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Quand l’élite politique trahit le peuple au Mali….. !!!
Publié le mercredi 27 janvier 2016  |  Le Katois
Conseil
© aBamako.com par A.S
Conseil des ministres du mardi 19 janvier 2016




Pour l’élite politique, le choix de la responsabilité publique doit être loin d’un jeu de hasard ou d’enfant, eu égard aux contraintes qui lui sont inhérentes. Nantie d’une formation académique et de l’engagement pour la cause publique, l’élite politique doit s’exiger la générosité sans faille vis-à-vis du peuple, la défense à tout prix de l’intérêt commun et surtout, la ferme conviction qu’un continent ou un pays, encore moins, un homme ou une femme ne peut se développer seul, comme l’avait soutenu R. Dumont dans son livre «Pour l’Afrique J’accuse».



De l’indépendance à nos jours, la classe politique malienne a connu de nombreux renouvellements sociologiques et a secrété plusieurs régimes politiques qui se sont succédé à la tète du pays. Loin de nous la prétention de faire, ici et maintenant, les bilans des différents régimes politiques qui ont gouverné la chose publique au Mali. Nous avons quand même constaté que des défis majeurs furent relevés par la classe politique à chaque fois qu’elle est arrivée à se mettre en parfaite osmose avec le peuple, dont la prise en compte des préoccupations doit être la seule chose qui en vaut la peine pour une classe politique conséquence et progressiste. À titre d’exemples, nous pouvons évoquer: l’accession de notre pays à l’indépendance en 1960, la quête et l’instauration du multipartisme le 25 février 1992.



L’effectivité de ces deux acquis majeurs passe par le soulagement véritable des souffrances du peuple par un accès plus facile aux services sociaux de base de qualité acceptable. L’accès à ces services sociaux de base est un droit pour le peuple dont le caractère existentiel est reconnu légalement par les nombreux traités et chartes relatifs aux droits humains inaliénables auxquels notre pays a souverainement souscrits au niveau sous-régional, continental et international. Cela veut dire qu’à partir des signatures desdits documents, l’accessibilité à ces services est dès lors un droit pour le peuple du Mali afin qu’il vive de manière humainement acceptable.

Cependant, après cinquante et cinq ans d’indépendance et vingt et quatre ans de multipartisme intégral, la qualité de l’éducation, de la santé, de la sécurité n’a jamais aussi été mauvaise qu’actuellement en République du Mali. Les résultats du Bac et du Def de l’année scolaire académique 2014-2015 prouvent que ce sont les écoles privées qui occupent la tète du peloton de classement, loin devant les écoles publiques au Mali.

La responsabilité de cet état de fait, suffisamment grave, incombe au premier chef à l’élite actuelle qui a instauré ou laisse prospérer au Mali le système éducatif et sanitaire à deux vitesses. La mise en place d’une réglementation favorable à l’installation des structures privées dans les secteurs de l’éducation et la santé a permis à l’élite politique malienne de trahir astucieusement le peuple. Par le contournement immoral des structures publiques au profit de celles privées, l’élite politique malienne fait ainsi preuve d’une pire crise de morale publique. La psychanalyse de ce contournement nous permet de nous rendre compte qu’elle se trahit également elle-même en mettant au grand jour son vrai et profond être sceptique quand à sa capacité à faire prévaloir son essence socio-politique et sa volonté à honorer ses promesses électorales par le renforcement et la création des structures publiques performantes en la matière.

Pour mettre fin à ce viol de la morale publique par l’élite politique, se manifestant par le manque de rigueur morale et la trahison de celle-ci à ne pas utiliser les mêmes structures de soins de santé et d’éducation que le peuple, nous proposons la mesure suivante :

Qu’il soit retenu parmi les critères à remplir vis-à-vis des dispositions légales en vigueur pour tout homme ou femme qui souhaiterait briguer un poste électif de maire, de député, de Président de la République ou de nomination d’envergure dans la fonction publique, l’usage des structures publiques pour la satisfaction de ses besoins sociaux de base et ceux des membres de sa famille (époux ou épouses et enfants).

Cette mesure une fois retenue comme l’une des conditions à réunir par l’élite afin de postuler à une responsabilité publique pourra la contraindre à s’atteler une fois au pouvoir à l’amélioration de la qualité des services sociaux de base mis à la disposition de toute la collectivité. Ainsi, on serait sûr qu’au lieu de couler ensemble on se relèvera ensemble car c’est la volonté politique qui fait jusqu’ici défaut au Mali quand à l’amélioration de la qualité des services de ces installations publiques.

Celle-ci est une interpellation à l’endroit de l’élite politique à ne pas éternellement se dérober de sa responsabilité publique dans le contrat de confiance qui la lie au peuple par une pirouette aussi facile que la liberté de s’abonner indécemment aux structures privées pour la satisfaction de ses besoins sociaux de base.

La présente mesure peut être un bout par lequel on peut soulever les structures publiques des secteurs sociaux de base présentement en réelle difficulté. La mesure ainsi préconisée peut paraitre naïve mais nous pensons qu’elle aura l’avantage d’être découverte par le peuple et ses quelques amis qui se battent à ses cotés quotidiennement pour son bien-être.

Le moment est enfin arrivé, avec tout ce que le peuple endure dans la quête de ses besoins sociaux de base, que l’élite politique malienne s’assume en toute intelligence car : ça suffit la politique de l’Autruche, le faire semblant, la duperie et la trahison du peuple.

Seydou CISSE

Professeur Assistant de Philosophie à l’ENSup/FSHSE
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