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Institut national des arts : le Grabuge
Publié le jeudi 4 fevrier 2016  |  L’Essor




La tension était vive à l’Institut national des arts de Bamako la semaine dernière. L’établissement a été le théâtre d’échauffourées dont le bilan est de trois personnes grièvement blessées et de 4 étudiants (dont un militaire) interpelés et déférés à la prison centrale de Bamako. Selon le directeur des études, Makan Doucouré, le véhicule de service du directeur de l’INA a été endommagé tandis que 10 motos et un vélo étaient brulés. L’infirmerie, elle, a été totalement détruite.
Depuis le début de l’année scolaire 2015-2016, le climat est délétère à l’Institut national des arts de Bamako. Les raisons ? Les revendications syndicales des enseignants et des élèves. Les premiers réclament le paiement des heures supplémentaires et des frais d’encadrement des mémoires et les seconds le paiement des bourses et l’octroi de fournitures.
Makan Doucouré assure pourtant que « toutes les revendications sont satisfaites » aussi bien pour les élèves que les enseignants. Le virement des bourses a été effectué depuis le 18 décembre au niveau d’Ecobank. Mais les étudiants n’ont toujours pas perçu leur argent car certains ne se sont pas encore allés ouvrir un compte à la banque. Le directeur des études assure que les étudiants ont demandé à ceux qui possèdent des comptes de ne pas toucher leur argent. Quant à la distribution des tenues, précise-t-il, elle a commencé.
Le grabuge de la semaine dernière est parti d’une grève de 4 jours décidée par les étudiants pour revendiquer la bourse du premier trimestre et les fournitures scolaires. Réagissant aux arrêts intempestifs des cours, la direction de l’institut a alors saisi la coordination nationale de l’AEEM pour qu’elle constate que les revendications sont déjà satisfaites et ordonne l’arrêt du mouvement de boycott des cours.
« Les bourses sont virées à Eco-Bank depuis le 18 décembre 2015 et il ne reste plus que l’ouverture des comptes des nouveaux étudiants. Les tenues sont déjà disponibles au niveau de l’économat. Malgré cet engagement, le comité AEEM a décidé d’observer une grève de 96 heures. Suite à cette interruption des cours, la coordination nationale de l’AEEM a adressé une correspondance à la direction de l’INA pour l’informer de la suspension du comité AEEM de l’Institut national des arts de Bamako », explique Makan Doucouré. Dans une correspondance en date du 19 janvier 2016, le secrétaire général de l’AEEM, Ibrahima Traoré, indiquait clairement : « nous avons l’honneur de porter à votre connaissance la suspension du secrétaire général du comité dudit établissement pendant trois mois à cause des sorties inutiles ».
La suspension sanctionne un manquement aux textes de l’AEEM. La coordination nationale a délégué des mandataires pour en informer les membres du comité de l’INA, le lundi 25 janvier. Très tôt, vers 6 h 30, une dizaine de membres de la coordination de l’AEEM sont ainsi arrivés à motos dans la cour de l’INA pour faire respecter la décision prise par la direction du syndicat estudiantin. C’est vers 8 heures que la tension est vite montée lorsqu’un élève a sonné la cloche pour convoquer une assemblée générale.
Soucieux de maintenir l’ordre dans l’établissement, les émissaires du bureau national se sont opposés à cette assemblée générale impromptue. Des affrontements ont alors éclaté entre les émissaires de la coordination nationale et certains élèves de l’INA. Pour ramener le calme dans l’enceinte de l’établissement, la direction de l’INA a requis une intervention rapide du commissaire de police Issa Koné et des éléments du 3ème arrondissement. « Notre devoir est de protéger les élèves. Comme la situation dépassait notre compétence, il fallait faire recours aux forces de l’ordre », a expliqué Makan Doucouré.
Ibrahim Traoré, le patron de l’AEEM, confirme que le bureau de coordination a été informé de la situation par la direction de l’établissement et justifie la décision de suspension du comité AEEM de l’INA en invoquant des « sorties successives inutiles ». « Notre mouvement n’est plus dans cette vision, nous avons opté pour les classes, en utilisant le dialogue comme arme. Nous avons demandé au comité de l’INA de sursoir à ces sorties inutiles. A notre surprise, ils ont décrété 48 heures de grève puis 96 heures », déplore le secrétaire général de l’AEEM qui ajoute qu’il a alors été amené à prendre des sanctions pour une durée de 3 mois, en se conformant aux textes. Dans ce cas de figure, l’intérim doit être assuré par la coordination. Une équipe de 10 personnes a donc été mandatée pour informer, lundi, les étudiants de la sanction du comité. C’est suite à un refus d’obtempérer qu’il y a eu des accrochages occasionnant des dégâts importants.
Le secrétaire général de l’INA soutient toujours que trois mois après la rentrée, les élèves n’ont rien reçu pour travailler et la direction a programmé une évaluation sur les matières. « Cela est inadmissible », dénonce Ta Traoré. « Nous avons décidé de prendre en otage les matières pratiques parce que nous n’avions encore reçu ni la bourse, ni la tenue, encore moins les fournitures pour les matières techniques », détaille-t-il. Certains membres de la coordination nationale de l’AEEM, accuse-t-il, sont venus imposer leur diktat suscitant en retour la résistance des étudiants de l’INA qui a débouché sur des affrontements, des blessés et des dégâts matériels considérables.

A. SOW
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