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Mouvement Vert-Jaune-Rouge Lettre ouverte à son Excellence, Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République
Publié le mardi 19 janvier 2016  |  Le Reporter
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© aBamako.com par Momo
Un meeting de soutien à la population de Gao
Bamako le 30 10 2015, plusieurs associations de la société civile et représentants de partis politiques étaient réunis à la bourse de travail pour soutenir la population de Gao.




Monsieur le Président,
Au Mali, le phénomène des enfants de la rue est une bombe à retardement. Ils sont pour la plupart nés de mère et de père maliens. Ils sont des enfants maliens. Mais pas comme les autres, car :
• Ils se couchent et se réveillent dans la rue
• Ils petit-déjeunent, déjeunent et dînent dans le rue.
• Leurs écoles, c’est la rue.
• Leurs mosquées ou églises, c’est la rue
• Leurs centres de loisirs, c’est la rue
• Ils n’ont pas d’autres repères que la rue.
On les appelle communément les enfants de la rue comme si la rue pouvait faire des enfants.
Monsieur le Président,
Pour vous rendre compte de la gravité du phénomène, il vous suffit d’arpenter, la nuit tombée, les principales artères de Bamako et des grandes villes du pays. Nous sommes aujourd’hui convaincus que le glissement du fléau des enfants de la rue à celui de familles entières dans la rue, est en passe de devenir une réalité.
Oui, au Mali, aujourd’hui, il y a des familles dans la rue.
Il existe plusieurs catégories d’enfants mendiants identifiés :
• Enfants talibés
• Enfants jumeaux (loués)
• Enfants en rupture avec la famille
• Enfants (loués) guides de personnes handicapées mendiantes
• Enfants qui vivent dans la rue

La constitution adoptée en 1992 proclame dans son préambule la détermination du peuple malien «à défendre les droits de la femme et de l’enfant». Le Mali a coprésidé le sommet mondial sur les enfants en 1990 et a été l’un des premiers pays à avoir ratifié la convention relative aux droits de l’enfant. Il a également ratifié les principaux instruments internationaux, comme ceux de l’Organisation internationale du travail. Au regard de tout cela, le respect des droits de l’enfant doit être une priorité politique affichée au Mali, où la moitié de la population a moins de 18 ans.
Monsieur le Président,
Quand on ajoute au fléau des enfants de la rue ou des enfants dans la rue, celui des enfants mendiants, vous convenez avec nous, au regard de leur nombre de plus en plus croissant, que le Mali est assis sur une bombe à retardement. Constituant déjà le vivier du banditisme récurrent, il n’y a aucun doute, avec la conjoncture actuelle, si rien n’est urgemment fait pour prendre en charge leur éducation ou formation, en vue de leur intégration socio-économique, il faut craindre dans les mois à venir, que des esprits malveillants ne les transforment en bombes humaines, prêtes à exploser à tout vent et en tout lieu.
Monsieur le Président,
Nous sommes au regret de dire que les enfants de la rue ou les enfants dans la rue et les enfants mendiants sont aujourd’hui des proies faciles pour les terroristes. Sans formation, sans instruction et sans éducation, donc avec un avenir incertain, pour ne pas dire livrés à eux-mêmes dans un pays où même les diplômés ne sont pas à l’abri du désœuvrement face à l’absence d’emplois, les enfants de la rue et les enfants mendiants doivent être au centre des priorités d’initiatives de solidarité nationales.
Monsieur le Président,
L’Etat du Mali n’a pas le choix. Le moment est arrivé pour que l’Etat s’occupe urgemment des enfants de la rue et des enfants mendiants pour préserver l’ordre public. Nous ne voulons pas être des oiseaux de mauvais augure. Mais, à défaut, nous vous garantissons que les enfants de la rue vont s’occuper de l’Etat et de la République pour perturber de façon durable l’ordre public.
Monsieur le Président,
Nous sommes au regret de constater que l’Etat malien, face au fléau des enfants de la rue, a décidé de faire la politique de l’Autriche. L’Etat et ses partenaires techniques et financiers, sans oublier les organisations de la société civile malienne, ont décidé de se voiler la face. De faire comme si de rien n’était. Malgré l’ampleur du phénomène, aucune politique publique conséquente n’est mise en place pour juguler le phénomène. Et, comme cela est devenu une habitude malienne, quelques centres d’écoute à l’allure de nid de pègres, ont été ouverts pour se faire bonne conscience. Or, le fléau est tellement sérieux qu’il mérite d’être pris à bras le corps. Aucune fuite en avant ne pourra préserver notre pays de l’effet boomerang de l’absence d’une politique adéquate de prise en charge des enfants de la rue.
Monsieur le Président,
Le Mali n’a pas le choix. L’Etat doit s’assumer. L’Etat doit faire en sorte que le dispositif constitutionnel qui voudrait que «tous les Maliens naissent égaux en droit et en devoir» soit une réalité pour tous. Des politiques conséquentes doivent être mises en place par l’Etat pour suppléer la défaillance de parents peu respectueux de leurs responsabilités.
Monsieur le Président,
Faites urgemment quelque chose pour que le Mali, notre patrie, ne devienne une terre de production et d’exportation de terroristes, à cause de l’ampleur gravissime du phénomène des enfants de la rue.
Bamako, le 5 janvier 2016
Yagaré Baba DIAKITE
Président du Mouvement
Vert-Jaune-Rouge
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