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Assassinat des orpailleurs par les forces de l’ordre : L’Etat doit s’assumer pendant qu’il est encore temps
Publié le mardi 9 fevrier 2016  |  Le Prétoire
Des
© Autre presse par DR
Des orpailleurs




Sans nul doute, les sites d’orpaillage constituent une bombe sociale à retardement dans notre pays. La régulation du secteur, permettant à tous les acteurs d’y trouver leur compte, s’impose pour la préservation de la paix sociale.

Après le nord, la tension s’étend de plus en plus dans les zones aurifères de notre pays où s’affrontent de façon résiduelle les forces de l’ordre et les orpailleurs traditionnels. Le dernier cas en date a eu lieu le 29 janvier, à la mine d’or de Syama, plus précisément dans la commune rurale de Fourou, cercle de Kadiolo. Ces affrontements se sont soldés par la mort d’un orpailleur et un gendarme, selon des sources que nous avons contactées sur place. Des sources sécuritaires affirment qu’ils ont été attaqués par des orpailleurs et ils ont été obligés de faire usage de leurs armes.

Pour leur part, les orpailleurs disent avoir été contraints de réagir après avoir essuyé des tirs à balles réelles des forces de sécurité. Le pire n’a donc pu être évité. Car, des vies humaines ont été perdues de part et d’autre. Faut-il le rappeler, le même scenario s’est déroulé à la mine d’or de Foroko, village situé à quelques kilomètres de Sélingué, il y a trois ans. En effet, selon un orpailleur de la zone ayant requis l’anonymat, tout est parti de l’exploitation d’un périmètre attribué par les pouvoirs publics à une société étrangère, lesquels pouvoirs publics ont autorisé les orpailleurs traditionnels d’opérer sur le site sans pour autant se servir des machines de grande envergure. Ainsi, les éléments de la gendarmerie qui assuraient le maintien d’ordre au niveau dudit périmètre se sont érigés en de véritables propriétaires, en rançonnant les orpailleurs.

«Pour pouvoir travailler sur le site, il fallait payer dix milles francs chaque jour aux gendarmes. S’ils apprennent également que la chance a commencé à vous sourire, ils viennent vous chasser afin d’en profiter», confie notre source. Et d’ajouter que les gendarmes s’étaient substitués aux autorités communales en prélevant des taxes sur des détenteurs de tricycles, communément appelés «Katakatani».

«Ces tracasseries à la limite de l’abus d’autorité qui n’en finissaient pas ont amené la population à adopter une attitude de désobéissance à leur égard. Si tu vois qu’un orpailleur ose refuser de se plier à un ordre venant d’un porteur d’uniforme, c’est que la mesure est au comble», a précisé notre source. Tout comme l’incident de la mine d’or de Syama, des heurts entre orpailleurs et gendarmes dans le village de Foroko ont fait des morts de part et d’autre. Il faut le dire, n’eussent été la vigilance et la clairvoyance des autorités qui ont immédiatement pris l’affaire à bras le corps, un d’affrontement entre civils et militaires serait survenu. Car la population, poussée à bout, ne semblait pas vouloir se laisser faire.

Des mesures draconiennes pour éviter le pire

Sans conteste, les sites d’orpaillage constituent une bombe sociale à retardement dans notre pays .Car, la tension devient de plus en plus vive entre les forces de l’ordre et les orpailleurs traditionnels. Cette situation, à n’en pas douter, n’est guère rassurante pour l’avenir du secteur. Car, à l’heure actuelle, l’activité minière, surtout artisanale, est devenue le plus grand secteur pourvoyeur d’emplois dans notre pays. Bien de familles, surtout dans les zones rurales, ont vu leur niveau de vie s’améliorer grâce à l’activité minière. Le secteur mérite d’être préservé. Dès lors, il s’avère opportun que les pouvoirs publics s’investissent pour donner un souffle nouveau à l’activité minière dans notre pays. S’il y a une chose qui constitue le nœud des tensions sur les sites d’orpaillage, c’est le fait que les orpailleurs traditionnels se sentent menacés. Car, non seulement les sociétés d’exploitation étrangères ont envahi le terrain, mais aussi les forces de l’ordre à leur service leur pourrissent la vie.

De toute évidence, l’extraction du métal jaune ne doit pas être l’apanage des seules sociétés privées étrangères. Surtout quand on sait que les activités minières ont été d’un apport positif dans la préservation de la paix sociale pendant la période trouble de 2012 dans notre pays, qui a vu la ruée des jeunes désœuvrés des villes vers les sites d’orpaillage, à la recherche d’un bien-être social. Ainsi, Pour plus de justice, l’Etat doit s’assumer en prenant des mesures draconiennes pour assurer la préservation de la paix sociale. Et ce, à travers la régulation du secteur permettant de préserver les intérêts des orpailleurs traditionnels, mais aussi de recadrer les unités de maintien d’ordre qui auront en charge la sécurisation des sites. Il y va de la stabilité de notre pays.

Boubacar SIDIBE
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