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Lutte contre la corruption : Le talon d’achille du régime Ibk
Publié le samedi 30 janvier 2016  |  Aujourd'hui-Mali
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




Le président Ibrahim Boubacar Kéïta a fait de la lutte contre la corruption et la délinquance financière le pilier de son mandat 2013-2018. Cette volonté politique, déjà placée au premier rang de son projet de société, fut réaffirmée, avec forte conviction, dans son premier message de Nouvel an, en 2014. Mais, force est de constater qu’après plus de deux ans d’exercice, ce défi s’avère insurmontable, les 28 derniers mois ayant été émaillés de scandales sans précédent sur fond de corruption à grande échelle. Ces malversations financières ont coûté des dizaines de milliards à notre pays qui manque de tout aujourd’hui, jusqu’au minimum vital. Par conséquent, IBK a échoué sur le chantier majeur de son programme.

Plébiscité par la large majorité de ses concitoyens en août 2013 (plus de 77% des suffrages exprimés), le Président Ibrahim Boubacar Keïta avait toutes les cartes en main pour réussir sa mission. Il était en effet précédé d’une flatteuse réputation d’homme très rigoureux, en souvenir à son passage glorieux à la tête du gouvernement entre 1994 et 2000. Il avait sauvé le régime du Président Alpha Oumar Konaré, en proie à des tensions politiques, syndicales et estudiantines qui avaient emporté deux premiers ministres du Mali démocratique. L’homme avait aussi réussi à rétablir l’autorité de l’Etat et à stabiliser le climat politique et social. A son come-back vingt ans après, cette fois comme premier magistrat du pays, IBK n’a pas hésité à placer d’emblée l’année 2014 sous le signe de la lutte contre la corruption. “Oui, je dis et redis que l’argent des Maliens est sacré et qu’il faut désormais l’utiliser à bon escient. C’est pourquoi, je décrète l’année 2014, année de la lutte contre la corruption. Un combat dans lequel je demande à chaque Malienne, chaque Malien, de s’engager avec moi.Nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat, Incha’Allah.La gestion rigoureuse de nos ressources passe par le contrôle de la corruption sur deux fronts : la lutte contre l’impunité et les réformes systémiques“, avait-il annoncé dans son adresse à la nation, son premier message au peuple après son investiture.

Le chef de l’Etat avait d’autant plus osé que la lutte contre la corruption est un (vaste et délicat) chantier où tous ses prédécesseurs (Alpha et ATT) ont échoué. Au-delà, à travers le monde, tous les présidents qui se sont lancé le défi de combattre la corruption, se sont “cassés les dents”.



Mais, bien avant son discours 2014, le candidat IBK avait réservé, dans son projet “Le Mali d’abord “, une large part à ce fléau en promettant la “Tolérance zéro” en matière de corruption et de détournement des deniers publics. Extrait :”La généralisation de la corruption a pour effet de freiner le développement global du Mali. Elle constitue, à terme, un danger pour la stabilité sociale et politique. Elle discrédite les acteurs politiques, décrédibilise la chose publique tout en sapant les assises morales de la société. Elle constitue une violation des droits fondamentaux des citoyens et accentue la vulnérabilité et la précarité des populations les plus démunies. Elle fausse les règles du jeu économique, subvertit la loi et donne naissance à des situations de rente indues.

La lutte contre la corruption sera organisée sur la base d’un principe, la Tolérance zéro et s’articulera autour des dix mesures suivantes: l’adoption des mesures législatives et règlementaires visant à renforcer la culture de la transparence, durcir les sanctions contre les personnes attentant aux intérêts de la Nation et mobiliser les différents segments de la société civile pour contribuer à l’éradication du fléau de la corruption; l’élaboration et l’application d’un Plan d’action pour lutter vigoureusement contre le fléau de la corruption (intégrant les conclusions pertinentes des Etats généraux sur la corruption); la création d’un Organe central de coordination de la lutte contre la corruption qui veillera à ce que la justice prenne en charge les conclusions des rapports des différentes structures de contrôle; l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information et la transparence dans la gestion publique en vue de promouvoir un environnement de transparence dans les relations entre l’administration et les citoyens et rendre obligatoire la publication des rapports annuels et bilans financiers de tous les organismes publics et toutes autres institutions bénéficiant de financements de l’Etat (partis politiques, associations, syndicats etc.)… “. Qui dit mieux!

Ces deux documents (discours de Nouvel an 2014 et projet “Le Mali d’abord “) illustrent à suffisance les ambitions d’IBK en ce qui concerne la lutte contre la corruption. Mais, malheureusement, ce défi reste aujourd’hui le talon d’Achille de son mandat.

En effet, ses 28 mois passés à la tête de l’Etat ont été “ criblés” de scandales, plus regrettables et condamnables les uns que les autres. La cause ? La méthode de gouvernance instaurée et qui met au centre de la gestion des affaires publiques la famille, les amis, les alliés et les affidés.

Parmi les plus gros scandales qui ont jonché la gestion d’IBK, on peut citer l’avion présidentiel (entre 17 et 21 milliards de FCFA), le contrat d’armement (69 milliards, portés à 108 milliards après un avenant), les engrais frelatés (60 milliards) et les 1000 tracteurs du président (13 milliards). Le drame, c’est que toutes ces affaires sentent une odeur fatale de corruption et de vol à ciel ouvert. Pire, le président IBK est au courant et il n’a rien fait pour sanctionner les vrais coupables. Pourquoi ?

Quand le FMI et la Banque mondiale avaient suspendu leur aide budgétaire au Mali suite aux scandales de l’avion présidentiel et du contrat d’équipements militaires, la section des comptes de la Cour suprême et le Bureau du Vérificateur général avaient fourni des rapports qui révèlent des fraudes, détournements d’un montant total respectivement de 28 milliards et de 39 milliards, ainsi que les structures impliquées dans ces malversations financières. Jusque-là, personne n’a été inquiété. Ensuite, dans ses rapports 2013 et 2014, le Bureau du vérificateur général fait d’autres révélations accablantes qui donnent de la matière au chef de l’Etat pour taper fort et mettre en marche son défi de lutte contre la corruption. En effet, il ressort des vérifications financières effectuées au titre de 2013 des irrégularités financières d’un montant total de 80,21 milliards de FCFA dont 12,28 milliards de FCFA au titre de la fraude et 67,93 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion. Quant au rapport annuel 2014, il fait état d’irrégularités financières totalisant la somme de 72,88 milliards de FCFA dont 33,86 milliards de FCFA au titre de la fraude (soit 46,46% du montant total) et 39,02 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion. Dans tous ces cas de corruption à lui transmis, le chef suprême de la magistrature affirme avoir transmis des centaines de dossiers à la justice. Mais sans suite. Ce mutisme du chef de l’Etat dénote de toute son impuissance à combattre le phénomène de la corruption, désormais ancré dans les mœurs au Mali.

A.B. HAÏDARA
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