Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

IBK sous préssion?: Le viol de la laïcité du Mali
Publié le lundi 25 janvier 2016  |  Les Echos
Lancement
© aBamako.com par Momo
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




D’abord, commençons par le commencement, comme dirait l’autre : dire que le président de la République, IBK, n’a pas violé et ne viole pas la laïcité du Mali relève du sophisme. Le président IBK est et reste le seul président de la République du Mali à avoir remplacé le discours politique, voire son programme politique par le prêche. Or, autant que je le sache, le peuple malien l’a élu comme président et non comme imam. A chacun son métier, à chacun son domaine !
Nous l’avons élu, non pas pour s’occuper de nos âmes, mais bien de nos vies et de notre pays en état de déliquescence avancée. Quant à nos âmes de croyants et même de non croyants, nos imams, nos curés et tant d’autres femmes et hommes religieux, et pas des moindres, sont là pour assurer ce service, celui de nos âmes donc. Et ils s’en occupent avec doigté.
De lui donc, président élu pour s’occuper de nos vies, nous n’avons ni besoin de prêches ni de bénédictions, mais d’actes concrets, je veux dire d’actions. Nous n’avons pas non plus besoin que, avant ses discours officiels, il nous donne la preuve de sa foi dans sa confession. Que non ! Que non !
Ce n’est pas bon pour notre moral de citoyens qui triment à longueur de journée pour gagner notre pitance, pas bon non plus pour celui de nos forces armées qui se font tuer presque toutes les semaines. Au contraire, tout au contraire, nous avons besoin qu’il nous rassure avec des preuves concrètes au plan économique, social et sécuritaire.
De lui, notre président, nous avons donc besoin d’actions vigoureuses contre la dégradation de la situation sécuritaire de notre pays, contre l’aggravation de la paupérisation de la population tous les niveaux ; d’actions concrètes de la situation inacceptables de ces dizaines de milliers d’enfants dits de la rue, ces redoutables actuels et futurs terroristes qui hantent nos villes et nos villages, faute de pouvoir aller à l’école.
La foi est personnelle, la relation avec Dieu est personnelle. Et quand on est élu président d’un pays dont la Constitution consacre le caractère laïc de l’Etat (entendez la séparation nette entre l’Etat et la religion), on a l’obligation, ne serait-ce que par respect pour ses propres concitoyens (et pour cette même Constitution sur laquelle on a juré), de taire sa coloration religieuse, surtout dans les adresses à la nation.
Nous avons déjà parlé de ses prédécesseurs dont aucun ne s’est changé en imam ou en prêcheur ni pendant les campagnes présidentielles (pour ceux d’entre eux qui en ont eu besoin), ni une fois à la tête de l’Etat malien.
Au Sénégal, pays à majorité musulmane, Léopold Sédar Senghor a été président pendant de plusieurs années. Chrétien de confession, il n’a jamais mis son appartenance en avant, ni dans ses discours, ni dans les actions posées. Et pourtant, il collaborait étroitement avec les mourides, pas de façon malsaine lesquels le respectaient, mais franche, saine et sincère dans la construction de la nation sénégalaise.
Abdou Diouf, son successeur, a fait la même chose. Même l’actuel président Macky Sall, en dépit d’un environnement sous-régional tendu à cause de l’intrusion des terroristes déguisés en combattants de l’islam, n’a pas cédé au chant de la sirène, cédé sur la laïcité de l’Etat.
Alors, pourquoi vous, Monsieur le président ? A qui voulez-vous donner la preuve de votre foi de musulman ?
Ousmane Diarra
(écrivain)
Choses vues
23 janvier 2016. Il est presque 13h ou presque, à Bamako-Coura, Bamako. Je déjeune dans un restaurant traditionnel. Un délicieux plat de riz au gras. Soudain, des éclats de voix d’enfants et d’adultes. Je me précipite dehors pour voir ce qu’il en retourne. Une rixe entre gamins ? Une maman qui corrige son fils pour avoir commis une bêtise ? Tout cela est courant, voire normal dans notre société…
Un gamin est au pilori, sous la surveillance d’un sage vieillard assis devant son étalage de médicaments traditionnels. C’est le meneur de la bande, le gamin au pilori. Comme les autres, il n’a pas plus de huit ans.
Sur un banc, deux autres galopins attendent leur tour de châtiment. Parmi ceux-ci, Mohamed, le propre fils de la dame qui a sauvé la victime du lynchage. A son tour, il subira la même punition. La dame y tient et le dit avec fermeté. Quant au troisième larron, il est lui aussi assis sur le même banc. Il continue de pleurer.
Je demande, m’adressant à dame, la patronne du restaurant, ce qui se passe. Sa réponse me fait froid au dos : les trois gamins molestaient leur victime parce que celle-ci est de confession chrétienne ! Du jamais au Mali, surtout de la part des gamins.
Je quitte la scène, aussi scandalisé que la dame et le vieillard, lesquels, en ces termes, continuent de crier leur colère contre les lyncheurs : « Vous êtes des destructeurs de pays ! On n’a jamais vu ça au Mali ».
Dans la rue adjacente, il y avait un décès. Et comme d’habitude, un prêcheur s’égosillait au milieu d’une foule nombreuse. Je me suis dit : « Et si chaque adulte, en plus des prêcheurs, faisait attention à ce qu’il dit au sujet des religions, surtout aux enfants, pour leur bien et le bien du pays. »
Ousmane Diarra
Commentaires