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EDITO: Quand Bamako deviendra Gao…
Publié le vendredi 5 fevrier 2016  |  L’express de Bamako




Depuis le début de la crise multidimensionnelle dans notre pays et le départ de l'armée de certaines zones causant leur occupation, notamment Gao, des jeunes sans défense ont organisé la résistance à travers leur mouvement. Le départ du MNLA n'a fait que renforcer leur conviction avant de tenir tête au MUJAO, et de recevoir les balles de la MINUSMA lors d’une marche pacifique de protestation.
Nafissa A. Maiga, alias la rebelle de Gao, disait sur une Radio ceci : «être restée pour donner le courage et la force à la maison, parce que je ne peux pas les laisser et partir comme ça. Ce sont des gens qui ont besoin de nous à tout moment».
Ces jeunes de Gao ont tenu tête face à des hommes armés dans une ville ou aucune loi n’existait si ce n’était celle du plus fort ; ils ont osé ; ils se sont battus avec les moyens du bord. Souvent sans aucun diplômé d’une grande école de Paris, de Londres ou du Canada, ils étaient juste conscients de la gravité de la situation, de la survie de la cité des Askias, de l’avenir de leurs enfants.
En aucun moment, ils se sont laissés divertir par quelques belles paroles de qui que ce soit. Des patrouilles nocturnes, des réseaux puissants de renseignement pour agir et réagir à temps par rapport aux combines et autres dangers et la MINUSMA n’a pas été épargnée lors qu’elle a voulu imposer une zone tampon à Tabankort aux groupes armés loyalistes qui progressaient vers Kidal.
Ces jeunes que nous célébrons tous les jours la bravoure et le don de soit pour sa partie sans rien attendre en retour de qui ce soit, doivent nous inspirer tous face aux multiples défis, particulièrement les jeunes de Bamako qui ne se retrouvent plus dans la chose publique. Pourquoi ce désintérêt total ou cette insouciance face à la chose publique ?
Tous les jours, dans les «grins» de Bamako, de Yirimadio, en passant par Torokorobougou, Niaréla ou Sangrébougou, ce sont des débats de plusieurs heures autour du «thé» sur les faits et gestes du président IBK, de son fils Karim (président de la commission défense de l’Assemblée Nationale), comme si le monde s’arrêtait à cela. Quant-il s’agit de sortir pour dire NON ensemble à une situation à travers une marche de protestation ou un rassemblement, personne ne sort et toujours près à critiquer dans le vent.
Une chose est sûre et certaine, ces jeunes sans intérêt aujourd’hui pour la chose publique, seront sans nul doute les fonctionnaires de demain avec aucun sens de l’Etat ni de la patrie. Et dire qu’ils représentent l’avenir du pays fait peur à plus d’un titre. Mais le jour où Bamako deviendra Gao, tout cela va changer et les jeunes se réuniront comme un seul homme pour dire NON ensemble et exiger des explications quand ça ne va pas, et dire OUI ensemble pour le Mali.

Moussa KONDO,
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