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Entrée du GATIA à Kidal: ce qui s’est réellement passé
Publié le jeudi 4 fevrier 2016  |  Info Matin
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© AFP par KENZO TRIBOUILLARD
Le MNLA à côté de l`ancien gouvernorat de Kidal




Après les premiers moments de chambardement, le nuage se dissipe sur les raisons de l’entrée à Kidal du Groupe d’autodéfense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA). Elle s’inscrit dans le cadre des arrangements sécuritaires suite aux « discussions directes » d’Anéfis, entre la Plateforme et la CMA.

A l’apparence, l’évolution de la situation a été rapide. Alors que le discours était que chaque groupe armé devait camper sur ses positions d’avant signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, l’on assiste à une entrée éclair du GATIA à Kidal, à bord de dizaines de véhicules lourdement armés. Ce qui a donné lieu à différents commentaires.

La prophétie de malheur
Pour certains, la présence du GATIA à Kidal s’explique par une exigence de définition par la CMA des dates et modalités de retour à Kidal de ses combattants qui en sont originaires. En clair, le groupe d’auto-défense voudrait mettre un terme aux atermoiements de la Coordination des mouvements armés (CMA) qui aurait toujours cherché à jouer aux prolongations quant à la satisfaction de cette demande.
Un tel coup de sang de la CMA trancherait nettement avec les avancées enregistrées jusque-là sur la voie de la paix et de la réconciliation. La MINUSMA n’aurait même pas permis ce qui paraîtrait à ses yeux comme une déclaration de guerre. On se rappelle de l’établissement d’une zone temporaire de sécurité, après les affrontements de Tanbankort ; mais également d’une zone tampon de 20 kilomètres autour de Kidal après la reprise à la CMA d’Anéfis. L’on garde également en mémoire toute l’énergie qu’elle a déployée pour que la Plateforme quitte Ménaka et Anéfis, après la reprise de ces deux villes.
Par contre, ce serait un grave recul pour des mouvements armés qui ont rendu public un communiqué final, le 18 janvier dernier, sanctionnant une réunion de consultative de haut niveau élargie aux membres du Comité de suivi de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger s’est tenue à Alger, organisée à l’initiative de Ramtane Lamamra, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, de l’Algérie, Chef de file de la Médiation.

Un travail de l’ombre payant
Selon des sources crédibles, il n’y a aucune volonté d’en découdre militairement avec leurs « frères » de la CMA. L’on estime qu’il n’y a même pas matière à se crêper le chignon, d’autant plus que les combattants dont le retour serait le casus belli sont originaires de la région et sont bien chez eux. Aussi, explique-t-on, l’entrée du GATIA, avant-hier, mardi, se justifiait simplement par la mise en œuvre des arrangements sécuritaires d’Anéfis.
Pour rappel, au cours d’une interview accordée au Studio Tamani, Ahmoudène Ag Iknass, député élu à Kidal et partisan de la Plateforme, expliquait : « Nous avons opté pour la libre circulation des biens et des personnes. Il n’y a plus de fief de la CMA ou de la Plateforme » dans le nord du Mali.
De son côté, Boubacar Ould Hamadi, de la CMA, affirmait : « La guerre est derrière nous. La Plateforme et la CMA ont fait la paix, mais les autres tribus ou groupes qui avaient des problèmes entre eux ont aussi fait la paix ».
Mamadou Djeri MAIGA, membre de la CMA, lui, a fait savoir : « Après trois semaines d’échanges, le résultat a été positif. La CMA et la Plateforme ont harmonisé leurs positions. Ils ont aussi accepté de faire des missions conjointes de sensibilisation sur le terrain. Ils ont accepté que la libre circulation des biens et des personnes soit une réalité. Ils ont accepté que désormais, une seule voix pourra représenter les deux mouvements. Donc, tout cela, c’est pour montrer à l’opinion nationale et internationale qu’aujourd’hui la hache de guerre est enterrée entre la Plateforme et la CMA d’une part et entre les deux groupes et le gouvernement de l’autre part… »
C’est pourquoi, dans un communiqué, la Mission de l’ONU au Mali a salué « la série de rencontres tenues à Anéfis, entre la CMA et la Plateforme ». Selon elle, c’est un « développement qui constitue une étape qualitative dans le processus de paix inter-malien ».
Autant dire que les bases étaient bel et bien jetées pour que la Plateforme et la CMA fraternisent. C’est sur ces bases, apprend-on, qu’une mission de sensibilisation a été faite par le général Ould GAMOU et certains responsables de la Coordination des mouvements armés (CMA), dans la région de Kidal. Le résultat est époustouflant. Il a permis l’entrée à Kidal des combattants du GATIA, sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré. Bien au contraire, souligne-t-on, c’est à bras ouverts qu’ils ont été accueillis.

Un même combat
Dès l’arrivée du GATIA, des discussions ont été engagées entre les responsables des deux parties pour déterminer la conduite à tenir pour la suite. D’ores et déjà, l’on sait que l’organisation de patrouilles conjointes figurera dans leur plan d’action contre les terroristes. Ce qui avait, du reste, été esquissé suite aux discussions d’Anéfis. Il ne serait donc pas abusif de soutenir qu’il y a un enchaînement normal des événements.
Le moins attendu est la présence des FAMA à Kidal. Selon certaines indiscrétions, l’Armée devrait y arriver dans les heures ou jours à venir. L’on s’interroge sur quelle base cela se fera, dans la mesure où dans l’Accord pour la paix et la réconciliation il y a des préalables à respecter.
L’article 17 dudit Accord parle de la « Progressivité du redéploiement des forces armées et de Sécurité reconstituées du Mali ». Le blocage pour le moment pourrait alors porter sur le fait que la reconstitution n’est pas encore effective.
En tout état de cause, la présence de la Plateforme à Kidal aux côtés de la CMA, pour une mission commune de lutte contre le terrorisme, est un gage supplémentaire de retour de la confiance entre des « frères » qui s’étaient livrés de violents combats. L’apocalypse n’aura pas lieu.

Par Bertin DAKOUO
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