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AEEM: Ces enfants qui font honte au Mali
Publié le samedi 30 janvier 2016  |  Les Echos
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© Autre presse par DR
Université de Bamako




La semaine dernière, des étudiants de l’Institut national des arts (INA) ont été bastonnés par des membres d’un comité AEEM. Combien de fois ils ont fait usage de machettes, de pistolets dans leurs bagarres ? Tout se passe comme si l’AEEM est devenue le reflet d’un pays où les voyous sont devenus des archétypes pour une jeunesse désorientée, sacrifiée sur l’autel des intérêts personnels.
Une dizaine de blessés dont trois graves et des motos endommagés : c’est le bilan des affrontements qui ont opposé les élèves de l’Institut national des arts (INA) et des membres du bureau de coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Un événement fâcheux dont la presse locale s’est fait l’écho le lundi dernier.
C’est vrai que nous n’avons pas toutes les pièces du puzzle pour reconstituer ce qui s’est passé à l’INA et situer les responsabilités. Ce que l’on sait par contre, et qui vaut son pesant d’or, c’est que des membres de l’AEEM et des élèves se sont mesurés dans l’arène de la violence. Des élèves qui décident de boycotter un examen pour réclamer leurs bourses, cela est désormais un fait divers au Mali.
Surtout quand on sait que ces bourses représentent presque la raison, la seule, d'étudier pour beaucoup. Etudier, faire des efforts pour passer et continuer d'en bénéficier. Sans les bourses, ce n’est en rien exagéré de le dire, l'enseignement supérieur au Mali serait comme un marigot sans poissons. De là à en venir à la violence, il y a un pas qu’on n’aurait pas dû franchir.
Au Mali, le système éducatif est malade. L’enseignement supérieur, par exemple, est corrompu par les tricheries, le clientélisme. Il est vraiment ahurissant de constater que les réflexions pour le redressement du système n’alertent pas le pouvoir de nuisance de l’AEEM, une écurie d’Augias.
Ce n’est pas la première fois que des membres de l’AEEM et des élèves ou étudiants en viennent aux mains. L’année dernière, beaucoup d’étudiants ont été les témoins d’un affrontement violent entre ces deux camps.
Il n’a même pas compté combien de fois des étudiants se sont fait bastonner par des membres d’un comité AEEM pour un oui pour un non, combien de fois, ils ont fait usage de machettes, de pistolets dans leurs bagarres, combien de fois ils ont soutiré de l’argent aux étudiants avant de leur rendre service.
Le fait est que la violence est devenue le joint de ces jeunes qui n’ont rien à envier à des cancres, règnent d’une main de fer envers et contre tout, se permettent les folies les plus repoussantes, se font la poche sur le dos des étudiants et élèves. L’AEEM méprise les étudiants, et la réciproque aussi est vraie. C’est ce qui explique le fait qu’elle soit en butte à un véritable désaveu de ceux dont elle est censée défendre les droits.
Comment en est-on arrivé là ? Simplement parce que, pour citer Emile Cioran, "quelqu’un que nous plaçons très haut nous devient plus proche quand il accomplit un acte indigne de lui. Par-là, il nous dispense du calvaire de la vénération". Voilà un mouvement dont certains militants, d’une voracité incomparable, servent encore de pont aux étudiants ayant fait échec à l’examen et souhaitant acheter le passage en classe supérieure. Voilà un mouvement dont le gros des militants (cela vaut également pour les militants qui sont dans les lycées, surtout publics) passe encore par la grâce du piston à l’examen de fin d’année.
Voilà un mouvement où il faut briller par son goût farouche pour la violence… Oui, l’AEEM en est toujours là. Le dire, l’écrire, c’est amener les responsables du mouvement à s’éveiller aux réalités terrifiantes et tristes qu’ils ont contribuées à créer inconsciemment ou non. Des réalités que l’AEEM se doit de mettre à plat pour prouver qu’elle entend rompre avec cette ligne de comportement dont les conséquences pèsent aujourd’hui d’un poids écrasant sur son image. Si elle veut gagner l’estime des étudiants et élèves qui disent en avoir assez d’une AEEM incompétente et incapable, dont certains membres scélérats continuent de danser au son du tam-tam de l’égarement.
Il est regrettable qu’on ait laissé faire ces enfants. Il est fâcheux que durant des années, personne n’ait jugé la peine de leur dire combien leur comportement fait honte d’abord aux élèves et étudiants, et accessoirement au pays tout entier. Or, ce pays "ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les laissent faire".
Tout se passe comme si l’AEEM est devenue le reflet d’un pays où les voyous sont devenus des archétypes pour une jeunesse désorientée, sacrifiée sur l’autel des intérêts personnels. Un pays où les valeurs éthiques les plus simples sont les moins observées.
Boubacar Sangaré
(USA)
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Les Echos N° 3864 du 3/5/2012

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