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Salifou Koné, Maire de la commune rurale de Fourou : « Nous allons faire en sorte que l’orpaillage traditionnel soit un facteur de développement de la commune »
Publié le mardi 26 janvier 2016  |  Le Tjikan
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© Autre presse par DR
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Dans un entretien qu’il nous a accordé, Salifou Koné, Maire de la commune rurale de Fourou nous parle de sa commune, des difficultés qu’elle traverse avec les orpailleurs traditionnels, mais aussi, fait une mise au point par rapport à cette pratique. Lisez plutôt !

Le Tjikan : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Salifou Koné : Je m’appelle Salifou Koné, Maire de la commune rurale de Fourou. Ma commune est composée de 23 villages sur une superficie de 1400 km².



L’orpaillage traditionnel est très pratiqué dans votre commune. Est-ce que la mairie a pris des dispositions pour encadrer cette activité ?

La mairie a pris des dispositions sur cette activité, mais pour le moment, on n’arrive pas à organiser sérieusement nos orpailleurs traditionnels du fait que nous sommes à l’extrême-sud du Mali et nous côtoyons les orpailleurs d’un pays voisin qui est la Côte-D’ivoire. Franchement, eux ils sont mieux organisés, mais par contre, nous, on n’arrive pas à bien les organiser. Cela est dû au fait que les gens viennent s’adonner à cette pratique sans savoir les inconvénients. La dite activité a plusieurs inconvénients. Qui dit orpailleurs traditionnels dit destruction de la nature, du sol et si on ne prend pas de dispositions adéquates pour restaurer le sol après leur passage, cela deviendra un véritable gâchis. Donc, il faut une organisation qui va permettre après l’exploitation de restaurer le sol. Et c’est cette organisation qu’on essaye de mettre en place avec ces orpailleurs. La restauration du sol exige des moyens financiers et ces moyens doivent être constitués à partir de l’or qu’on extrait du sol. Cette année, des dispositions seront prises pour mettre en place cette organisation. Auparavant, ils ne comprenaient pas, mais maintenant avec les grands séminaires qu’on a eu à faire avec les orpailleurs traditionnels au niveau de Bamako, Sikasso et même à Fourou, les gens commencent à comprendre et cette année nous ferons tout pour y arriver.

Combien rapporte cette activité à la mairie par an ou par mois ?

Ces orpailleurs ne payent rien à la mairie car ils ne sont pas organisés dans leur milieu. C’est à partir d’une bonne organisation qu’on pourra percevoir des impôts, sinon, à chaque fois qu’on envoie des agents, cela ne donne rien. C’est seulement les patentes et les vignettes des commerçants qui sont sur les lieux qui rapportent quelque chose à la mairie. Cette patente n’est pas récupérée par la mairie mais par un autre service de l’Etat et qui est ensuite reversée à la mairie. A part ces taxes, on n’a aucune taxe concernant cette activité.

Aussi, nous n’avons pas pu mettre en place les taxes qu’on voulait faire sur les machines de recherche. A chaque fois qu’on le fait, ça commence timidement et un mois après ça s’arrête. On n’a pas de ressource sur cette activité car elle n’apporte pas encore quelque chose à la localité.

Quelles sont les conséquences directes de cette activité sur votre commune ?

C’est la destruction du sol. Ceux qui sont à proximité du fleuve polluent l’eau avec les différents produits qu’ils utilisent. On a essayé de les organiser pour qu’au moins, sur chaque gramme d’or, on enlève une part pour la restauration du sol, pour le développement de la commune, pour le village et les sites d’orpaillage. Ce sont ces dispositions que nous sommes en train de prendre. Pour chaque gramme sorti, un prix sera fixé et cet argent sera reparti entre la commune, le village, et les orpailleurs. Au moins, pour qu’on puisse dire que l’orpaillage a permis de construire tel ou tel bâtiment, des hôpitaux, des écoles et latrines. Cette activité détruit les champs et en plus on ne peut plus en faire des lieux de pâturage.

Concernant la menace terroriste, est-ce que vous avez pris des dispositions ?

Nous avons toujours pris des dispositions pour cela même si, pour le moment, notre commune n’a pas encore été l’objet d’acte de terrorisme. Nous prenons des dispositions avec les forces de sécurité et les chasseurs, chaque village à son niveau. Il y a une cellule qui est là et à chaque fois qu’il y a des informations, elle nous informe et nous aussi nous prenons nos dispositions.

Quels sont vos projets pour la commune de Fourou ?

Nous voulons que l’orpaillage nourrisse son monde. Aussi, qu’il soit un facteur de développement de la commune. Et c’est sur cette base que nous sommes en train de mettre en place une organisation des orpailleurs traditionnels. Il s’agit aussi de la création d’une centrale d’achat où tout l’or serait vendu sur un seul angle au niveau d’un seul lieu. A partir de cela, on enlèvera la taxe pour faire la répartition de cet argent. Au moins, ces sous vont permettre de restaurer le sol, de construire des hôpitaux et des écoles.

Avez-vous un appel à lancer ?

Je lance un appel aux autorités pour qu’elles nous aident dans notre combat. On ne peut pas fermer les sites car ils permettent à ceux qui les exploitent d’avoir des revenus. Il faut reconnaitre que cette activité diminue d’une certaine manière le chômage. Aussi la grande partie de ces orpailleurs sont des cultivateurs du sud qui font cette activité pendant la saison sèche pour pouvoir subvenir à leurs besoins et pouvoir acheter leurs engrais pour la période de l’hivernage.

Propos recueillis par Aoua Traoré
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