop et consorts sont peu écoutés à la tribune de l’ONU. Ils ne parlent même pas anglais ! Si, à la rigueur, ils s’exprimaient en tamacheq et portaient un turban, Ban Ki Moon pourrait réexaminer la portée de leur voix…

Il semble que la CMA n’ait aucune intention d’arrêter ses simagrées en si bon chemin. Surtout que la communauté internationale, si prompte à gronder le Mali, caresse les rebelles dans le sens du poil et voit en eux, non pas des pillards sanguinaires, mais plutôt de romantiques “hommes bleus du désert” persécutés, depuis 1960, par l’ogre malien du sud. Les dernières législatives partielles d’Ansongo donnent la mesure de la volonté de la CMA ne pas se soumettre aux accords. Le scrutin n’a, en effet, pu se tenir dans la commune de Talataye, sise à 10 km du chef-lieu de cercle.

Le 10 janvier 2016, tôt le matin, des individus armés ont effectué une descente musclée à Talataye, séquestré des agents électoraux et emporté tout le matériel de vote. La raison de l’attaque ? Talataye, aux yeux de la CMA, n’est pas encore une ville malienne et le gouvernement de Ladji Bourama n’a nul droit d’organiser une foire, pardon !, un vote dans une localité relevant de l’Etat azawadien. Rien que ça ! Bien entendu, l’armée malienne est la grande absente des combats alors qu’elle avait été dûment prévenue du projet d’agression. Attendait-elle de présenter ses voeux à Ladji et de recevoir, en retour, les galons de nouvel an ?

En tout cas, les Maliens devront faire leur deuil des suffrages des Azawadiens de Talataye. Seule consolation: lors de la présentation de voeux du gouvernement, Ladji Bourama a, à grand renfort de subjonctif, instruit au Premier Ministre de “faire rapidement toute la lumière” sur le dossier. Ah bon ? La “lumière” pour chanter le Janjo ou pour danser le takanba à Talataye ? Comment le pauvre Premier Ministre, qui n’est même pas ingénieur en électricité, ferait-il la lumière dans une localité où il ne peut mettre le pied ? Allons donc!

En somme, autant Ladji Bourama a son programme de gouvernement (“Mali d’abord, inch Allah”), autant la CMA a son programme de conquête dont voici les grands articles :

Article 1: L’Azawad s’étend sur le territoire que le Mali appelle “régions de Gao, Tombouctou et Kidal”.

Article 2: Les accords de paix signés à Alger et Bamako n’engagent aucun Azawadien adulte; ils servent à amuser la galerie.

Article 3: Iyad Ag Ghali reste et demeurera l’unique mentor de l’Azawad.

Article 4: Pour que les armées de l’Azawad foutent la paix au Mali, il faut que ce pays paie un tribut aux chefs politiques et militaires azawadiens.

Ce tribut prendra la forme de postes ministériels croustillants et de places fortes dans l’administration, l’armée, la police, la garde, la gendarmerie et les Eaux et Forêts du Mali.

En cas de besoin et sur demande nocturne des chefs azawadiens, le tribut sera versé en espèces, dans des sacs en plastique.

Article 5: Tout Azawadien est justiciable des seuls tribunaux azawadiens. Les mandats de la justice malienne ne s’appliquent ni à leur personne ni à leurs biens.

Article 6: En attendant le partage équitable du gâteau malien, aucun combattant azawadien ne sera ni cantonné ni désarmé.”.

Tiékorobani
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