Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

ONU : Le Mali humilié !
Publié le jeudi 28 janvier 2016  |  L’aube
Le
© Autre presse
Le siège de l`ONU à New York.




Honte nationale ! Affront de dernier degré ! Humiliation suprême ! Les exclamations fusent et l’indignation est à son comble au Mali depuis l’annonce, vendredi dernier, du retrait à notre pays du droit de vote au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Jamais, dans l’histoire, la nation malienne n’a autant été rabaissée et le peuple malien mis au ban de la société. Ce qui dénote une fois de plus du pilotage à vue instauré en mode de conduite de l’Etat sous le président Ibrahim Boubacar Kéïta, chantre de « l’honneur du Mali » et du « bonheur des Maliens ». Un honneur, finalement bafoué à tout jamais, pour « le malheur des Maliens ». Les excuses publiques du Premier ministre, Modibo Kéïta, au peuple sonnent certes comme un acte de bon sens, mais sauront-elles effacer la risée consommée ?
Le 22 janvier dernier, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, informait l’Assemblée générale sur la privation de douze pays membres du droit de vote pour non-paiement de leurs cotisations (la décision date du 18 janvier). Coup de théâtre : parmi ces mauvais payeurs figure le Mali. Une première depuis que le pays de Soundiata Kéïta et de Modibo Daba Kéïta est membre du Conseil de sécurité de l’ONU. Les couleuvres sont d’autant plus difficiles à avaler que la manœuvre de retard de paiement dure depuis deux ans, pour un (modique) montant de 400 000 dollars US, soit environ 200 millions de FCFA (source Premier ministre).
Avant de revenir sur les contours de cet autre scandale ibkiste, il convient de rappeler à nos lecteurs le droit de vote, les cotisations des Etats membres et les critères, ainsi que la suspension.
L’article 27 de la Charte des Nations Unies précise que « chaque membre du Conseil de sécurité dispose d’une voix ».
La contribution de chaque État Membre est calculée selon un système de quote-part. Le principal critère utilisé par les États Membres dans le cadre de l'Assemblée générale est la capacité des pays à payer. Cette capacité est fondée sur une estimation de leur produit national brut (PNB), corrigée pour tenir compte de divers facteurs tels que la dette extérieure et la faiblesse du revenu par habitant. La quote-part de chaque État Membre est décidée par l'Assemblée générale selon cette méthodologie et va d'un minimum de 0,001 % à un maximum de 22 %, la quote-part maximale pour les pays les moins avancés étant de 0,01 %.
Pour la période 2013-2015. Le plus grand contributeur, c’est les USA avec 22%. Suivent le Japon (10,83%), l’Allemagne (7,14%), la France (5,59%), la Grande Bretagne et l’Irlande du nord (5,17%), la Chine (5,14%), l’Italie (4,44%), le Canada (2,98%), l’Espagne et le Mexique (avec respectivement 2,97 et 1,84%).
Par rapport au retard de paiement des contributions, l'article 19 de la Charte des Nations Unies stipule: « Un Membre des Nations Unies en retard dans le paiement de sa contribution aux dépenses de l'Organisation ne peut participer au vote à l'Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées. L'Assemblée générale peut néanmoins autoriser ce Membre à participer au vote si elle constate que le manquement est dû à des circonstances indépendantes de sa volonté».
La triste nouvelle…
Actuellement, 12 États Membres sont en retard dans le paiement de leurs contributions au sens de l'Article 19 de la Charte des Nations Unies. Parmi eux cinq sont autorisés à participer au vote à l'Assemblée générale au 26 janvier 2016 (Comores, Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe, Somalie et Yémen). Parce que ces pays en proie à des situations politiques et économiques précaires. Les sept autres États membres ne sont pas autorisés à voter à l'Assemblée générale : Burundi, Îles Marshall, Libye, Mali, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Vanuatu et Venezuela.
Pour ce dernier en particulier, la dette s'élève à 3 millions de dollars (environ 1,5 milliard de FCFA). La République dominicaine doit 2,1 millions de dollars à l’ONU. Saint-Vincent-et-les-Grenadines et le Burundi ont respectivement 2 155 et 1360 dollars à payer. Quant au Mali, il doit, selon le Premier ministre, 400 000 dollars aux Nations-Unies, soit l’équivalent d’environ 200 millions de FCFA.
La triste nouvelle a indigné plus d’un Malien, à plus d’un titre. Ayant pris la mesure de la situation, le Premier ministre Modibo Kéïta a été inspiré de s’adresser à la nation, non pas pour justifier la lourde faute, mais pour expliquer, mais surtout présenter les excuses du gouvernement au peuple malien, et annoncer des sanctions. Voici son message : « Mon intervention n’a pas pour but de justifier, puisque l’attitude peu soucieuse de certains cadres, nous a conduits à cette extrémité…
Je sais que le peuple du Mali est très fier, très pointilleux sur son honneur et sa dignité. Tout ce qui peut écorner cette image de marque doit nous interpeller, et le gouvernement est effectivement interpellé. Permettez-moi de présenter les excuses du gouvernement à ce peuple si fier et si jaloux de son honneur. Qu’est-ce qui est arrivé ? Le gouvernement du Mali a toujours tenu ses engagements par rapports aux organisations internationales. Et il s’est fait un devoir de payer dans les délais requis les cotisations dues à l’Organisation des Nations Unies.
En la circonstance, les recherches que j’ai pu effectuer après avoir reçu cette information me permettent de vous dire que le 3 juin 2015, à la demande du ministère des Affaires étrangères, le Trésor public du Mali, par l’intermédiaire de la BCEAO, a émis des ordres de transfert télégraphique, pour s’acquitter de ses cotisations par rapport à ses engagements envers les Nations Unies, d’un montant d’à peu près 200 millions. Mais là où les choses, véritablement, nous préoccupent, c’est que le numéro de compte qui a été communiqué par les Affaires étrangères n’était pas le bon. Et la BCEAO qui était chargé de ce transfert a donc dû retourner au Trésor du Mali les sommes qui devraient être transférées.
Les fonctionnaires qui ont reçu ce retour-là auraient dû s’inquiéter, se poser la question du pourquoi. Mais non, ça n’a pas été le cas, comme si de rien n’était. Notre diplomatie qui aurait dû être très pointillée sur cette question n’a pas donc vérifié aussi…Ce n’est pas une excuse du tout. Ce qui est arrivé est injustifiable pour un gouvernement, mais je l’assume. En l’assumant, je voudrais donner l’assurance au peuple du Mali que toutes les dispositions ont été prises pour que, dans les plus brefs délais, la situation soit régularisée.
C’est pénible pour un pays, que je connais, mais voilà la réalité. Il est vrai que nous devons en tirer tous les enseignements, toutes les conséquences et prendre toutes les mesures appropriées pour qu’un tel laxisme ne porte pas un ombrage… à l’image de notre pays. Un pays est suspendu quand il ne paye pas deux ans de cotisation, mais ce qui est là et vous pouvez en avoir connaissance, on a un premier versement de 104 322 000 FCFA du règlement des arriérés de contribution 2015 dû par le Mali au budget de fonctionnement de certaines organisations.
Un autre règlement des arriérés de contribution 2015, dû par le Mali au budget de fonctionnement de certaines organisations notamment les Nations Unies et un autre dû, c’est pour les tribunaux. Voilà ce qui s’est passé. Donc nous avions à cœur d’éponger tous les arriérés. Encore une fois permettez-moi d’insister sur la volonté du gouvernement de tirer tous les enseignements… ».
Mécontentement général
Ce mea culpa du Premier ministre, qui a fait preuve d’une très grande humilité, n’a pas, tout à fait, dissipé le mécontentement général, malgré le limogeage hier de l’Ambassadeur du Mali aux Nations Unies, Sékou Kassé, suite à cette sale affaire. Et les réactions sont légions dans les rues et les rouages politiques.
« Cette mauvaise nouvelle est un énorme coup de massue pour l'honneur et la dignité nationale de notre peuple », regrette le Parena.
« Les seuls numéros que ce régime ne risque pas de confondre avec d’autres sont les numéros des comptes personnels et privés. Quelle honte et humiliation pour la nation? Quelle incompétence de la part d’un gouvernement ! », renchérit, sur sa page Facebook, Mamadou Diaff Djigué, candidat recalé à la Présidentielle 2013.
« Notre situation aujourd’hui à l’Onu nous montre à quel point le pouvoir projette de notre pays une image pathétique. Le pays est devenu une nation sans visage crédible, une caricature parfaite de notre absence internationale », enfonce Souleymane Tièfolo Koné, ancien Ambassadeur.
Plus dur encore pour le Premier ministre, la Section syndicale du Trésor aurait rectifié le raisonnement qu’il a fourni au peuple malien. Selon le Secrétaire général, Aguissa Zouladéini Maïga, le 8 juin 2015, le Trésor a écrit à la Direction du Budget pour qu’elle transmette les numéros de compte corrects à la Bceao. Trois mois plus tard, plus exactement le 27 août, le Trésor tire la sonnette d’alarme en renouvelant la correspondance. Mais, la direction du budget n’a rien fait.
Contrairement donc à ce que le Premier ministre a dit, le trésor rejette toute responsabilité. Alors, où se situe la vérité dans cette affaire qui a noirci l’image du Mali, à l’intérieur, en Afrique et à travers le monde ?
Sous IBK, on aura tout vu !
Sékou Tamboura
Commentaires