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«Sans plan Marshall, la France continuera d’envoyer ses hommes et ses armes dans le désert»
Publié le dimanche 24 janvier 2016  |  lavoixdunord.fr
Serval
© Autre presse par DR
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Avec le film documentaire « Salafistes », qui sort au cinéma mercredi, Lemine Ould Salem montre la charia au quotidien, dans toute sa brutalité, au nord du Mali avant l’opération Serval et l’étendue destructrice du jihadisme. Sans occulter une part de responsabilité occidentale.

« Salafistes » au cinéma
« Avec François Margolin, le coréalisateur, on a décidé de faire un film qui montre la charia au quotidien. À l’été 2012, le groupe Ansar Dine m’a permis de venir à Tombouctou car j’étais musulman. Ils ont été très corrects avec moi en m’accordant une autorisation en douze points, comme quoi je ne pouvais filmer des femmes en tenue non islamique, ce genre de choses. J’ai pu discuter avec les jihadistes, les chefs, assister à des jugements, à une exécution, celle d’un berger touareg qui avait tué un pêcheur bozo (qui a inspiré la scène du film Timbuktu d’Abderrahmane Sissako). J’ai essayé de rencontrer Belmokhtar à Gao avec l’aide de son porte-parole. Au bout de deux mois d’attente et par 50 ºC, j’étais épuisé, je suis rentré. Et puis, il y a eu Serval et je ne l’ai jamais retrouvé. Mais j’avais suffisamment de matériaux pour travailler. Puis, on a élargi le sujet, aux théoriciens salafistes en Mauritanie, au groupe Ansar el-Charia en Tunisie et au phénomène État islamique. Par prudence, on a décidé de ne pas y aller. J’avais pris suffisamment de risques comme ça. »
LE FILM « SALAFISTES ». « J’ai pu discuter avec les jihadistes, les chefs, assister à des jugements, à une exécution... »
Le cas Mokhtar Belmokhtar
« C’est quelqu’un qui rêve d’un grand destin. Tout son parcours est marqué par le sceau de l’ambition. Il est très marqué par les figures historiques du jihadisme moderne. C’est un peu le Ben Laden du Sahara, un jihadiste pur et dur. Contrairement à ce qu’on dit souvent en Europe, ce n’est pas un contrebandier, c’est plutôt un homme avec de fortes convictions religieuses extrêmes qui met tout en œuvre pour les réaliser. »
Attaque à Ouagadougou
« Belmokhtar en est le commanditaire. Probablement pour élargir ses champs d’action, au-delà du Sahara et du nord du Mali. Il a voulu frapper les intérêts occidentaux et affaiblir les pays qui leur sont alliés. C’est également une manière de dire qu’Al-Qaïda n’est pas morte comme on pourrait le penser avec la montée de l’État islamique. Al-Qaïda continue le combat et Ouagadougou est un message aux jeunes musulmans de la région : Ne rejoignez pas l’État islamique et ses dérives sectaires, son ultraviolence, prenez la voie de l’orthodoxie sunnite, ce sont nous les vrais jihadistes. Al-Qaïda veut certes ériger un califat mais avec une méthode différente. En chassant d’abord les Occidentaux et en abattant les régimes et dictatures considérés comme impies. »

Libye, prochaine cible
« Tout cela est notamment la conséquence de la destruction de la Libye en 2011, quand Sarkozy décide d’abattre Khadafi. Sans envisager la suite, sans préparer la légitimité politique locale, sans prendre en compte le stock d’armes colossal qui s’est retrouvé aux mains des jihadistes du nord du Mali, sans compter cette brigade internationale qui a fait basculer le conflit syrien. Des combattants qui pourraient revenir agir en Libye, où c’est déjà le chaos total et inévitable. »

Réunion de sept ministres de la Défense
« Évidemment, la solution ne peut pas être que militaire. Il faut agir sur les volets politique, social, économique, tribal. Les jihadistes profitent toujours de ces frictions communautaires, comme AQMI l’a fait au nord du Mali avec les Touaregs du MNLA. C’est bien que la France envoie des soldats et de l’argent mais où va cet argent ? Dans des États et des armées qui passent leur temps à corrompre. Au nord du Mali, c’est devenu dangereux de circuler entre Tombouctou et Gao. S’il n’y a pas de plan Marshall économique et social, la France continuera d’envoyer ses hommes, ses armes, ses munitions dans le désert et le sentiment d’occupation d’une armée coloniale se fera encore plus ressentir chez les gens. »
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